Chapitre XII

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                                                   Raison

Interdite, je m'étais enquise de leur méthode pour s'échapper de leurs geôliers ainsi que de mon mari et ce fut Lash qui répondit d'une voix tranchante :

- " Sasha fait partie des fondateurs de notre guilde ; elle a des amis hauts placés. Qui plus est, celle de Ladsen est faiblarde avec le manque de monstres de la région. Ah oui, au fait, n'appelle plus jamais ce type " mon époux", est-ce bien clair ?" tonna-t-il.

Je ne comprenais pas son brusque changement. Si sa supérieure semblait s'amuser à l'évocation de ma question, Lash s'était assombri et parlait d'un ton vraiment effrayant, pareil au grondement du tonnerre. Décidément, je ne comprendrais jamais cet original. J'aurais voulu lui faire comprendre qu'il ne dicterait jamais mes actes et mes propos cependant, une sensation d'angoisse me retenait dans mes dires. Lash parvenait à m'effrayer de plus en plus par moment.

Ne relevant pas sa remarque, je les raccompagnais jusqu'au pas de la porte puisqu'ils m'avaient informé de leur retour imminent à Rosran. Toutefois, après que Sasha ait passé la chambranle, son cadet ferma brusquement le battant de la porte.

- " Qu'est-ce qui t'a pris ? Tu vas alerter toute la demeure, idiot !"

- " M'en fiches ! J'attends."

Je ne comprenais pas, me contentant de le dévisager d'un œil hagard avant de me décider à lui demander ce qu'il attendais.

- " J'attends ta réponse. Je tiens à savoir si ta tête de moineau a bien enregistré que je ne veux plus jamais que tu appelles ce type comme ton époux." expliqua-t-il d'un air impatient.

Je clignais des yeux d'un air interdit. Il me fait quoi, lui ? Un caprice ? riais-je en mon for intérieur, ne voulant pas avoir des problèmes au vu de son visage renfrogné. J'acquiesçais d'un signe de tête.

Il semblait soulagé mais, alors que je rouvrais le battant, celui-ci le referma net. Je le ré-interrogeais du regard, de plus en plus troublée par son étrange comportement.

Il se grattait machinalement la nuque, détournant les yeux. Si on ne le connaissait pas, on aurait pu croire qu'il était embarrassé mais, en observant ses traits on comprenais que ce n'était pas le cas. Son visage se muait en une expression plutôt négative, entre la frustration, l'angoisse, l'impatience et la colère. En un mot ; étrange.

Il semblait se creuser la tête puis, après un court instant ouvrit la porte et s'en alla sans demander son reste, ne m'accordant pas un regard. Sasha non plus ne paraissait pas avoir saisi la situation mais me conseilla de laisser couler. De toute façon, j'avais d'autres chats à fouetter, comme dirait les hommes d'Alabrund.

En remontant à ma chambre, Ziege se précipita à mon cou pour s'enquérir de la raison de leur venue. C'était logique, quoi de plus inhabituel que des roturiers venus de nulle part en pleine nuit se présentant à notre porte ? Je voulais la rassurer mais, par précaution je ne pouvais pas lui en dire davantage alors je balayais sa question par une demande :

- " Rien, rien mais dit-moi,... ne pourrais-je pas prendre un bon bain bien chaud ? Pendant ce temps, tu pourrais d'ailleurs convier mon amie de la famille Svengardell ? J'aimerais profiter de sa présence dès demain ! Tant que je suis encore ici !" lui intimais-je en souriant de plus belle.

Ses yeux sortaient de leurs orbites tant elle ne s'attendait pas à cela mais finalement elle s'exécuta. Pendant qu'elle s'attelait à la préparation de mon bain, je songeais d'ores-et-déjà à ce que je dirais demain à Gladys. Elle a beau être surprenante dans ses faits, elle reste maline. Si je ne fais pas attention à chacun des mots que j'emploie, elle serait capable de tirer des conclusions trop hâtives. Je comptais commencer à prédéfinir mon discours mais Ziege m'interrompit, m'annonçant que le bain était prêt.

En ouvrant le battant menant à la salle d'eau de ma suite, un profond arôme de sauge et de musc se propagea dans l'ensemble de la pièce. Un nuage de vapeur d'eau se déposa sur les fenêtres tandis que la brume blanchâtre qui entourait la baignoire nous plongeait dans une intimité relaxante et apaisante.

Une fois dévêtue, je laissais mes jambes glisser au travers de la mousse avant de me baigner entièrement. Un soupir s'échappa de mes lèvres. Je fatiguais. Devoir sans arrêt réfléchir à quoi faire et comment, c'est harassant.

Par ailleurs, en songeant à cela, ma pensée se détourna pour se figer sur le barman de Rosran. Sorret. Il gardait sans arrêt le sourire mais, vu le nombre de fanfarons qu'il sert je me demandais comment il tenait bon.

Puis, en divaguant je repensais à Yvan ; le Vice-Maître. Contrairement à son unique supérieur qui se laisse vivre, lui, était toujours penché sur son travail. Je ne l'ai vu qu'une seule fois descendre en bas se servir une choppe d'alcool, et encore il était loin de la boire d'une traite. En dehors de cela, je crois qu'il ne vit que pour la guilde. C'était étrange mais, quelqu'un d'autre m'avait déjà donné cette impression. Sasha. Ces deux-là semblaient n'avoir rien d'autre au dessus.

Ils devraient se fiancer, au moins je ne passerais pas mon temps à rougir devant la proximité de Sasha et de Lash, songeais-je en abaissant mon visage dans le liquide chaud.

Je me relevais brutalement d'un bond. Comment avais-je pu penser une chose pareille ? Pourquoi, d'ailleurs ? Pourquoi eux ?

Toutes ces questions ricochaient dans mon esprit à m'en donner la migraine. Mettant à part la brutalité avec laquelle la pièce semblait s'être réchauffée, je ne comprenais plus pourquoi cet homme accaparait autant mes pensées, dire que je l'avais presque oublié depuis mon retour ici.

Je me levais dans le bain, observant les amas de mousse ramper jusqu'à la baignoire pleine à raz bord. Éclaboussant tout sur mon passage à ma sortie, je m'essuyais à peine, ne prenant même pas le temps de sécher les pointes de mon chignon humides.

J'étais fatiguée, tellement fatiguée. Aussitôt vêtue d'une tunique nocturne, je m'allongeais sur mon lit. Je n'avais même pas demandé à Ziege si elle avait invité Gladys que je dormais à point fermé à même la couette.

Tout ce dont je me souviens, c'est que, cette nuit-là, Lash avait occupé tous mes rêves.

Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Vraiment merci à vous qui lisez mon histoire ! 1K, c'est que des chiffres mais cela a eu le don de me donner un grand sourire béat sur le visage !

Sincèrement, j'espère que vous appréciez l'histoire et que vous avez toujours envie de la lire ! Encore une fois : MERCI !

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