|Le Choix|

3.

Plus je regarde la tête d'ange de Marc, plus j'ai envie d'y croire... Plus j'ai besoin d'y croire. J'espère juste qu'il ne gâchera pas l'espoir que je place en lui. Je suis encore stressée par ce que je viens de voir, ou tout du moins ce que j'ai cru voir... Je rejoins Marc dans le coin de la pièce, j'ai envie qu'il me serre contre lui, qu'il tienne chaque parties de mon corps dans ses mains fortes. Je passe mes mains dans ses cheveux, je sais qu'il adore ça et je tire un peu dessus. Dans ces moments là, j'arrive presque à y croire. Croire que le clown ne reviendra pas, croire que ça pourrait vraiment marcher entre Marc et moi, sans ambiguïté ou problèmes. Marc descend dans mon cou et je profite encore plus pleinement de cet instant parfait. Chaque fois que je suis posée, apaisée de la sorte, généralement, quelque chose vient perturber le moment. Le garçon que j'aime recule un peu et me sourit :
- On monte ?
Je suis presque tentée de dire oui, mais je ne sais pas... Le clown... Bordel, Julie, ressaisis toi, il ne reviendra jamais, tu dois passer à autre chose putain. J'acquiesce et je le suis silencieusement dans l'escalier.

Quand nous arrivons à l'étage, il se dirige directement vers sa chambre. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il ne perd pas de temps... Plus nous approcherons du moment fatidique où je le repousserai, plus sa réaction sera dure. Je sais qu'il m'accusera de le faire espérer, j'en ai conscience, c'est juste que je ne peux pas... Je rentre dans sa chambre et je ne sais toujours pas quoi faire, jusqu'où aller, et surtout, comment dépasser le clown ? Comment oublier ses mains sur moi... Putain, j'en ais les larmes aux yeux...

Je sens Marc arriver proche de moi, me soulever de terre et me prendre dans ses bras. Je me blottis contre lui, cachant par la même occasion mes larmes. Je pense que c'est ce que je préfère avec lui, les calins. Il a une manière de m'envelopper, comme si il cherchait à ce que nos deux corps fusionnent, à me protéger du monde dangereux qui m'entoure... Je profite au maximum du moment, tentant de le graver au fer rouge à l'intérieur de ma tête. Les voix de Jacob et Anthony me parviennent. Je regarde Marc, et, d'un commun accord muet, il me repose et va fermer la porte...à clefs.

Il revient près de moi, et j'aimerai qu'il me reprenne dans ses bras, me réconforte, j'aimerai pouvoir lui raconter ma vie, lui parler du clown, et qu'au fur et à mesure de mes récits horrifiants, il me rassure, m'expliquant que tout ça n'est au final qu'un mauvais rêve et que le reste de ma vie se fera dans le bonheur. Mais Marc n'est pas un bavard, et il me pousse délicatement sur le lit, s'allongeant près de moi.
- Je suis là, t'inquiète bébé, ais confiance... me murmure t-il.
Qu'est ce que je l'aime quand il est comme ça, naturel, gentil, souriant et bienveillant...doux. Malheureusement, ça ne dure, pas, Marc cache toujours un intérêt dans ses actions, et il passe sa main le long de mon dos. Je me tends involontairement sous l'effet du contact avec sa main. C'est parce que une partie de mon attention était concentrée sur un souvenir lié au clown. La voiture de police, l'emmenant au loin, moi pleurant sa disparition... Cela m'arrive souvent, de mélanger passé et présent.

Je sens les doigts de Marc passer dans mon jean. Nous ne sommes jamais allé plus loin. Il ne m'a jamais réellement touchée. Je ne sais pas si il compte le faire, mais, au fond de moi, je crois que je me sens prête. J'arrive à oublier le clown, du moins, momentanément, et je peux donc, me concentrer sur ma relation présente avec Marc, ne pas s'attarder dans le passé. Ne pas s'attarder dans le passé. Il se penche à mon oreille et me chuchote :
- Ne t'inquiète pas, tu vas aimer.
Ne pas...
Je me lève brusquement et le fuis. Fuis le clown.

Je me dirige directement vers ma chambre, et après en avoir fait trois fois minutieusement le tour, la verrouille à clefs. Cette phrase. C'est la phrase qu'il me disait toujours...le clown.