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Je me dépêche de sortir de ma chambre, sans prendre le temps de chercher quelqu'un pour y aller avec moi. Je déteste me rendre à un endroit seule, ça doit être une des nombreuses séquelles de ce que m'a infligé le clown. Je titube jusqu'à l'endroit dont provient le cris, à savoir, le grenier. Je me demande ce qui a pu provoquer une telle réaction chez Anthony. Je rentre dans la pièce, cherchant celui-ci du regard. Je le devine, dans un coin de la pièce, mais mon regard est attiré par la masse de forme humaine, posée sur le sol. Je mets un long, très long moment avant de comprendre de quoi il retourne. Marc. Mes jambes se dérobent sous moi, et je tombe durement, à genoux sur le sol, les larmes inondant mon visage. Je me rapproche un peu plus près du corps du garçon à qui je voulais tout pardonner, de qui je voulais tout aimer. Je perds conscience des gens, des objets qui m'entourent, me focalisant uniquement sur le visage de l'être que j'aime.

Je dois être maudite. Je n'attire que l'horreur où je vais. Peut être, le clown avait-il des pouvoirs en définitive. Ce qu'il m'a prédit, le fait que personne ne m'aimera jamais, et également que je finirai seule commence à se révéler vrai. La personne que j'aimais m'a trompé avant de mourir. On ne peut définitivement pas faire pire. Il faut que je parte ailleurs, dans un endroit isolé. Tout ceci est à cause de moi, la malédiction du clown m'a suivie. Ma vue se brouille un peu plus tandis que toute la tristesse du monde m'accable. C'est alors, que je comprends qui l'a tué. Cela ne peut être que elle... Pas le clown, il est enfermé, il ne peut pas m'avoir suivi jusqu'ici. C'est Sophia. Il aura tenté de la violer et elle aura voulu se venger ensuite. Quelque part, je me dis que ce n'est pas possible, que je la connais et qu'elle a trop de respect pour une vie pour y mettre fin... Mais mon cerveau est embrouillé, dirigé presque uniquement par la rage de savoir que le mal a encore frappé et que j'ai été de nouveau la cible.

Je me tourne lentement vers l'endroit où j'espère trouver Sophia. Elle y est. Je la désigne du doigt et je parviens à m'exprimer dans un mélange de murmure et de croassement, à travers mes larmes et ma douleur :
- C'est elle. C'est elle qui l'a tué.
Les autre se taisent soudainement et cela me donne encore plus de rage, ils ne me croient pas, ils me voient détruite et ne bougent pas.
- Je vous ais entendu.
Je ne sais pas vraiment si je dis ça plus pour les convaincre eux ou moi même. Je dirai que j'essaye plus de m'obliger à croire que Sophia est coupable, pour éviter mon deuil. Mais je ne sais pas, je trouve ça mal, ma mère ne m'a pas élevée comme ça, Dieu doit choisir, pas nous, pas le clown. Je vois Sophia hésiter et faire un pas vers moi.
- Il ne méritait pas la mort, tu n'es pas Dieu, tu ne dois pas décidé de la vie ou la mort d'une personne...
Je n'ai plus la force de dire quoi que ce soit d'autre et je retombe dans une sorte de transe, me souciant uniquement de ma propre douleur. Marc est mort. Jamais plus il ne me serrera dans ses bras, me protégeant. Je sens Jacob venant m'entourer de ses bras et je vais mieux. Je vois ça comme si j'étais une barque à la dérive, devant affronter les vagues qui manquent de me faire chavirer, le clown, puis, quand je pensais le mal derrière moi, la mort de Marc. Et les bras de Jacob, actuellement, c'est le bois de ma barque. Le bois qui est la seule barrière entre moi et l'eau. Le bois qui m'empêche de me noyer. Sophia et Anthony ont quitté la pièce et j'entend quelque chose qui coulisse. Je n'y prête pas attention jusqu'à ce que je sente Jacob se contracter et parler. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il dit, je suis fatiguée, n'ayant pas pu dormir cette nuit. Je vois flou à travers mes larmes, mais je finis par tourner la tête vers lui. J'ai le temps de voir une forme noire et grande avant qu'un coup d'une violence inouïe s'abatte sur ma tête, me faisant perdre connaissance.

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