Chapitre XIX

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Juste une valse avec la mort

Assise dans les gradins, j'observais sans joie les combats suivants, l'esprit vidé.

- " Alors, c'est de ça dont elle parlait..." songeais-je en scrutant l'affrontement de la Paresse.

L'acédie, vêtue d'un costume militaire des pays ennemis bien trop large pour elle, ne faisant pas son âge. Seconde plus jeune, elle s'apparentait plus à une jeune enfant qu'un combattante et ne prenait même pas la peine de se tenir debout.

Sa chevelure grisâtre et tentaculaire virevoltait çà et là de son visage ensommeillé où les cernes alourdissait ses yeux à demi ouvert. Elle économisait le moindre effort, et assise, elle appuyait son dos contre la paroi du Colisée. On aurait pu croire qu'elle allait perdre mais, justement, grâce à la fameuse arme enchantée de la Colère, il n'en était rien.

Elle tenait une sorte de canon, qui à l'origine fut développé à Ladsen mais, cette fois-ci bien plus petit et léger qu'il ne l'est d'ordinaire. Pouvant se porter à la main, je compris à quoi se résumait l'enchantement dont m'avait parlé la sentence solennelle aussitôt le combat débuté.

Si un mécanisme complexe servait à propulser des boulets grâce à une explosion, ici, la Colère à permis qu'à chaque pression sur la sorte de gâchette entre les mains de l'enfant, une explosion magique s'active et envoie le projectile à une vitesse digne des véritables canons. Si ce genre d'armes se répand, l'issue de la guerre sera semée de tombes en tous genres, malheureusement.

Comme sa capacité le permettait, un rafale de projectile s'abattait sur l'invité qui n'avait d'autres choix que jongler d'un pied à l'autre pour éviter les balles qui arrivait après chaque détonation. Mais, c'était sans compter de la précision inhumaine de la Paladin qui visait sans mal ce petit homme, bientôt criblé de balles.

Comme on s'y attendait, la victoire revint à l'Église puis, un nouveau combat s'entama.

Je n'arrivais même plus à débarrasser mon esprit de l'image du corps sans vie de Phoebe Lancelot, profondément gravé dans mon cerveau. A chaque coup porté, je revoyais encore son buste chuter lourdement sur le sable qui s'imbibait de son sang.

Je ne vaux pas mieux que lui... J'ai tué quelqu'un, je l'ai tué... Elle est morte de mes mains... J'ai mis fin à sa vie... J'ai privé une famille de son enfant... J'ai arrêté le cœur d'une personne... Sa mort est mon crime... Je suis une meurtrière, une criminelle sans foi ni loi, une épouvantable tueuse, Diane Eulet... 

Un tourbillon de pensées mortuaires m'emportait. Je faisais naufrage dans un océan écarlate alimenté par le sang qui coulait depuis mes phalanges. Rien ne faisait sens, tout ce résumait à "Mort", " Meurtre", "Sang". L'arène bruyante devenait plus lointaine, une sorte de brouillard sombre et ténébreux voilait petit à petit la scène de combat qui se déroulait devant moi. Des hurlements sourds venaient m'accabler de jugements et d'accusations.

Mes tempes et mes oreilles étaient enveloppées par mes mains tremblantes et mes yeux voulaient chasser de leur champ la danse macabre d'une centaine d'ombres qui tournoyaient autour de moi et ma tête se collait à mes genoux figés de peur, incapables de bouger.

J'avais l'impression que la voix de Phoebe Lancelot venait me hanter, pouvant d'une seconde à l'autre m'infliger son châtiment. Comme si mon cœur était compressé entre deux mains doucereuses et cruelles à la fois, il battait par à-coups saccadés et irréguliers.

Et soudain, je sentis une main se poser sur mon épaule et me secouer. Elle se glaça aussitôt, toute la force qui m'animait durant le duel face à la sentence solennelle avait disparu... Une humaine, je voulais bien mais... Un fantôme, je n'y arriverais pas...

