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Je suis en état de choc. C'est le premier cadavre que je vois de ma vie...et heureusement. Je ne suis pas expert mais je crois qu'il n'est pas là depuis longtemps, l'odeur nauséabonde manquant à l'appel. Je ne peux détacher mon regard du corps. Pour moi, Marc n'était rien, un pote, tout au plus, mais je sais bien que pour certaines personnes, il était très important. En parlant du loup... Julie rentre dans la pièce. Elle semble tout d'abord se demander pourquoi j'ai crier, puis, elle aperçoit le corps sur le sol. Quand son cerveau fait le lien entre la personne dont la tête est plantée sur un clou et son amour, elle fond en larme. Elle tombe à genoux et s'approche du corps. Je n'ai pas le coeur de l'en empêcher et un calin me semble...déplacé. Je ne suis pas doué pour ça.

Jacob entre à son tour dans la pièce. Avec lui, j'ai moins de mal, contrairement à Sophia et Julie, dont les réactions sont imprévisibles. Jacob paraît fortement surpris, et tout autant choqué. Je ne m'attendais pas à une réaction aussi forte de sa part...c'est pour le moins inhabituel, mais cela prouve que quelque part dans son corps, il a du coeur, et ça me rassure.

Je peux difficilement soutenir les sanglots de Julie, je me tourne vers le mur, cherchant un endroit plus innocent à regarder. Je vois du crépis près d'un des murs, mais je suppose que c'est normal, la maison n'est pas toute neuve. Soudain, j'entends une nouvelle respiration dans la pièce, bruyante. Je me retourne et découvre Sophia, immobilisée, dans ses pensées. Elle a les yeux rouges et elle ne porte pas ses vêtements de la même façon que d'habitude, elle qui y attachait généralement un soin particulier, elle les porte maintenant négligemment.

- Il faut appeler la police... lâche Jacob entre ses dents.
Immédiatement, l'hypothèse se déroule dans ma tête, les flics m'interrogeant, me demandant qui était mes sois disant grands parents, pour qu'ils puissent les contacter. Je serai immédiatement accusé, et il est fortement possible que le groupe soit embarqué là dedans. Cinq ados dans un lieu isolé à la campagne, une maison inhabitée, mais un peu entretenue, des grands parents fictifs et un mort sur les bras...on ne fait pas plus suspect dans le genre.
- Pas possible.
- Et pourquoi ça ? me retourne Jacob tandis que Julie est figée.
- On sera tous accusés de meurtre, c'est évident !
- Pas du tout, il a sans doutes glissé.
Je regarde le sol, sec comme jamais un sol n'a été sec. Aucun objet pouvant provoquer une chute n'est positionné près du clou.
- Il n'a pas pu tomber seul ! C'est évident que quelqu'un l'a poussé !
- Ah oui, maintenant, tu es flic toi... me lance Jacob amèrement.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai vraiment l'impression que Jacob fait tout ce qu'il peut pour me contredire au maximum. Il faudra que je tire ça au clair avec lui plus tard...

Je vois Julie se retourner vers Sophia, et dans sa manière de le faire, je sens que ce n'est pas amical, c'est au contraire presque...animal.
Elle lève son bras tremblant vers Sophia et j'appréhende les mots qui vont sortir de sa bouche. Dans son état, elle ne peut pas avoir les idées claires, les joues témoignant de ses larmes. J'ai peur qu'elle fasse une bêtise en disant quelque chose qu'elle regrettera plus tard.
- C'est elle. C'est elle qui l'a tué. dit-elle d'une voix à peine audible.

Je pensais à une insulte, mais là, je suis profondément surpris. Muet comme les autres, j'attends, tandis que les secondes s'égrènent. Julie rajoute :
- Je vous ais entendu.
Je me demande immédiatement à quoi elle fait référence. Sophia et Marc ont ils parlé sur elle dans son dos ? Puis, une hypothèse me saute aux yeux. Peut être qu'ils ont couché ensemble à son insu, venant de Marc, cela ne m'étonnerait pas, mais Sophia, elle, ne trahirait pas son amie. Julie pleure de plus belle et Sophia fait un pas vers elle. Je la comprends, on a tout de suite envie de la consoler...
- Il ne méritait pas la mort, tu n'es pas Dieu, tu ne dois pas décidé de la vie ou la mort d'une personne...
Elle arrive à en rajouter encore... Il vaut mieux que Sophia ne s'approche pas trop, je ne veux pas que leur relation se dégrade encore plus que c'est déjà le cas. Elle arrive près d'elle et je me place doucement entre elles, mes yeux dans ceux de Sophia. Elle me regarde sans comprendre.
- Antho, c'est pas moi, tu me connais.
Si il y a une chose dont je suis sûr c'est que ce n'est pas elle. Impossible avec son corps de battre un mastodonte comme Marc. Je lui fais un petit sourire, tentant de lui montrer que je suis d'accord, mais qu'il faut qu'elle arrête d'en parler maintenant. Elle tente de trouver du soutien auprès de Jacob, qui ne lui donne évidemment pas.
- Anthony, regarde le, regarde Marc. Tu vois sa carrure ? Tu penses vraiment que j'aurai pu le planter comme ça, juste avec la force de mes petits bras ?
Sophia est au bord des larmes et sa voix se casse. Jacob bouge enfin et va entourer Julie de ses bras. Des images d'eux s'embrassant me reviennent en mémoire et je lui lance un regard noir sans réfléchir.

J'ai besoin de sortir de la pièce, et je dois parler à Sophia. Je me place devant elle, lui enjoignant de partir en direction de la porte et je la suis. Je la regarde droit dans les yeux et essaye de formuler au mieux ce que je veux lui dire.
- Je te crois Sophia, tu n'aurais pas pu le tuer, tu as trop de respect pour les vies humaines, mais il faut que tu comprennes, Julie est désespéré, elle avait placé tous ses espoirs en lui, tu ne peux pas comprendre, elle se sent trahie, abandonnée...
- Crois moi, je peux très bien comprendre !
Je prend une longue inspiration, réfléchissant, pesant le pour et le contre tandis que les secondes s'égrènent.
- Dans ce cas on y retourne, laisse à Julie son deuil, tu lui parleras plus tard.

Nous rentrons de nouveau dans la pièce mais cette fois la lumière est éteinte. Bizarre... Je me place derrière Sophia pour lui signifier ma présence et nous continuons à avancer dans l'obscurité. Elle appelle. Pas de réponse. C'est de plus en plus étrange, et...qu'est ce que ? Un objet dur me frappe fort en pleine tête et je m'évanouit.       

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