Chapitre 6

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Nous roulons depuis presque une heure quand le convoi s'arrête. Daryl et moi n'avons échangé aucun mot depuis que nous avions quitté le CDC. Il s'arrête derrière le camping – car. Sans une parole, j'attrape mon sac et m'apprête à descendre.

_ Qu'est – ce que tu fous ? Me demande – t – il de façon abrupte en posant une main sur mon bras. Quand je croise son regard, je lis autre chose mais là encore je suis incapable de définir cette émotion dans ses yeux.

_ Je vais rejoindre ma mère dans la voiture de Rick, dis – je en baissant les yeux. Son regard est si perçant que j'ai parfois du mal à le soutenir.

Cet homme avait tendance à me donner l'impression d'être une gamine empotée. Et je détestais cela même si quelque part au fond de moi, il m'intriguait . . . et je ne savais pas pourquoi.

_ Pourquoi ? Me questionne – t – il comme si je devais me justifier auprès de lui de mes choix ou comme si cela lui importait. Je navigue entre ces deux options aussi incompréhensible l'une que l'autre.

J'appuie ma tête sur le siège et regarde le plafond de la voiture avant de prendre une grande inspiration et de lui répondre avec une légère nuance de sarcasme.

_ Comment dire cela sans te heurter. Et bien, j'ai la désagréable impression que tout t'horripile chez moi, et . . . ma mère . . . est . . . ma seule famille, terminais – je fatiguée.

_ Reste avec moi, dit – il en plongeant ses magnifiques yeux bleus dans les miens.

C'est vrai qu'ils sont beaux, je pourrais m'y noyer sans aucun problème mais là je m'égare. Daryl continue de me sonder et j'ai la sensation que l'habitacle de la voiture se vide de tout son oxygène pendant qu'une douce chaleur se répand en moi. Mais merde, qu'est – ce qui va pas chez moi. Ce mec est un véritable ascenseur émotionnel, en l'espace de deux secondes, j'ai l'impression de passer de quelque chose d'insignifiant à la chose la plus précieuse à ses yeux. Je fais alors appel à toute ma raison et finis par déglutir en articulant péniblement.

_ Pourquoi devrais – je rester avec toi ? Soufflais – je en gardant mes yeux rivés aux siens, refusant de baisser mon regard encore une fois devant lui.

_ Y a plus d'place dans la voiture de Rick et dans l'camping – car y a Shane, me répond – t – il comme s'il se contentait d'énoncer de simples évidences.

Faire la route avec les autres ne me dérange pas plus que cela. Mais l'idée d'être dans un endroit confiné avec Shane me fait frissonner d'effrois, pourtant je devrais vivre avec lui à l'avenir. Comme s'il lisait dans mes pensées, Daryl reprend la parole.

_ T'inquiètes pas, je le laisserais pas t'faire de mal, me réconforte – t – il avec une douceur qui lui va bien.

J'ai envie de lui demander pourquoi il change si souvent d'attitude à mon égard mais je suis interrompue par quelqu'un qui frappe contre la vitre de ma portière. Je me retourne pour faire face à cet interlocuteur quand un cri d'effroi se bloque dans ma gorge.

Sans réfléchir, je me jette en arrière pour m'éloigner de cette vision d'horreur. Daryl passe un bras devant mon buste et colle mon dos contre son torse. Cette sensation est agréable mais la terreur m'empêche de profiter de cet instant. Puis il pose son menton sur mon épaule pour pouvoir chuchoter au creux de mon oreille sans quitter des yeux l'invité surprise. Même si la présence de Daryl est rassurante et que je me sens en sécurité dans ses bras, j'ai du mal à retrouver une respiration normale. Il serre un peu plus contre lui et ma respiration calme difficilement.

_ Calme toi Hanna, respire calmement, . . . il peut rien t'faire . . . j'vais m'en occuper, me dit – il calmement en me gardant contre lui.

Sans réfléchir je retiens son bras contre moi et lui murmure plus angoissée que je ne l'aurais cru.

_ S'il te plaît Daryl, ne me laisse pas, . . . je suis morte de trouille là.

_ Reste à l'intérieur, y peut rien t'arriver. J'peux pas le laisser, y va en ram'ner d'autres. Bouge pas d'là tout ira bien, m'explique – t – il toujours aussi rassurant.

Puis avec lenteur et douceur, il se dégage de mon étreinte et sort de la voiture avec son couteau et son arbalète. Pendant tout ce temps qui semble durer une éternité, mes yeux restent rivés sur cette chose qui autrefois avait été un être humain. Un être de chair, de sang, doté de raison, de sentiments et du libre arbitre . . . et là cet individu était devenu cette chose à cause d'un simple virus. Elle était morte et revenue sous la forme d'un corps en putréfaction, à moitié rongé par ses congénères. Une coquille vide de sens n'ayant plus qu'un seul but, manger tout ceux qui était encore vivant.

Mon supplice et le sien se terminent quand son corps s'effondre définitivement au pied de ma portière, le crâne transpercé d'une flèche. Je garde ma main sur ma bouche et regarde Daryl récupérer son carreau.

Soudain, un bruit sourd comme un grondement me fait regarder derrière moi. Je me retourne et vois plusieurs dizaines de ces choses converger nous. Je tape doucement contre la vitre pour attirer l'attention de Daryl et lui montrer ce qui arrive droit sur nous. Ses yeux s'écarquillent devant le nombre. Il regagne l'habitacle de la voiture avec la vitesse et l'agilité d'un félin.

Il redémarre rapidement la voiture et il prévient les autres de ce qui arrive derrière nous. Tout le convoi se remet alors en route. Daryl, Dale et Rick se mettent d'accord sur la marche à suivre ainsi que la direction à prendre via les talkies.

Pendant qu'il s'occupait de ce rôdeur, c'est le nom qu'ils leur donnent, Dale étudiait la carte pour trouver un point de chute. Nous prenons la direction du sud. Je suis leur conversation d'une oreille distraite quand Daryl me tend le talkie.

_ Ta mère, me dit – il lapidaire.

_ Maman, ça va ? Demandais – je plus inquiète que je ne l'aurais cru.

_ Oui . . . oui, . . . mais toi ? J'ai vu ce rôdeur s'approcher de la voiture et . . . , je l'entends sangloter alors que Rick essaie de la réconforter. Je note qu'ils tutoient et s'appellent par leur prénom, ce qui m'étonne quand on sait à quel point elle a du mal à faire confiance même pour des gestes aussi simples. Elle met toujours de la distance.

_ Maman, je vais bien, Daryl m'a protégée une fois de plus, dis – je en riant pour détendre l'atmosphère, . . . il va falloir que l'on apprenne à se défendre, terminais – je.

Je redonne le talkie à Daryl qui le fixe dans le pare – soleil. Quelques minutes plus tard, Daryl rompt le silence à son tour.

_ T'as raison, commence – t -il simplement.

_ De quoi ? Ayant perdu le fil de mes pensées.

_ Apprendre à de t'défendre, . . . c'est nécessaire.

_ Tu . . . tu pourrais . . . m'apprendre, demandais – je hésitante.

Pas de réponse. Je tourne mon visage vers le sien et vois à son profil qu'il a à nouveau changer d'humeur. Il est redevenu froid et distant. Je ne cherche pas à savoir ce que j'ai fait de mal une fois de plus pour le mettre dans cet état. Je retourne donc à la contemplation du paysage jusqu'à ce que le convoi s'arrête devant une maison isolée avec une énorme grange.

The Walking Dead Hanna CarverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant