Chapitre 23

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Nous commençons notre ronde dans le silence puis la discussion s'entame naturellement. On parle de tout et de rien à la fois mais cela fait du bien. Rick est prévenant et m'écoute. Nos échanges sont interrompus par quelques rôdeurs. À ma grande surprise, je me débrouille plutôt bien pour ne pas dire comme une vraie tueuse.

C'est vrai que lorsque l'on met les émotions à la porte de son cœur et de son âme, on est beaucoup plus léger dans les combats. Et le résultat est comme dire . . . surprenant.

Le temps passe, . . . encore des jours sans lui et sans nouvelles . . . mais une chance pour moi, le temps m'aide énormément . . . à l'oublier, même si c'est la chose la plus difficile à faire dans ma vie.

À la ferme, les rituels s'installent. Je trouve ma place dans le groupe mais je change . . . je change en bien pour ce monde. Je m'adapte à lui, à sa cruauté. Mon père et moi, nous nous rapprochons, il m'arrive même de l'appeler papa. Ce qui semble lui faire plaisir, je dois dire.

Lori se fait à cette situation et en a discuté avec Carl, leur fils. Et Carl, comme tout enfant de son âge a accepté cela avec bienveillance. Pour lui, tout est simple, je suis sa grande sœur et le reste n'a pas d'importance.

Depuis que j'ai quitté le groupe, je ne suis que l'ombre de moi – même, cédant à mes vieux démons. Je passe le plus clair de mon temps à picoler. Boire pour oublier, . . . l'oublier. Ses yeux bleus lumineux, le son cristallin de son rire, la douceur de ses lèvres, la chaleur de son corps, . . .

Même complètement bourré, tous ces putains de détails sont encore trop réels dans ma tête. J'essaie de ne pas y penser, mais impossible, elle s'est immiscée sous ma peau. La boisson m'aide juste à oublier que j'ai mal, . . . mal à en crever. Je ne sors de la cabane que pour pisser et chasser. De temps en temps, je m'aventure jusqu'à la ferme, juste pour voir si tout va bien . . . et pour l'instant c'est le cas.

Alors que je suis dans la cuisine avec Maggie, nous entendons des cris déchirants à l'extérieur, sur le devant de la ferme. Je lève les yeux vers Maggie dont le regard se regard se remplit de terreur car Glenn est de garde ce soir, il aide Hershel au vellage un peu compliqué d'une des vaches.

Sans réfléchir davantage, je dis à Maggie de rester dans la maison avec Carl, Beth, Lori et ma mère et de tout préparer pour l'évacuation. Je prends une arme en plus de mon couteau et me dirige vers la fenêtre qui donne sur la cour devant la maison. Je soulève doucement le rideau pour voir ce qu'il se passe dehors. Ce que nous redoutions le plus est en train de se dérouler juste devant nos yeux . . . Et mon père nous avait préparé à cette éventualité . . .

Je me retourne vers Maggie et l'informe de la situation. Cette dernière comprend l'urgence et la gravité de ce qui se passe dehors.

_ Occupe toi d'eux, je vais les aider, dis – je simplement.

Maggie acquiesce encore sous le choc mais elle rassemble déjà les sacs pour rejoindre les voitures.

Une fois à l'extérieur, c'est encore plus terrifiant qu'on peut se l'imaginer. Des dizaines de cadavres ambulants désarticulés avancent de leur démarche déguingandée. Ils avancent inexorablement vers la ferme, . . . notre ferme, . . . notre foyer. Ce qui frappent le plus, c'est le bruit de leur grognement et de leur claquement de dents.

Quand j'arrive en bas des marches, je constate qu'il est malheureusement trop tard pour Dale, Andréa et Patricia. Je me dirige vers eux pour mettre fin à leur supplice mais Shane et mon père arrivent avant moi sur eux.

_ Comment vont les autres ? Me demande mon père avec une lueur d'inquiétude dans le regard.

_ Lori, Carl, Maggie, Beth et maman chargent les sacs et évacuent la ferme vers le point de ralliement, répondis – je calmement.

Il souffle soulagé et reprend contrarié.

_ Pourquoi n'es – tu pas avec elles ?

_ Sophia et Carol sont dans le poulailler, répondis – je simplement sans plus d'émotion en tournant les talons en direction de ce dernier pour aller chercher les filles. Occupez – vous de Glenn et Hershel, ils sont dans le pré ouest.

