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Je me lève d'un bond. Je n'ai pas de temps à perdre, il paraissait réellement angoissé. Je mets des habits provenants de mon armoire, qui, sans sous vêtements, masquent à peine ma nudité. Mais je ferai avec, je passe un gant mouillé sur mon visage, pour enlever un peu les traces les plus visibles de mes larmes et je sors dans le couloir, discrètement. J'hésite à y aller. Je me suis tellement renfermé sur moi cette nuit... Je ne sais pas si je pourrai revoir Marc, sans broncher. Je suppose qu'il sera là bas aussi... Je prends mon courage à deux mains et me dirigent vers l'endroit d'où proviennent... des cris. Plusieurs voix dont celles de Julie se mêlent les unes aux autres. Je sens une tension d'ici. J'arrive finalement au grenier. La lumière vive m'attaque mes yeux : il n'y a pas de fenêtre dans cette pièce, nous sommes obligés d'allumer une lumière particulièrement désagréable. Je rentre, et là, je découvre avec horreur, ce que les quatre autres personnes dans la pièce ont pu voir avant moi : le cadavre de Marc, la tête empalée sur un clou rouillé.

Le premier sentiment qui me traverse est la tristesse. Tristesse d'une vie humaine perdue...à jamais. Et puis, je me souviens de tout ce que m'a fait subir Marc, de son regard fou, de ses doigts rentrants violemment en moi. Je manque de m'effondrer, une fois de plus. Je ne sais pas si j'oublierai un jour...

Perdue dans mes pensées, j'entends à peine que le ton monte dans la pièce, mais finalement, je me concentre de nouveau sur la conversation en cours.
- Il n'a pas pu tomber seul ! C'est évident que quelqu'un l'a poussé ! s'exclame Anthony.
- Ah oui, maintenant, tu es flic toi... lui lance Jacob amèrement.
J'ai l'impression qu'il y a de l'eau dans le gaz entre eux mais je ne saurai dire pourquoi.
C'est alors que je vois Julie, des larmes partout sur le visage, se tourner vers moi. Julie est typiquement le type de personne qu'on a envie de réconforter, de protéger, et là, j'ai plus que jamais envie de prendre Julie dans mes bras. Lui dire que tout ira bien, qu'elle s'en remettra, que c'étais un connard et qu'il ne vaut pas l'énergie dépensée à pleurer pour lui. J'aurai pu lui chuchoter tout ça à l'oreille, tenter de la calmer, si elle n'avait pas levé son bras tremblant pour me désigner de soin doigt et prononcée des mots glaçants :
- C'est elle. C'est elle qui l'a tué. dit-elle d'une voix à peine audible.

Le silence se fait dans la pièce. Un silence lourd, insoutenable. Je contemple sans comprendre cette accusation improbable. Et puis finalement, Julie répond à ma question muette.
- Je vous ais entendu.

Elle fond de nouveau en larme et je fais un pas vers elle, dans le but de la réconforter. Entre deux sanglots, elle s'adresse à moi :
- Il ne méritait pas la mort, tu n'es pas Dieu, tu ne dois pas décidé de la vie ou la mort d'une personne...
J'arrive à sa hauteur, quand soudain, Anthony s'interpose. Je ne comprends pas immédiatement pourquoi, puis, tout devient clair : je n'ai même pas tenté de me défendre, tant je trouvais ça improbable.
- Antho, c'est pas moi, tu me connais.
Il ne répond rien, me regardant avec un petit sourire triste. Je cherche de l'aide auprès de Jacob, resté sans parler depuis son altercation avec Anthony. Il ne me regarde même pas, continuant à fixer le sol. Je décide de retenter avec Antho.
- Anthony, regarde le, regarde Marc. Tu vois sa carrure ? Tu penses vraiment que j'aurai pu le planter comme ça, juste avec la force de mes petits bras ?

Ma voix se brise sur la dernière phrase et Julie fond de nouveau en pleurs. Jacob sort de son jeu d'imitation, jusque là parfait, d'une statue et va l'entourer de ses bras. Anthony lui adresse un regard noir. C'est compréhensible quand on connait le passé commun de Jacob et Julie... Des tas de souvenirs me reviennent en mémoire, l'arbre sur lequel ils avaient gravé J+J, tout le monde pensait, était certain que leur couple durerait pour toujours, il n'y avait qu'à les regarder pour en être persuadé. Et puis, il y a eu un incident, dont je ne connais pas la nature qui a mit fin à leur relation. Je n'ai jamais vraiment essayé de savoir, sans doutes que j'avais un peu peur de savoir comment ce couple si idéal avait finit par sombrer comme tant d'autres...

Anthony me pousse légèrement et nous sortons de la pièce.
- Je te crois Sophia, tu n'aurais pas pu le tuer, tu as trop de respect pour les vies humaines, mais il faut que tu comprennes, Julie est désespéré, elle avait placé tous ses espoirs en lui, tu ne peux pas comprendre, elle se sent trahie, abandonnée...
- Crois moi, je peux très bien comprendre !
Il arrête de parler pendant de longues secondes, pendant lesquels je le fixe droit dans les yeux, puis, il semble se décider :
- Dans ce cas on y retourne, laisse à Julie son deuil, tu lui parleras plus tard.

Nous rentrons de nouveau dans la pièce, la lumière est étrangement éteinte, et on ne voit rien dans le grenier sans cette foutu lumière... J'entends un bruit sur ma droite et j'appelle. Personne ne me répond, mais je sens le souffle d'Anthony sur ma nuque. Cela me rassure, et je continue mon exploration à tâtons. J'entends un bruit d'objet lourd qui tombe au sol derrière moi et me retourne, une vague d'adrénaline dans le sang. Heureusement, le souffle d'Antho est toujours là, ça me rassure. Je me retourne, lui prend la main. Elle est mouillée, il transpire sans doutes encore plus que moi. Le pauvre, il est fragile dans le fond. J'avance en direction de l'endroit où j'ai entendu le bruit. Je vois une masse par terre, je m'agenouille, les contours obscurs ressemblent à un corps humain... Cette veste... Je la reconnais, au toucher, le logo 57. C'est la veste d'Anthony. C'est à ce moment que la personne derrière moi depuis tout ce temps me frappe violemment avec un objet métallique sur la tête. Je perds connaissance.

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