Je charge la moto et la pousse jusqu'à la route pour prendre soin de ne réveiller personne. Puis quand je suis suffisamment loin de la ferme, je démarre mon bolide et commence à avaler les kilomètres de bitume . . . le cœur serré et lourd. Car bien que je sois sûr au fond de moi de prendre la bonne décision . . . je ne peux m'empêcher de penser à elle, ses yeux bleus, son sourire, le goût de ses baisers, les sensations que je ressens quand elle pose ses mains sur moi . . . Merde, Daryl arrête tes conneries, Shane a raison, elle ne m'aimera jamais vraiment . . . Je reprends mes esprits et me concentre sur la route.
Il doit faire jour depuis un petit moment car les rayons du soleil chauffe la toile de la tente laissant une douce chaleur m'envelopper. Je souris en m'étirant sur son duvet. En posant ma main à côté, je me rends compte que Daryl est déjà levé. Le connaissant, il est sûrement parti chasser.
J'ouvre difficilement mes yeux encore sensibles d'avoir tant pleurés la veille mais heureuse de la soirée d'hier. Mais rien, . . . non rien n'allait me préparer à la douleur que je ressentirais en les ouvrant complètement.
Mon cerveau met quelques secondes à analyser les images que lui envoient mes yeux. Ce sont les images d'une tente . . . vide . . . toutes ses affaires . . . avaient disparu. Mon cœur se met à marteler si fort que je l'entends raisonner dans tout mon corps. Non, il n'avait pas fait cela, . . . ce n'était pas possible. Je n'avais pas besoin de sortir pour savoir que sa moto, elle aussi, n'était plus là.
Je me lève tel un automate, un trou béant à la place du cœur et sort de la tente. Je marche lentement en direction du reste du campement quand je croise Carol, qui comprend rien qu'en me regardant que quelque chose ne va pas.
_ Hanna, qu'y a – t – il ? Demande – t – elle en s'avançant prudemment vers moi.
_ Daryl, . . . il . . . il est parti, dis – je d'une voix blanche. Chaque mot que je prononçais me déchirer la gorge telle des lames de rasoir. Ma phrase terminée, je m'effondre engloutie une fois encore par les ténèbres.
_ Hanna, . . . Hanna . . .
J'entends mon prénom, mais la douleur dans mon cœur est insoutenable et la froideur des ténèbres qui m'accueille à bras ouvert est engourdissante et accueillante.
Je roule sans réel but, juste celui de m'éloigner d'elle pour ne pas souffrir . . . mais je ne peux pas vraiment dire que ça marche. Une douleur sourde s'insinue en moi à mesure que j'avance ou que je m'éloigne, je ne sais plus vraiment. Lors d'un ravitaillement vers le nord, quelques temps plus tôt, j'avais repéré une maison abandonnée. Enfin, un taudis comme celui dans lequel j'avais grandi. Il est enfoncé dans la forêt de quelques centaines de mètres. Sans m'en rendre compte, c'est la direction que j'avais prise.
J'emprunte le petit chemin de terre qui s'enfonce dans les bois jusqu'à atteindre cette foutue cabane. Je gare la moto sur l'arrière et la recouvre de branchages. Une fois à l'intérieur, je souffle en me disant que je ne serai pas dépaysé. C'est un peu comme si rien n'avait eu lieu . . . retour à la case départ, me dis – je en trouvant la réserve de gnôle fabrication maison sous l'appentis à côté de la cabane. Retour à mes vieux démons, pensais – je aussi en prenant une caisse d'alcool avant de rentrer. Si l'alcool ne solutionne pas les problèmes, il atténue la douleur que je ressens . . . au moins pour un temps.
Quand j'ouvre les yeux, je constate que je suis de retour dans ma chambre dans la maison d'Hershel. Ma mère s'est endormie en me tenant la main.
_ Maman, murmurais – je, il . . . il est revenu, furent mes premiers mots.
À l'expression de son visage, je comprends sans un mot que la réponse est non. La douleur revient alors en plein en cœur. Je ne peux retenir un gémissement de désespoir en roulant sur le côté pour me mettre en position fœtale.
_ Hanna, ma puce . . . regarde moi, s'il te plaît, Hanna . . . il faut que tu parles, . . . que tu manges, essaie ma mère complètement désemparée.
Je refuse de parler, de manger, de me lever de ce lit. À quoi bon. Je reste rouler en boule sur moi – même attendant que le temps passe.
_ Je vais chercher Hershel, m'informe – t – elle.
Il arrive quelques minutes plus tard. Puis il prend le temps de m'ausculter avec une infinie douceur. Hershel n'essaie pas de me faire parler mais me parle de lui et de la mère de Maggie, sa première femme. Je crois qu'il veut que j'y vois un lien avec ma vie, m'expliquant que la fin avait été heureuse. Mais je suis incapable de répondre, ou d'essayer de comprendre, . . . la douleur est si forte qu'elle embrouille mon cerveau.
Le pire dans tout cela est que j'avais fait un choix. Je l'avais choisi . . . lui . . . mais lui ne n'avait pas choisie. Être rejetée par Daryl est pour moi la pire chose que je peux vivre.
_ Combien de temps ai – je dormi, finis – je par demander.
_ Trois heures, me répond – t – il simplement avant de sortir.
J'entends ma mère pleurer. Carol s'énerver contre Daryl, ce qui n'arrive jamais d'habitude. Shane se fait calmer par mon père. Tient c'est la première fois que je parle de Rick comme de mon père.
Je me cache sous les couvertures attendant que le temps passe. Et le temps passe . . . le temps passe . . . trois semaines passent. Au final, je suis restée trois semaines complètes, prostrée dans mon lit muette. Je ne sais pas ce qui est différent aujourd'hui mais j'ai besoin de bouger, de sortir de ma léthargie. Le déclic, c'est peut être d'avoir compris, si ce n'est accepté qu'il ne reviendrait pas. Que je devrais continuer sans lui, c'était fini avant d'avoir vraiment commencé.
Je repousse les draps, me lève et me dirige vers la salle de bain. Je prends une douche, la première depuis un long moment. Je m'habille et descends rejoindre les autres.
À ma vue, toutes les discussions cessent et ils se retournent tous vers moi.
_ Bonjour, dis – je d'une voix que je ne reconnaissais pas .
_ Bonjour, me répondent – ils prudemment.
_ Viens ma belle, je vais te préparer une assiette, me dit Carol toujours aussi mère poule. Je lui esquisse un petit sourire de gratitude et prends l'assiette qu'elle me tend.
Je m'assois à côté de ma mère et la gratifie d'un petit sourire. Elle me serre la main me souriant à son tour, une larme perlant au coin de son œil. Je dévore mon assiette avec plus d'appétit que je n'aurais cru.
_ Bon, je vais relever Shane pour le tour de garde, annonce Rick en se levant.
_ Je t'accompagne, si cela ne te dérange pas, dis – je simplement.
_ Avec plaisir . . . mais prends ton couteau, me dit – il avec sérieux.
_ OK, dis – je en baissant les yeux. Je vais le chercher.
Au moment où je le saisis, mon corps se recouvre de frissons au souvenir du jour où il me l'avait offert. Les larmes remplissent mes yeux mais . . . je refuse de verser une larme de plus pour un homme qui ne m'aime pas. Alors je serre les poings et regarde ce couteau . . . qui n'est plus qu'un simple couteau, une arme pour me défendre. Je souffle, l'accroche à ma ceinture et descends rejoindre mon père.
_ C'est bon, je suis prête.
_ Allons – y.
Je le suis alors que nous nous dirigeons vers l'extrémité nord de la ferme. Nous marchons en silence mais un silence complice. Quand Shane me voit, son visage triste s'illumine de son sourire craquant. Je suis contente qu'il aille bien, mais cela s'arrête là. Il n'y a rien d'autre. Avec ce qui c'était passé avec Daryl, je n'avais tout simplement plus de cœur et cela allait faciliter ma vie.
_ Ça va Hanna ? Me demande – t – il.
_ Oui, merci, . . . Shane, . . . il faudra que l'on discute toi et moi, lui répondis – je un peu anxieuse de sa réaction.
_ C'est pas la peine, je suis pas idiot. Mais si tu as besoin d'un ami, tu peux compter sur moi, me répond – t – il en frottant la nuque.
Je suis stupéfaite mais agréablement surprise de sa réaction. Je le remercie puis il se tourne vers mon père pour lui faire le bilan de la nuit avant de se diriger calmement vers la ferme. C'est étonnant, dans ma tête, je n'avais aucun mal à envisager Rick comme mon père.
VOUS LISEZ
The Walking Dead Hanna Carver
FanficHanna étudiante en virologie vit avec sa mère, Eva qui travaille au CDC d 'Atlanta quand une mystérieuse épidémie frappe la ville. Comment s'en sortir ? A qui faire confiance dans un monde devenu fou et où toutes les règles sont abolies. Et c'est en...