Chapitre VIII

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                                                       Nous ne sommes pas Dieu

Le "shaman" nous conduit à une grande tente tout en proférant des murmures incompréhensibles.

Soudain un cri aiguë provenant de cette dernière tente retint notre attention.

En entendant cela, mon partenaire fusilla le vieil homme d'un regard noir et accusateur. Il semblait lui reprocher quelque chose mais, ignorant tout de la demande et de la situation de l'endroit je ne saisissais pas de quoi il en retournait.J'observais le chef du village mais il ne fit que baisser la tête comme s'il plaidait coupable.

Ce même cri se reproduisit plusieurs fois, ressemblant de plus en plus à des pleurs d'enfant et se faisant de manière presque régulière et cadencée.

Je ne comprenais rien à la situation.

Lash ouvrit la tente dans un grand geste énervé, étonnement sur ses gardes, prêt à sortir sa lame. Je lui emboîtais le pas quand il entra.

Je ne pus retenir un cri de stupeur. Assise sur un lit de paille se trouvait une femme assez pâle. Elle se trouvait dans la fleur de l'âge et pourtant son visage semblait dénué d'émotions, comme si la vie avait quitté son corps. Elle tenait dans ses bras un linge dans lequel reposer un bébé à la peau verdâtre. Je pensais que le nourrisson était probablement malade à la vue de sa peau et cela devait inquiéter sa mère qui le tenait.

Je m'approchais, toujours en restant derrière Lash qui gardait son arme au poing. En regardant l'enfant de plus près je constatais que le bébé n'avait rien d'humain. La créature à l'allure humanoïde nous regardait de ses deux yeux globuleux, de grandes oreilles crochues sortaient de son crâne aplati et des dents pointues ornaient sa bouche d'où ressortait une langue violacée. Ses cris s'étant arrêtés pour laisser place à un sourire fourbe.

Je faillis tomber à la renverse en constatant avec effroi qu'il s'agissait du même monstre que j'avais rencontré quelques jours plus tôt : un gobelin.

- " J-Je- Cette femme a été capturée par des gobelins lors d'une attaque et, elle-" tentait vainement d'expliquer le chef qui fut couper par mon équipier.

- " Neuf mois. Vous aviez neuf mois pour nous alerter que cette femme a été violée par un gobelin et qu'elle avait survécu à l'attaque. C'est un crime pouvant être sévèrement puni cependant nous réglerons nos comptes plus tard. Allez chercher les autres immédiatement." ordonna-t-il froidement.

Puis, dans un geste si rapide qu'il nous surprit tous, il attrapa la petite gorge du bébé avant de planter sa lame dans son estomac. Aussitôt, le linge se teinta de rouge du à l'hémoglobine coulant à flot du petit corps. Le monstre poussa plusieurs cris stridents puis retomba faiblement au sol lorsque mon tuteur le relâcha de sa poigne, des larmes sortant des orbites vitreux du jeune défunt.

Je crus vomir devant cette abomination. Le corps avait perdu la vie en seulement quelques secondes et reposait désormais sur le tapis en peau animale qui recouvrait le sol du tipi.

- " Lash ! C-Comment as-tu pu faire... cela ?!" haletais-je en ravalant les sanglots qui me montèrent à la gorge et les larmes qui imploraient de se déverser sur mes joues pâlies de stupeur.

Certes, il y a quelques jours ces monstres ont arraché la vie des dizaines d'innocents, certes ils ont failli me prendre ma vie à leur tour, certes. Mais, tuer un enfant, même monstre, encore innocent, dépourvu de tout crime, était bien trop excessif.

- " Ces monstres ne méritent pas de vivre. C'est notre mission qui, d'ailleurs ne se termine pas là." crâcha-t-il d'un ton sans appel.

Je le regardais sans comprendre, je ne voyais pas où il voulait en venir par " ne s'arrête pas là" jusqu'à ce qu'il tourne les yeux vers la femme.

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