Je voulais me desserrer de sa prise, reprendre mon épaule puis deux doigts fins vinrent me pincer le nez tandis qu'une main étouffait mes lèvres. Ne pouvant plus respirer, l'air vint à manquer alors que mon esprit s'égarait de plus en plus.

Alors, je vais enfin mourir, après une bonne dizaine de tentatives vaines ?

J'ignore quand cela a commencé ni combien de temps s'est écoulé depuis mais, j'entendais plusieurs voix m'appeler de plus en plus clairement :

- " Diane... Diane... Diane !"

Mon esprit englouti dans une marée et un torrent d'émotions semblait pouvoir enfin inspirer de l'air. Quand je pus bouger pour la première fois, mon réflexe fut d'absorber une grande bouffée d'oxygène et, une fois celle-ci faite,  je recommençais, tenant à conserver toujours plus l'air dont j'avais été privée quelques temps plus tôt.

Le brouillard qui voilait mon regard se dissipait progressivement et, à mesure, je commençais à discerner les silhouettes et les regards inquiets des personnes qui m'accompagnaient au tournoi.

- " Ouuuuf, tu es vivante... Tu m'as filé les chocottes, quand même !" soupira Gladys, toujours dans l'excès.

Je ne suis pas morte, alors, songeais-je avant d'entendre Sasha articuler lentement quelques paroles :

- " Excuse-nous, tu as fait une crise d'angoisse au Colisée alors, comme on ne savait pas véritablement quoi faire, on t'a bloqué la respiration jusqu'à ce que tu t'évanouisses... Je reconnais que c'était une idée terriblement stupide mais on a paniqué... Enfin, l'important c'est que tu ailles bien, non ?! Là, tu es dans l'infirmerie du Colisée, repose-toi encore un peu, les combats ne sont pas terminés."

Le flot de paroles qui m'était parvenu était ressorti aussitôt. Non pas que je n'arrivais pas à écouter, je n'en avais plutôt pas l'envie.

Je vois... J'ai angoissé à cause de la mort de la sentence solennelle...

- " Je vais prendre l'air" annonçais-je sous les reproches de mes collègues qui cherchaient à m'arrêter.

Ignorant leurs conseils, je quittais la pièce et me baladais çà et là dans le Colisée.

Je ne sais pas trop ce que je voulais, à vrai dire. Je me sentais éteinte, complètement vidée. J'avais juste besoin de marcher, sans réfléchir ni accorder de soutien à mon esprit. Puis, dans un moment d'égarement, je songeais même à parler à Lash avant que cette idée ne s'évanouisse aussi vite qu'elle fut venue.

Et enfin, je compris que mes pas m'avais amené à l'infirmerie réservée aux Paladins. Complètement vide, un seul lit était utilisé ; dessus, un corps couvert d'un drap blanc immaculé. Phoebe Lancelot, la sentence solennelle. 

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Coucou ! L'histoire vous plaît-elle toujours ? ; ) En tout cas, je l'espère sincèrement !

Aujourd'hui, c'est un chapitre un peu particulier, juste histoire de se détendre un peu après tout ce combat ! Mais, rassurez-vous, dès le prochain, vous découvrirez le choix de récompense de Crevette !

D'ailleurs, je voulais savoir ce que vous avez pensé de l'affrontement entre elle et la sentence solennelle ?

Pas trop long, ni trop court ?

Suffisamment clair ?

Un déroulement correct ? Une fin convenable ?

Et surtout, que pensez-vous de la mort de Phoebe Lancelot, du coup ? ,: )

Enfin bref, je vous remercie sincèrement de lire cette histoire et j'espère qu'elle vous plaît ! Comme toujours, n'hésitez pas à m'encouragez avec un vote et à me parler ou me corriger dans les commentaires ! Ça me ferait super plaisir ! ; )

Bonne lecture ! ; )

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