Chapitre XII

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Lorsque tes pensées s'entrelacent 


Cela faisait des heures que je courrais sans m'arrêter dans les galeries de la gigantesque prison de la capitale. Mes jambes ne me portaient plus déjà depuis bien longtemps mais je ne parvenais pas à interrompre ma course. Une peur sans nom m'animait ; j'étais terrorisée à l'idée que l'ombre de ce meurtrier me rattrape et me fasse goûter à sa démence si je cessais de courir.

Je ne sentais plus les muscles de mes mollets se contracter. Pourtant habituée à l'effort depuis le départ de ce fantôme, des milliers de fourmillements rampaient sur mes membres engourdis malgré leur utilisation incessante.

Le bruit écrasant de mes pas et le souffle court qui s'échappait de mes lèvres asséchées couvraient le silence macabre des couloirs. Parfois, des hurlements stridents résonnaient en écho dans mon dos, semblables à des plaintes et aux supplices des détenus, sans doute nombreux au vu de la taille de ce labyrinthe.

Je ne cherchais pas mon chemin, à vrai dire c'était un dédale de parois identiques et toutes reliées entre elles. Comme le tunnel d'une taupe, rien ne permettait de se repérer. Qui plus est, j'avais été assommée avant d'entrer ici, je ne pouvais donc pas savoir d'où je venais ni où je devais me rendre.

Soudain, mes bottes se cognèrent dans un pavé qui dépassait légèrement de son enclave. Dans mon élan, je fus propulsée quelques mètres plus loin, roulant lourdement sur le sol humide à ma chute.

Les nattes de mes cheveux se défirent et quelques mèches s'en délièrent. Je me suis appuyée sur mes mains tremblotantes pour me relever mais, à cet instant, elles se dérobèrent du sol, laissant ma mâchoire s'échouer au sol. Un filet de bile commença à ruisseler à l'intérieur de mes lèvres entrouvertes et rejoignit les faibles courants d'eau qui parsemaient les entre-pavés.

J'étais là. Affalée sur le parterre, ma tête reposant dessus affichait une bouche béante qui vomissait sans force, écœurée. C'était comme si toute la force et la volonté de vaincre qui embrasaient autrefois son corps s'étaient éteintes, comme si je ne me rendais compte que maintenant de toutes les horreurs qui entachaient la route blanche que je pensais suivre.

Cœur meurtri à blanc. Ventre vide de toute sa bile. Regard d'amphibien à demi-mort. Voilà tout ce qu'était la brave Diane Eulet, censée remporter le grand tournoi de la capitale.

- "J'fais quoi, là... ?" soufflais-je, sans qu'un seul son autre qu'une expiration ne sorte.

Qu'est-ce que je fais ? Je fous quoi, sérieusement ? Pourquoi je suis là, au juste ?! Pourquoi je veux voir cette foutue Matriarche ?! J'en ai rien à faire d'elle ?! Pourquoi j'ai voulu voir Lash ?! Pourquoi tout est si compliqué, c'était si simple, avant...

Ma tête s'embrumait, les questions qui l'assiégeaient s'emmêlaient dans une tempête de tristesse et de rage.

Je pensais avoir trouvé la réponse.

Je pensais sincèrement qu'il suffirait que je parle à la Matriarche pour en finir avec tout et reprendre un quotidien plutôt tranquille mais, au final, je ferais quoi, là-bas ? Je lui dirais quoi à cette vieille bique quand je la verrais ?

La nuit doit déjà être bien entamée... Je me demande s'il ne fait pas déjà jour... C'est aujourd'hui qu'on doit voir les tirages au sort pour les combats de l'après-midi... Si je ne sors pas d'ici tout de suite, je ne sais pas si je pourrais me présenter au Colisée...

Mus par je ne sais quel sortilège, mes muscles parvinrent à se ressaisir et à me porter le temps de se relever. Essuyant du revers de la main le liquide au coin de ma bouche, je balayais du même coup mes hésitations.

J'ignore où je vais. Certes. Cependant, ce n'est pas une raison suffisante pour se laisser mourir. Je vais gagner cette compétition, peu importe ce que je ferais de la récompense. Si je ne désire plus parler à un haut gradé de L'Église, je pourrais toujours empocher un sacré pactole.

Pas besoin de se la jouer chevaleresque. Les aventuriers sont des crevures passant leurs jours dans des tavernes miteuses à boire un jus de chaussettes à l'odeur bien pire que celle des monstres qu'ils sont censé combattre. Je n'ai qu'à faire comme eux, au lieu de vouloir toujours faire des choses importantes.

Je ne suis plus Diane Eulet du conglomérat Eulet. Je suis Diane, l'épéiste qui fera tout pour survivre. Maintenant, c'est chacun pour soi.

Soudain, une silhouette familière s'éleva dans l'air.

- " Et bah, my marmot est encore là ? Pourtant, the sun is bientôt levé ! You va louper sa place dans les gradins ! Ah, shit ! J'avais oublié que personne peut retrouver son chemin, ici ! D'ailleurs, faut que je pense à sortir, moi aussi ! Sinon, je ne pourrais pas présenter my person à la foule endiablée qui va peuplée les tribunes !!!"

Je reconnus aussitôt l'homme à l'allure folle qui m'avait conduit dans ces lieux. Fidèle à lui-même, son attitude restait exagérée mais pourtant, malgré ses propos quant à l'impossibilité de retrouver son chemin dans ce dédale, on pouvait aisément deviner qu'il était très calme. Cette situation était loin de l'inquiéter, aussi, il appela dans le vide une personne :

- " You va bouger son rump because on a besoin de sortir, okay, little girl ?!"

A ses mots, un rire enfantin résonna dans l'air, plaisantant sur le fait de vouloir nous observer encore un peu mais elle se ravisa.

Bien que je ne l'ai entendu qu'une fois, il était évident que l'hôte du tournoi gérait aussi les prisons. Constat confirmé par ce qui suivit.

Une flammèche sortit d'une torche et, flottant dans l'air, elle nous dirigea jusqu'à la sortie mais, avant d'y parvenir je fus assommée par le chapelier qui m'accompagnait.

Par la suite, je ne pourrais pas dire si ce n'était qu'un songe ou si je m'étais bien perdue dans le donjon mais, à mon réveil, j'étais confortablement installée dans mon lit, entourée de Ziege, Sasha et Seth.

- " Comment vous sentez-vous, Mademoiselle ? Nous vous avons retrouvée évanouie dans une sombre ruelle des bas-quartiers. Il ne vous est rien arrivé, j'espère ?!" s'inquiéta ma domestique à mon chevet.

- " Tu vas bien parce qu'il va falloir ? Nous devons nous rendre au Colisée, les festivités reprendront bientôt." nous coupa Sasha sans exhaler son inquiétude.

Me relevant doucement, une seule question me taraudait désormais : " Vais-je y arriver, puis-je vaincre un Paladin, la plus haute force armée de l'Église orthodoxale ?"

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Tadaaaaaaaaa !! C'est mon grand retour !!! Encore une fois, je vous demande pardon mais j'étais en Espagne du coup, publier et écrire les chapitres restait difficile ! En tout cas, je suis de retour prête à écrire !!

De fait, j'ai fait un chapitre plutôt lent, histoire de reprendre en douceur car le combat contre un Paladin approche à grands pas !! ; )

Merci de me lire et n'hésitez pas à vous exprimer avec un vote, un commentaire ou un MP ! ; ) N'hésitez pas non plus à me faire vos remarques en commentaires afin que je m'améliore ou corrige des fautes !! Sur ce, bonne lecture ! ; )

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