|Le Choix|

3.

La salle de bain est immense. Enfin, une des salles de bains, je n'ai pas pu toutes les visiter. On ne l'a pas dit mais on est tous secrètement sûrs que ce n'est pas la maison des grands parents d'Anthony, comme il le prétend... Je me demande si il a pu forcer l'entrée de la maison. Non, c'est impossible, dans ce cas, si c'était abandonné, il n'y aurait sans doutes pas d'électricité ni d'eau courante. Des personnes parti en vacances ? Ça n'explique pas la propreté des lieux... Mais bon, il y a sans doutes une explication bien plus plausible à laquelle je n'ai pas pensé immédiatement. Je ne vais surtout pas faire ma rabat joie... Je fais couler l'eau, m'installant confortablement dans la baignoire mousseuse. Observant les multiples décors dont est pourvue l'endroit, je remarque quelques fissures qui courent le long des murs. Mon regard dérive et s'arrête sur un portrait de la vierge Marie. Les propriétaires de l'habitation sont religieux si on en croit les multiples symboles chrétiens qu'on retrouve un peu partout dans la demeure. Quoique, le fait de placer la Vierge, devant des gens nus, et ce, pendant qu'ils se lavent, fait peu être preuve d'ironie. Je me sens bien ici, et je ferme les yeux, restant tranquillement dans la baignoire, profitant de la sensation de l'eau sur mon corps. Longtemps plus tard, je rouvre les yeux et je sens un mouvement à l'extérieur, cherchant immédiatement d'où il provient, j'ai le temps d'apercevoir une sorte de toge noire ou de cape, volant au vent à travers la fenêtre, juste avant que celle ci disparaisse. Je me sens tout d'un coup très seule dans cette grande pièce. Ramenant la mousse près de mon corps pour couvrir mes seins, je fais immédiatement la conclusion qui s'impose. Marc. Il n'y a que lui d'assez pervers pour faire ça... Je vais lui en toucher deux mots, il ne reproduira pas impunément les erreurs qu'il a déjà faites dans le passé !

Soudain, un choc sourd me fait sursauter et je lâche un petit cri de surprise. J'entends de nouveau ce bruit, comme un coup de marteau, et je me rend compte que ça vient de la porte de chêne noir. J'ai trop peur pour esquisser le moindre geste ou produire le moindre son. Je reste immobile, l'eau ruisselant de mes épaules. Je ne m'étais même pas rendu compte que je m'étais levée, je suis comme figée. Mentalement et physiquement. Un nouveau coup à la porte, plus puissant encore que les autres vient ébranler ma résolution de garder le silence.

- Marc ?
Je retiens mon souffle, c'est le seul mot qui m'est venu à l'esprit. Mais c'est impossible, si on admet le fait qu'il était dehors en train de m'observer, il n'a pas pu avoir le temps de faire le tour de la maison pour me faire peur. Maintenant qu'il n'y a plus d'eau qui coule ou une quelconque nuisance sonore, je parviens à discerner une respiration saccadée de l'autre côté de la porte. Respiration qui diminue au fur et à mesure jusqu'à ce que je ne l'entende plus.

Je déverrouille la porte et sors discrètement de la salle de bain quelques minutes plus tard. Je retourne au salon où je trouve Jacob.
- Je me sens pas en sécurité dans cette maison moi !
Il me regarde comme si je l'avais insulter. Finalement, il souris :
- C'est compréhensible, la maison est grande et le plancher grince...
Je n'ai pas envie de l'inquiéter et je dois parler à quelqu'un d'autre que lui :
- Tu as vu Marc ?
Il hausse un sourcil. Et c'est à ce moment que je comprends, dans ses yeux qu'il nous a vu. Marc et moi. Je rougis jusqu'à la racine des cheveux, et tente de lui expliquer :
- Ce n'est pas... Ce n'est pas ce que tu crois...
- Je m'en fous, fais ce que tu veux mais essaye de ne pas causer trop de peine à Julie, elle a déjà assez souffert de la vie comme ça...
J'ignore ce qu'il veut dire par là mais j'acquiesce. Il expire fortement et me dit :
- La dernière fois que je l'ai vu, il était avec Julie à l'étage.
Je le remercie et m'en vais, tout en repassant le plus loin possible de la salle de bain.