Chapitre 19

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Cela fait environ vingt minutes que nous roulons en direction de Senoïa. La bourgade où on se rend est située vingt kilomètres plus au sud. Il y a un centre commercial sur lequel nous comptons pour récupérer du matériel et des provisions.

Nous suivons Daryl qui nous ouvre la route en moto. J'ose un regard vers Shane. Il est on ne peut plus tendu. Si ses yeux pouvaient tuer, Daryl serait mort depuis qu'il s'est engagé dans l'allée de la ferme.

Si ils sont dans cet état tous les deux pendant le ravitaillement, on risque de courir à la catastrophe. Je déteste cette idée mais je vais devoir m'interposer entre deux hommes que je considère comme des frères maintenant. Tout cela à cause de la jalousie maladive de Shane.

D'ailleurs cet instinct de propriété vis à vis de Hanna devient de plus en plus inquiétant à mon avis. Mais que pouvais – je vraiment faire, c'est leur vie et Hanna est une adulte. Je doute qu'elle m'écoute concernant ses relations de couple sachant comment cela s'est passé entre sa mère et moi. D'ailleurs, elle ne le sait toujours pas.

Tout le monde reste silencieux pendant la fin du trajet. Le centre commercial que nous visons est normalement situé au nord de la ville donc nous devrions l'atteindre avant de vraiment rentrer dans la ville. Le voyant enfin, je fais des appels de phares à Daryl pour qu'il se gare.

Une fois les véhicules dissimulés, nous prenons les sacs à remplir et les jerrycans, avant de nous diriger vers le centre. Shane et Glenn feront équipe ensemble et moi je resterais avec Daryl. Vue la jalousie de Shane, je préfère être proche de Daryl.

Arrivée devant les grilles métalliques du centre, tous nos espoirs partent en fumée. Le centre est littéralement rempli de rôdeurs.

_ Merde, dit Glenn, je ne sais pas pour vous mais moi je ne rentre pas là dedans, termine – t – il en se reculant de quelques pas.

_ Ouais, se s'rait du suicide, abonde Daryl.

_ Ils ont du transformé le centre commercial en centre de soin, se disant que les grilles en métal les protégeraient, poursuit Shane. Bon on fait quoi maintenant, demande mon ami en s'asseyant sur le muret devant l'entrée.

_ On pourrait siphonner les voitures sur le parking pour l'essence, propose Glenn.

_ C'est une bonne idée Glenn, approuvais – je. Bon, dis – je après quelques secondes de réflexions, Glenn tu t'occupes des bidons et tu avances le pick – up et nous les gars, on se le fait à l'ancienne, on visite le lotissement derrière le centre, terminais – je en tendant mes bidons à Glenn.

_ C'est parti, dit Daryl en se dirigeant déjà vers les maisons.

_ Ouais, répond Shane, allons vider des maisons, termine – t – il en se levant et en plaçant son fusil sur son épaule.

_ C'est parti, dis – je à mon tour, chacun une maison et on prend tout ce qui peut être utile, on fait pas les difficiles.

Pendant que Glenn ramène le pick – up et remplit les bidons, nous rentrons tous les trois dans une maison différente.

Nous avons une certaine habitude dans le fait de fouiller les maisons, car avant la ferme c'était notre façon de nous nourrir et de trouver ce dont nous avions besoin. Les magasins étant pour la plupart tous pillés. Notre technique est rodée, on frappe le carreau ce qui les attire, on les tue et on entre ensuite prenant ce qui nous est utile.

Je fais deux maisons sans encombre, enfin c'est vite dit. Je me suis fait surprendre par un rôdeur coupé en deux. Je suis tombé sur lui. J'ai réussi à m'en sortir entier mais recouvert de sang putride et de morceaux de cervelles.

Quand je me relève, j'entends un sacré remue ménage dans la maison voisine. Des bruits de vaisselle cassée, de meubles que l'on renverse, des cris.

Merde, pensais – je, j'étais presque sûr que le lotissement était désert. Je me dirige sans bruit vers la maison en question et entre sans bruit.

Je suis en train de fouiller la pharmacie mais je ne suis pas du tout à ce que je fais. Je pense qu'à elle. J'ai vraiment hâte de terminer cette mission et de rentrer. Je lui dirai que je suis pas son père . . . et . . . je partirai . . . ce sera mieux pour elle . . . pour moi . . . pour tout le monde en fait.

J'entends un bruit derrière moi mais je n'ai pas le temps de réagir que mon visage heurte violemment le miroir situé devant moi. Pas le temps de reprendre mon souffle que je reçois un violent coup de poing dans le bas du dos. Je grimace sous l'effet de la douleur mais j'arrive à éviter de justesse le coup suivant.

Je grogne quand je me rends compte que mon agresseur est Shane. Ma haine et ma rage décuple ma force et je lui envoie un bon crochet suivi d'un uppercut en plein visage. Shane sonné recule alors de quelques pas pour reprendre son souffle.

_ Putain, Shane, qu'est – ce qui va pas chez toi, bordel, beuglais – je hors de moi.

_ J'ai vu comment tu la regardes Daryl, dit – il sur le ton de la menace hors de lui en faisant le tour de la table.

_ Et alors Shane, . . .

_ Hanna est à moi, . . . c'est MA FEMME, hurle – t – il fou de rage.

_ C'est une femme Shane pas ta chose, hurlais – je en retour.

Et là, il s'arrête et me regarde en souriant. Son sourire devient un rire grinçant insupportable. Puis il reprend calmement sur un ton dédaigneux.

_ Parce que tu crois franchement qu'une belle et douce femme comme Hanna. Une femme cultivée va s'intéresser à un cul terreux sans la moindre éducation dans ton genre.

Cette simple phrase fait ressortir toutes mes craintes les plus profondes. Toute ma vie, on m'avait regardé comme un minable, un moins que rien, . . . mais pas elle . . . pas Hanna . . . elle, elle voulait me connaître . . . où peut être avais – je rêvé tout cela . . .

Après tout Hanna est en couple avec lui, elle ne serait jamais avec moi. À cette conclusion, je ne suis plus que colère, la rage a remplacé le sang qui coule dans mes veines. Tel un fauve, je me jette sur lui et le roue de coups . . . Je suis stoppé par Rick qui se jette sur moi pour me ceinturer.

_ Bon dieu Daryl, tu veux le tuer ou quoi, me crie – t – il dessus en m'écartant de Shane.

_ C'est une possibilité, répondis – je d'une voix rauque à cause de la haine qui me consume tout en faisant les cents pas.

_ Ça va Shane, tu peux te lever ? Demande Rick à son ami en s'agenouillant pour l'aider à se relever.

Une fois debout, Rick me regarde et me dit d'un ton froid.

_ Il faudra que l'on en reparle à la ferme, Daryl.

Exaspéré , j'envoie un coup de pied dans une lampe au sol et sort en récupérant mes sacs avant de me diriger vers le pick – up pour les déposer sur le plateau.

_ Merde Daryl, ça va qu'est – ce qui t'es arrivé ? Me demande Glenn inquiet.

_ Ça va, grognais – je.

_ Non, Daryl . . . ton arcade est ouverte . . . et bien je dirais.

_ T'inquiète ça va, dis – je en essuyant mon arcade avec mon chiffon. J'vous attends à ma moto, dis – je en poursuivant mon chemin.

Alors que je les attends tout s'éclaire dans ma tête. En rentrant, je parle à Hanna et je quitte le groupe . . . ce soir . . . sans rien dire.

The Walking Dead Hanna CarverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant