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Je m'installe dans le salon, ça fait un moment que la nuit est tombée. Toujours pas de réseau sur mon téléphone, mais ce n'est pas un problème, je démarre un jeu et me laisse aller au plaisir immédiat procuré si généreusement par ces applications.

Je ne sais pas combien de temps je passe assis là, mais ce que je sais par contre c'est que je n'en démord pas... Ce foutu personnage ne veut pas finir le niveau, et plus je joue, plus ça m'énerve. J'ai eu une période difficile dans ma vie, addicte aux jeux vidéos, ma vie sociale a rapidement été ruinée. Je n'allais plus en cours, ma mère dépassé m'organisait des séances avec le psy, mais tout ce qui m'intéressait était de faire avancer tous ces personnages, toutes ces intrigues, ces dimensions parallèles où je me sentais pour la première fois de mon existence...réellement vivant. Après la mort de papa, maman n'avait plus l'argent nécessaire pour maintenir mes séances avec le psy. Elle du donc user de moyens plus radicaux, pour me faire sortir de cette mauvaise passe. Allant à l'encontre des recommandations du spécialiste, elle détruisit mes consoles. Mais je n'étais pas stupide, fuyant la réalité du décès de mon père, je gardais les disques pour jouer chez des amis, prétextant avoir à faire des devoirs. Ce fût une journée banale, une après midi normale où, chez Dave et ses potes, on s'était mit à fumer, et pas des cigarettes. Ma mère m'avait retrouvé le lendemain matin, la mère de mon ami l'avait prévenu. J'étais assis sur le sofa, une manette à la main, jouant à un jeu sans fin, dont le seul but était de dégommer des zombies.

Je crois que le moment où je me suis vraiment rendu compte que je devais me reprendre en main, c'est quand j'ai commencé les crises. Je tremblais, en sueur, demandant sans cesse à pouvoir jouer, avancer. Ma mère était à l'époque également accro, mais elle, à un fléau bien plus répandu : la drogue. Je me suis ressaisit et j'ai commencé à m'occuper de ma mère.

Me replonger dans mes souvenirs n'a pas été de tout repos, mais ça m'a permit de remettre en question ce que je suis en train de faire. Je mets mon portable en veille et me décide à remonter à l'étage. Arrivé en haut des marches, je me dirige vers ma chambre, puis, je sens un courant d'air. Je tourne la tête vers ce qui semble être le grenier. Il n'y a pas de chauffage là bas, ce qui explique l'air froid qui en provient. Mais qui a laissé la porte ouverte ? Et surtout, pourquoi quelqu'un irait dans le grenier, l'endroit est lugubre et profondément inutile.
- Y'a quelqu'un ?
Pas de réponse, je m'apprête à fermer la porte, mais je finis par me dire que je n'ai rien à faire, aller jeter un petit coup d'oeil ne coûtera rien à personne... Je rentre dans la pièce. La lumière est déjà ouverte, aveuglante. J'aperçois une personne couchée par terre.
- Qu'est ce que tu fais là ?
Je mets plusieurs secondes à ce que mes yeux s'habituent, puis, je vois le corps de Marc, l'arrière de la tête planté sur un clou. Mon premier réflexe est d'appeler à l'aide.

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