Chapitre Vingt : dans le noir.

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Une fois que le calme est revenu, j'ouvre mes yeux et regarde à nouveau tout autour de moi. Comme précédemment, je ne vois rien. Il faudrait que Gotham recommence à illuminer la grotte avec ses lames, maintenant qu'il n'y a plus le moindre cognards dans l'air, nous ne risquons plus rien. Mais je ne l'entends pas. En fait, je n'entends aucun des deux chevaliers. Je me demande alors, angoissée, s'ils n'ont pas fini sous les rochers. En me relevant un peu trop précipitamment, je me rue vers ce qui ressemblait à une sortie, avant de glisser d'un coup contre le sol et me ramasser par terre dans un grand bruit. Je pousse un cri entre la douleur et la rage, avant de frapper contre la pierre lisse. Je crois que quelques larmes m'échappent. Avec toute cette pression et tout ce que je viens de vivre, je ne peux pas m'en vouloir de pleurer. Même si ce n'est pas le moment. J'ai bien envie de rester là, pendant quelques instants, à me laisser aller à mon chagrin, mais je ne peux pas. Les chevaliers ont besoin de moi. Je suis sûre qu'ils n'ont pas fini sous les décombres, ça serait trop injuste, et un sacré coup du sort...

Sauf si c'est ce que voulait l'intrus ? C'est sans doute pour cette raison que ce satané Vile m'a protégé ! Pour être sûre que je ne meurs pas, et que j'aille conter la nouvelle au quartier général que nous manquons de deux soldats, tout ça parce que nous avons décidés de faire cavaliers seuls. Ou alors, parce que nous avons voulu fabriquer un élément nous permettant de l'arrêter... mais il ne peut pas le savoir. Il ne le peut pas ! Ou alors, il l'a su, et c'est pour cette raison que, très étrangement, il était sur cette foutue planète pile lorsque nous y étions ! Il nous a suivis ! Mais comment... ? Ah, j'oubliais. Il peut arrêter le temps. C'est sans doute grâce à ce léger détail qu'il a pu nous suivre et ainsi épier nos faits et gestes. Je deviens paranoïaque, mais il y a de quoi. Ce qui me chiffonne, et ce qui ne colle pas, c'est qu'il n'a pas tenté de me faire du mal. Au contraire, il m'a protégé. Pourquoi ?

Tandis que je remets de l'ordre dans la logique relative des derniers événements, je me redresse et essaye de me repérer tout autour de moi. A force de vagabonder sur le sol, rampant comme le serpent que je représente, je finis par toucher ce qui ressemble à un amas de roche, dure, malléable comme la cendre, et pourtant brut. Arrivant à peu près à me repérer, j'essaye d'appeler les chevaliers, mais je ne reçois pas de réponse. Alors, sentant l'angoisse monter petit à petit, les sueurs froides me parcourant la colonne vertébrale, je cri d'une voix plus aigüe leur nom.

-Noa ? Gotham ! Répondez-moi !

Je tente de gravir la montagne de petits cailloux, mais je trébuche et tombe dans un petit cri. Alors que je m'apprête à rencontrer le sol lisse et dur, c'est quelque chose de plutôt confortable mais musclé que je frappe.

-Aïe, grogne le Poisson.

-Gotham !

En voulant me remettre debout, je touche de nouveau une partie de son corps.

-Aïe ! proteste-t-il plus vivement. C'était mon visage !

-Excuse-moi, mais je ne vois rien !

-Heureusement que tu ne vois rien ! A quoi doit maintenant ressembler mon beau visage... ? Ah, je vais mourir d'indignation et de mélancolie ! Je vais...

-Gotham, la ferme ! le rabroué-je. On doit trouver Noa, et sortir !

-J'ai déjà entendu ça quelque part.

Je roule mes yeux en soupirant, pensant que c'est maintenant la troisième fois de la journée que je le fais, avant de tenter de me mettre debout. Cela échoue. Je retombe sur le Poisson, qui pousse un grognement de frustration, et je rentre ma tête dans mes épaules en me retenant de m'excuser. Ce n'est pas ma faute, je ne vois rien !

Zodiaque - Tome 1 : Le Royaume Oublié.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant