Prologue I

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La balise dans le ciel

Installée sur un tabouret du bar, je relisais mes écrits de la journée. Parfois, je corrigeais une faute, reformulais un détail ou précisais un croquis entre deux choppes d'alcool qui avaient pour but de me faire oublier le perpétuel brouhaha de la guilde. Le bruit est agréable mais le vacarme ne l'était pas tant que cela, après tout. En particulier lorsqu'ils faisaient tanguer ma table dans leur chahut et qu'une tâche imprégnait ma signature ; "Sasha Aggran".

Comme tous les soirs, les hommes buvaient gaiement dans la pièce chaleureusement éclairée par un florilège de lampes à pétrole paradant sur les murs.

Certains contaient leurs exploits de la journée, comme quoi ils auraient vaincu à eux-seuls un monstre "gros comme ça", accompagnant le geste à la parole en mimant la taille colossale de la bête en question. D'autres, au contraire, jouaient sur la corde sensible de leurs camarades et racontaient avec émotion leur douloureuse séparation avec une princesse étrangère et les idylles interdites qu'ils partageaient avec une femme d'une autre contrée, déjà mariée.

Les bottes frappaient dans les barriques d'alcool et dansaient sur les tables submergées de vivres en tous genres. Les applaudissements ponctuaient en chœur les rires et les exclamations des aventuriers revenus de leurs quêtes. Même l'orage grondant dans le ciel ne pouvait couvrir le bruit de la fête.

Non, ils ne célébraient rien en particulier. C'était juste la manière dont ils décompressaient. Tout travail apporte son lot d'angoisse de fait, se détendre au détours d'un verre était tout à fait normal, surtout dans une guilde où une taverne fait office d'entrée.

La fête battait toujours son plein et les fêtards buvaient à tout leur soûl quand soudain, un homme entra précipitamment et se mêla à la cohue pour se faire entendre de tous. Essoufflé et trempé de la tête aux pieds, il dut s'appuyer sur l'épaule d'un grand gaillard ivre mort pour reprendre sa respiration et nous éclairer sur la raison de sa venue.

— La diligence en provenance de Ladsen a été attaqué, héla ce dernier, pris de panique.

A ses mots, la confusion s'empara des quelques uns encore novices dans la maison tandis que d'autres attendaient avec calme davantage de détails concernant cette affaire, gage d'expérience.

— Que s'est-il passé ?, s'enquit un homme qui buvait sa boisson, l'air tranquille.

— Une balise rouge a été aperçue depuis la tour de guet. Mes collègues ont même repéré une horde de gobelins plus loin, nous pensons que ce sont les coupables. Aussi, il semblerait qu'un incendie se soit déclaré au même endroit, probablement face à l'assaut de ces créatures.

L'homme qui se tenait à ma droite, probablement le seul encore sobre à cette heure, remonta machinalement ses lunettes sur son nez avant de s'intéresser aux propos de l'homme, loin d'être inquiet.

— Que reste-t-il, l'interrogea-t-il.

Le garde sembla hésiter quelques instants, fuyant le regard perçant de mon collègue avant de reprendre contenance.

— La balise noire n'a pas été envoyée mais... le temps n'aide pas vraiment alors... peut être que nous ne l'avons pas vu. A l'heure qu'il est, il reste probablement quelques vivres et... peut être des survivants, du moins je l'espère. Rien n'est moins sûr....

 — Envoie des hommes la chercher. L'équipe de Lash ne devrait pas être bien loin, ordonna l'homme qui se tenait en retrait derrière nous, le ton rauque sous l'effet de l'alcool.

Le guet, venu nous apprendre l'attaque, nous salua brièvement avant de partir exécuter l'ordre qui lui avait été confié par le Maître de cette guilde.

Il laissa un climat de trouble régner dans l'air. Si les vivres n'étaient pas très importants ce n'était pas tout, cette fois la diligence ramenait avec elle des civils qui voyageaient depuis Ladsen jusqu'ici et des éclaireurs devaient garantir leur sécurité. Il  y avait aussi des marchandises dont la prochaine livraison n'aurait lieu que dans plusieurs mois...

La sécurité de ce convoi impliquait donc l'économie de notre ville, reposant uniquement sur sa guilde, son marché et sa bibliothèque. Elle menaçait aussi nos relations avec Ladsen car s'il arrivait quelque chose à leurs citoyens sur nos terres, il en vaudrait de notre responsabilité.

Quelle tuile, soupirai-je avant de ramener mon travail à mon bureau.

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Tout d'abord, merci à toi, lecteur ! J'espère sincèrement que mon histoire va te plaire et t'invite donc à poursuivre ta lecture et à t'exprimer ( si tu en as envie ) avec un vote, un commentaire ou autre ! Par ailleurs, je corrige petit à petit l'histoire, notamment la présentation des dialogues alors, attendez-vous à ce que cela soit toujours mieux ! J'ai déjà corrigé toutes les parties jusqu'au premier interlude. ; )

Ainsi que merci à @LesCrisVains qui corrige mes très nombreuses fautes ! ; p

Et @Milledya pour ma magnifique cover ! ; p

Merci à toi et j'espère que tu vas aimer l'histoire et continuer de la lire ! ; p


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