Chapitre XIX

58 9 18
                                    

Les larmes constellent dans tes yeux

- " Et bah... Si tu m'avais dit il y a quelques temps que tu irais castagner du monstre, je ne t'aurais pas cru. D'ailleurs, je ne te crois toujours pas. Qui, diable, a-t-il pris possession du corps de cette petite sainte ni touche de Diane ?!" s'interrogea Gladys.

Je lui avais demandé de venir me voir pour mon départ, le jour même. Depuis, cette folle furieuse s'évertuait à m'observer sous toutes les coutures, pensant qu'un esprit malin s'était emparé de mon corps à mon insu. A l'instant, cette dernière m'étirait les joues pour vérifier si je n'avais rien dans le gosier.

Je ne pouvais pas la blâmer. Malgré l'absurdité de la chose, je devais bien avouer que je ne me suis jamais montré très aventureuse, autrefois, c'était toujours elle qui m'entraînait dans des coins peu éclairés, des endroits soit disant interdits aux enfants comme les cuisines ou encore à l'orée de la propriété. Et encore, je fondais en larmes dès que je ne voyais plus la fenêtre du bureau de Père. Fut un temps où il me rassurait.

- " Je te le répète, c'est bien moi, Diane. Tu veux des preuves ?"

- " Oui ! L'âge auquel je suis tombée pour la première fois amoureuse ! Seule Diane peut savoir ça !"

- " ... Sept ans, du jardinier qui t'avais ramassé après que tu te sois étalée au sol."

Prise de court, elle pesta avant de me sourire. Je crois qu'elle aussi a compris ;  nous ne reverrons pas avant un bon moment. Je me sentais mal à l'aise, après tout je lui ai avoué m'être servie d'elle et lui avoir menti, alors qu'elle me racontait tout, jusqu'à son coup de foudre pour un de ses employés...

Après ça, nous sommes restées des heures à discuter pendant que je terminais de préparer mes affaires. Avec elle, le sujet est passé d'une simple paire d'escarpins qu'elle jugeait inutile dans les plaines terreuses de Rosran à son mari trop accroché aux protocoles et à la bienséance. 

D'ailleurs, elle m'a même annoncé son divorce tant ils ne se supportaient plus. D'ordinaire cela est impossible mais, avec tous les écarts produits dans cette ville en ce moment, ce genre de désaccord restait bien le cadet des soucis du tribunal de la Balance, trop occupé à camoufler les actes de la Matriarche.

Gladys Svengardell, elle compte aussi rejoindre une guilde. J'ignore trop si c'est une bonne chose ou non mais, le fait est qu'elle avait l'air passionnée par l'idée de brandir une arme face à une bête féroce. Chacun possède ses propres goûts comme on dit. Je ne sais même pas trop pourquoi j'aime autant cette vie là. Tout ce que j'espère, c'est que ses parents ne viendront pas la chercher pour la marier de force à un type voulant conquérir le monde, cela serait le bouquet. Quoique, c'est plutôt Gladys qui serait capable de vouloir monter sur le trône.

- " Madame, vous êtes attendue." m'informa une servante au pas de ma porte.

Ne voulant pas les faire davantage attendre, je quittais ma chambre suivie de mon amie et de Ziege portant mes affaires.

Tout le monde était réuni dans le grand hall d'entrée du manoir, que cela soit mes parents comme les servants, les jardiniers ou encore les cuisiniers ne quittant, d'habitude, pas leur lieu de travail attitré.  Ils avaient tous les larmes aux yeux, le nez reniflant et les joues rosies, tristes de voir leur maîtresse quitter le domaine.

Et pourtant... Cela me laissait complètement indifférente. La plupart des employés m'étaient inconnus. Je découvrais pour la toute première fois le chef des cuisines et son ventre rebondi, le visage du cocher à la place de son dos large et recroquevillant lorsqu'il conduisait ou foule d'employés vêtus du même uniforme que Ziege. Je comprends pourquoi j'ai si peu d'accroches avec cet endroit ; je ne le connais pas, encore moins que le monde extérieur.

Promenant le regard de personne à personne, je finis par reconnaître au bas des escaliers Sasha et Lash, revenus me chercher quelques jours plus tard.

- " Ne te presse pas surtout, tu pourrais te casser un ongle d'orteil..." ronchonna mon professeur accoudé à la porte pendant que nous commencions à tourner le dos à l'assemblée pour partir.

A ces mots, toute la salle se tourna de concert vers lui, le fusillant de leurs pupilles élargies. Mes parents, plus si impassibles que cela, avaient même haussé un sourcil, détaillant celui qui osait plaisanter ainsi dans ce moment d'adieux.

D'adieux, songeais-je en regardant encore une fois les grands escaliers qui retombaient au rez-de-chaussée. Je ne reverrais plus cette entrée...

Mes jambes se stoppèrent nettes ; partir signifiait ne plus revenir ? Je ne commençais que maintenant à ressentir de la peur. Jusqu'à présent, je ne voyais que l'aventure qui débuterait mais, Père et Mère ?

- " Diane ?" m'appela la scientifique, observant les faibles larmes dégoulinant sur mes joues.

J'hésitais. Moi qui étais décidée, avait désormais peur de regretter. Peut être que, peut être que si j'essaye de regarder ce manoir comme je le fais maintenant avec Rosran, me fera l'aimer ? Peut être que si je choisis de rester, mes géniteurs m'accepteront et m'aimeront ?

Les doutes ne faisaient que ricocher dans mon esprit. Comme si un florilège d'informations émergeait, mon cerveau semblait saturé de pourquoi, de et si et d'angoisses. Ma respiration ralentit pour tenter de me calmer, mes mains retombaient lourdement dans l'air sans chercher à se retenir, pourquoi est-ce si dur de partir maintenant ?

- " Va t'en ! Si tu crois que l'on désires une fille que personne ne voudra épouser, tu te trompes. Ta Mère n'est pas si vieille, elle a encore le temps d'avoir un enfant digne de notre nom. Tu nous est inutile depuis que tu as divorcée, tu n'apporteras que honte et ridicule à ce conglomérat. Pars."

Hein ?

- " C'est vrai. Tu pourras revenir quand tu veux nous voir mais rester, c'est hors de question. Nous avons transmis à Ziege un petit présent pour toi ; une bourse de 100 pièces d'or. Achètes-toi un bon foyer avec ça ; il ne serait  pas admissible que l'aînée des Eulet ne vive pas dans un endroit décent. D'ailleurs, Ziege t'accompagne. Ne pas avoir un employé avec toi serait tout aussi indigne." renchérit Mère.

Quoi ?

Je ne comprenais plus ce qu'il se passait, retournant ma tête pour voir leur visage, je vis pour la toute première fois mes deux parents sourire. Pas une moue de politesse, non, un véritable sourire plein de tendresse et de douceur. Je crus même voir une goutte d 'eau au coin de l'eoil de ma génitrice mais je fus tirée par Lash et Sasha en dehors de la propriétés suivie de Ziege portant un mes bagages avec nous.

- " T'as fini de pleurer ?! On a déjà quitter Ladsen, là ! Toi, la servante fais un truc, c'est ta maîtresse, non ?" pesta Lash.

- " J'y arrive pas... Je suis siiiii.... heureuse..."

- " Alors ne fais pas cette tête. Si tu tires une tronche pareille devant les soulauds de la guilde, tu vas attirer tous les dragueurs." me réconforta à sa manière Sasha.

Ça y est. Je retourne à Rosran ; et avec en prime l'aval de mes parents. Je peux le dire, maintenant ; je les aime de tout mon cœur et comprend que tout ce qu'ils ont fait, c'est pour moi, songeais-je en ressassant les visages que j'avais d'eux durant mon enfance.

C'est la fin de cette partie ! Elle se termine du coup sur le retour de Diane, Lash et Sasha accompagnés par Ziege !!! ; p

Qu'en pensez-vous ? Qu'est-ce que nous réserve la suite, à votre avis ? ; p

Merci encore et encore de lire cette histoire ! Vous n'imaginez pas combien cela me fait plaisir ! ; )

FlügelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant