Chapitre Dix : symbiose

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C'est chaud. La roche, contrairement à ce que l'on pourrait croire, est chaude... et pourtant dure. Lorsque mon doigt est entré en contact avec cette étrange étoile, je ne savais pas du tout ce que je faisais, poussée par un instinct méconnu qui m'aidait à obtenir des réponses. Cette fois-ci, les réponses que je voulais, je ne les ai pas eus.

Mon corps se cambre brusquement en arrière, sans que mon doigt ne puisse se détacher de cette surface plane. Ma bouche s'ouvre dans un cri de douleur, et une explosion bat les veines de mon corps. Toute cette chaleur dont fait preuve le cristal, j'ai l'impression qu'elle se répand en moi, comme si c'est un poison, et un poison que je ne peux pas arrêter : je suis incapable de rompre le contact. La chaleur, la lumière, tout me brûle et mord la moindre parcelle de mon âme. Ça fait mal, et je suis incapable de crier. Alors, mon corps réagit et se brusque, déversant ma tête en arrière, mes yeux et ma bouche s'ouvrant grandement pour laisser ce flot d'énergie s'échapper de mon corps. Mon cœur bat à une vitesse effrénée dans ma cage thoracique, ne pouvant supporter d'être enfermer autour de toute cette incandescence. Un cri résonne dans mon dos, et se répercute en écho et en sifflement strident dans mes oreilles devenues sensibles. Mon annulaire gauche me brûle sans que je comprenne pourquoi, et mes yeux grands ouverts aussi. Puis, au-delà de tout ce chao, le battement de mon cœur vient alors taper dans l'air.

Il résonne de partout. Je n'entends plus que lui, d'abord rapide, puis, de plus en plus calme. Jusqu'à-ce qu'il retrouve un battement normal. Alors, il s'épuise, s'épuise, et je finis par ne plus l'entendre battre l'atmosphère. Il est revenu à sa place, dans mon corps. Mes yeux s'habituent de nouveau à l'espace autour de moi. J'arrive à voir. Ce que je vois me déconcerte. C'est une silhouette, en face de moi, de l'autre côté du cristal, que je ne vois plus, mais que je sens bien. Cette silhouette touche elle aussi le cristal, de l'autre côté de l'étoile. Elle aussi, seul son doigt est en collision avec la roche, et elle aussi, me regarde. Je ne suis plus en train de me cambrer pour échapper à une douleur que je ne connaissais jusqu'alors pas. Je suis debout, normalement, devant l'étoile, et j'ai un geste de recul. Je ne peux toujours pas retirer mon doigt de la roche. Cette fois-ci non pas parce que je sens que je ne le dois pas, mais parce que je n'en ai pas envie. J'ai l'impression que je vais briser quelque chose, quelque chose d'important. Mes yeux se brouillent peu à peu, et je n'arrive pas à décrypter la personne que j'ai en face de moi. Je n'arrive pas à savoir si c'est un homme, ou une femme, tout comme je n'arrive pas à comprendre ce que je fais là. Mon cœur recommence déjà à frapper dans mes tempes et dans mon cou.

Alors que j'ouvrais la bouche pour parler, on me tire brusquement en arrière, rompant le contact avec la Grande Ours. Mes oreilles bourdonnantes mettent un moment à décrypter les messages dans l'air, embrouillant mon esprit qui ne sait plus quoi penser. Mes yeux se ferment, de fatigue et parce qu'ils ont mal. Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais je me sens d'un coup, lourde, vidée de toute énergie. En me retirant le contact que j'avais avec l'étoile, c'est comme si, en plus de reprendre son énergie incroyable, elle avait entièrement aspirée la mienne.

-Ora !

Ce mot est prononcé par deux voix, en même temps, de deux hommes. Leur timbre est différent, mais se mélangent, ils se mélangent dans l'écho qui provoque le sifflement qui me vrille les tympans. Leur ton inquiet ne m'a pas échappé. Je suis traînée en arrière, sur le sol, sans grand ménagement. Le sifflement s'apaise à mesure que je me recule de l'étoile, et je perçois un juron grogner dans l'air.

-Aller, Ora, réveille-toi !

Cette phrase, seule une voix la prononce. L'autre semble se perdre dans le cri désespéré de mon prénom. J'arrive à déceler de la colère dans le ton utilisé cette fois pour me parler. Deux mains me tapotent les joues. Je commence à reprendre mes esprits, le brouillard qui m'empêchait de penser se lève, progressivement. J'ai envie de lui hurler de revenir, de rester, de me rendre cette sensation de plénitude et d'insouciance, mais plus je crie, plus il s'évapore, plus il s'éloigne, plus je me rends compte de ce que j'ai fait. En grimaçant, je reprends le contrôle de mon corps. Comme si c'était un signal, mon cœur se met à battre comme un fou, alors que ce n'était franchement pas la peine. Le sang circule avec rage dans mes veines, me redonnant l'énergie que je pensais perdue lors de la perte de contact avec l'étoile. Mes poignets se lèvent avec brusquerie dans l'air, parvenant à choper avec justesse les deux mains qui m'empêchaient d'aller vers ce brouillard remplis de plénitude, et de bonheur. Une expression de colère prend peu à peu place sur mon visage, une colère que je ressens jusqu'aux tréfonds de mon âme. J'ouvre brusquement les yeux face à la personne devant moi, lui faisant comprendre d'un simple regard qu'elle va amèrement regretter ce qu'elle a fait.

Zodiaque - Tome 1 : Le Royaume Oublié.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant