|Le Choix|

1.

Je ne comprends toujours pas l'intérêt qu'a Anthony à nous avoir ramener dans cette vieille baraque. Dès que je marche, le plancher grince horriblement, tellement que, d'un accord commun, on s'est tout rassemblés au rez de chaussée, assis sur de vieux fauteuils qui font mal aux os...

Je jette un coup d'oeil discret à Julie, assises sur les genoux de Marc, elle se laisse tomber contre son torse. Elle finit par me voir et m'adresse un sourire penaud. Elle a tendance à avoir la tête dans la lune, mais elle a bien compris que je ne mettais toujours pas remise de m'être fait larguée par Marc. Mais bon, j'aurai du le prévoir j'imagine. Mon regard dérive vers deux des fauteuils, étroitement rapprochés. Installés dessus, se trouvent Anthony et Jacob, en pleine conversation sur... Sur quoi déjà ? Je n'ai pas du tout suivi le fil de leur discussion, la dernière fois que je les avais écoutés, ils parlaient nourriture. Ce sujet si passionnant pour Jacob... C'est un "mangeur né", comme on l'appelle, parfois, il peut engloutir trois fois ce qu'une personne normale de notre groupe mange et demander ensuite à finir nos portions ! Je crois comprendre que leurs conversation tourne autour de la soirée de fin d'année au lycée. Je suis tellement angoissé par cette soirée que j'en ais des sueurs froides dès que j'y pense. Je n'ai toujours pas invité de garçon, et, après le tour que Marc m'a joué, rien que l'idée me dégoûte.

Les conversations semblent avoir un creux, et, un blanc s'installe, accompagnée d'une tension qui croit au fur et à mesure que les secondes s'égrènent... Julie semble être en colère contre Marc, celle ci s'est d'ailleurs décalée sur sa propre partie du fauteuil, quittant ainsi les genoux de son bien aimé. Mon regard passe de nouveau aux deux garçons, Anthony souriant béatement à Jacob, j'en viens à me demander si, le lien qui les unis serait plus fort que de la simple amitié... Mais bon, dans tous les cas, ce n'est pas mon problème et, ils ont le droit de faire ce qu'ils veulent.

Je pose enfin mes yeux sur ce qui, je pense, à attirer chacun notre regard... A la sortie de la pièce qui je pense doit être le salon, trône un gigantesque miroir de trois mètres sur quatre. Les contours sont ondulés, de couleur argent. Je m'y observe à l'intérieur, je vais sur mes dix sept ans mais j'ai l'air d'en avoir cinq de plus, je suis brune, pommettes saillantes et de beaux yeux verts, oui, ce n'est pas très courant... J'ai toujours été en avance sur mon physique, au collège, ma poitrine donnait l'impression aux autres que je passais bientôt mon BAC. Je porte un t-shirt court plutôt banal, accompagné d'une veste et d'un Jean moulant. Je reste encore quelques secondes en contemplation de mon propre reflet, avant de me rendre compte que Marc me regarde dans ce même miroir. Enfin, dire qu'il était en contemplation de mon fessier si avantageux serait plus exacte. Quel con ! Je le fixe sans aucune discrétion, et il me regarde également... Dans les yeux maintenant. Je vois que Julie a détecté notre manège et qu'elle ne semble pas très contente, mais, peu importe, je ne vais pas détourner le regard la première, peu importe ce qu'elle en pensera ou les conséquences que ça aura sur notre amitié. Je remarque également que Jacob et Anthony observent le miroir, qui est désormais l'objet de notre attention à tous. La tension a encore augmenté dans la pièce et Marc ne démord pas... Je me demande si je vais devoir lâcher.
C'est ce moment que choisit l'électricité pour se couper.