Mon père et Shane se dirigent vers le pré indiqué pendant que j'avance vers le poulailler en achevant méthodiquement tous les rôdeurs qui se trouvent sur mon passage.

Quand Carol me voit entrer, elle pousse un soupir de soulagement en tenant fermement la petite Sophia contre elle, complètement apeurée.

_ Faut faire vite, dis – je à Carol, j'ouvre la route jusqu'au pick – up. Vous me lâchez pas OK. Puis je me mets à la hauteur de Sophia. Écoute ma belle, dehors il y a plein de rôdeurs mais je vais vous protéger, toi et ta maman. Sophia acquiesce timidement. Je te demande une seule chose ma puce, tu ne lâches pas la main de ta maman, d'accord.

_ D'accord, me répond – t – elle avant de me serrer dans ses frêles bras puis de retourner vers sa mère.

_ Ne la lâche pas, sous aucun prétexte, dis – je en me retournant vers Carol. C'est parti.

Dehors la situation s'est encore aggravée en quelques minutes seulement. J'ai l'impression que leur nombre ne cesse d'augmenter. Je me concentre pour tuer ces cadavres ambulants. Carol me suit comme une ombre. Le trajet jusqu'au véhicule est loin d'être facile mais nous progressons bien. Shane essaie de nous rejoindre avec la voiture quand j'entends Carol hurler dans mon dos.

Je fais volte face et la voit tirer sur Sophia qui se retrouve aux prises de deux de ces charognes. Et comme un problème n'arrive jamais seul mon chargeur est vide. Je me déleste de mon arme et sors mon couteau que j'arrive à planter sans difficulté dans le premier rôdeur. Mais le deuxième me donne beaucoup plus de mal car ce gaillard fait facilement près de deux mètres et il n'arrête pas de bouger. Je n'arrive pas atteindre sa tête sans risquer de blesser Sophia.

Shane arrive à notre niveau, je hurle à Carol de monter dans la voiture. Puis j'arrive à libérer Sophia en prenant sa place. Alors que je me débats avec ce rôdeur, je hurle à Carol et Shane de partir.

_ Partez !

_ Non, hurle Shane, pas sans toi Hanna.

Alors que d'autres rôdeurs arrivent sur moi, j'ai la force de lui hurler.

_ Sauve Sophia ! Sauve les !

Ce sont les derniers mots que j'arrive à prononcer avant de tomber au sol. Je réussis à tuer deux rôdeurs, les plus proches de moi, dont le géant. Je me retrouve complètement recouverte de leur sang et de leurs viscères. L'odeur est insoutenable mais heureusement pour moi, elle détourne les rôdeurs de moi. Je ne sais pas vraiment combien de temps je reste sous ses charognes attendant que le gros de la horde passe son chemin. Je regarde la grange partir en flammes. Le plus important est que Carol et Sophia soient en sécurité avec les autres. Puis l'image de ma mère et de mon père s'impriment dans mon esprit, et avec elle, leur tristesse. Je ne veux pas penser à Carl, car c'est beaucoup trop douloureux.

Voyant au loin de la fumée venant de la direction de la ferme, je dessoûle immédiatement et monte sur ma moto, sac et arbalète sur le dos. Je roule à tombeau ouvert jusqu'à elle. Tout le long du trajet, je prie pour que la fumée vienne d'ailleurs. Il faut qu'elle soit en sécurité, . . . si je suis parti c'est pour qu'elle aille bien.

À l'approche de la ferme, mon sang se glace dans mes veines, . . . tout est ravagé . . . rempli de rôdeurs. La seule chose qui me redonne un peu d'espoir, c'est que toutes les voitures ne sont plus là . . . ils sont partis à temps.

Rick nous avait parlé d'un point de ralliement près de l'entrée de l'autoroute. Je me suis suffisamment éloigné d'elle pour me rendre compte que cela ne sert à rien . . . car ne pas savoir ce qui lui arrive est pire, . . . bien pire, . . . que de la voir en vie et en sécurité . . . même si elle est dans les bras d'un autre. Je fais alors demi tour et fonce vers le point de ralliement, le cœur battant à tout rompre à la simple idée . . . de la revoir . . .

The Walking Dead Hanna CarverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant