Le néant est étouffant. Insondable. Impénétrable. Je ne vois rien, je ne comprends rien. Les restes d'amertume se collent dans le fond de ma gorge... et à la douleur se mêle le sentiment de la honte. Je ne peux pas ouvrir les yeux... je ne sais même pas où je suis.
Je ne savais pas, jusqu'à-ce que je le sente, lui.
Ora.
Non. Non, pas cette fois.
Ora...
Non. Laissez-moi tranquille. Laissez-moi en dehors de vos conneries.
Très-Ora.
Non ! Non ! Je ne veux pas ! Je ne peux pas y retourner ! Pas plus quand je comprends de qui vient ce surnom, encore moins quand je sais qu'il a osé m'appeler comme ça. C'est vraiment du foutage de gueule, d'user d'un surnom de mon meilleur ami, et d'en faire un jeu de mot pareil !
Ora, ouvre tes yeux.
Plus jamais. Je refuse. Je ne vois pas pourquoi je devrais ouvrir encore une fois mes yeux, regarder ce monde sans lumière, regarder ces gens qui ne font qu'agir sur les préjugés, et subir tout leur historique stupide ! On dirait qu'aucune évolution n'a lieu dans cet univers, comme si le temps avait décidé de reculer plutôt que d'avancer ! Ce n'est pas possible. Je ne supporte pas ça. Laissez-moi tranquille, allez-vous-en !
-Aurore, regarde-moi.
Agacée, je finis par ouvrir les yeux, n'arrivant de toute façon pas à freiner ma curiosité plus longtemps. Le fait qu'il m'ait appelé par mon prénom m'a sortie de ma tétanie. Je fusille du regard l'apparition en face de moi. Il me sourit. A nouveau. Ce Serpentaire, proscrit, qui a abandonné sa patrie, qui n'a fait que laisser une situation catastrophique derrière lui, qui n'a fait que du mal dans tout l'Univers, qui a radié des innocents de leur Ordre ! Je ne veux pas le regarder en face. Mais je ne suis pas capable de faire autrement. Il tressaille, ferme ses yeux, avant de grimacer.
-Tu n'es pas tendre.
Il peut lire dans mes pensées ?! Voilà qui n'arrange pas son cas, et qui me le fait voir encore plus désagréable qu'il ne l'est déjà à mes yeux.
-Pourquoi le serais-je ?! Vous avez conduit au déshonneur de mes camarades, je ne vais certainement pas vous sauter dans les bras !
Ophiuchus relève son regard vers moi. Il est jade. Exactement comme le mien. Il ne semble pas être le moins du monde outré par mes mots, simplement... triste. Très triste. Il m'offre un regard désolé, mais je n'en ai rien à faire. Je compte bien l'accabler de tout ce qu'il nous arrive, parce que c'est sa faute. Il n'y a pas d'autre explication possible. Je me rends rapidement compte que, si je le vois, c'est parce que je suis en train de rêver. Il n'y a que dans mes rêves que je peux l'apercevoir. Enfin, la dernière fois, c'était le cas... je me mets à le détailler, alors qu'il se redresse. Il ne fait pas la même taille que la dernière fois. Il est d'une dimension plus... humaine. Ou alors, c'est moi qui suis de taille humaine. Ses ailes sont toujours étendues derrière son dos, grandes, majestueuses, avec une galaxie complète se reflétant sur ses plumes brillantes. J'y reconnais à l'intérieur la longue et verte constellation du Serpentaire. Il est lumineux. J'ai l'impression d'avoir une étoile en face de moi... une étoile qui me regarde avec une douceur que je n'arrive pas à comprendre.
-Qu'est-ce que je fais là ? râlé-je.
En regardant autour de moi, je reconnais encore une fois la salle astrologique, celle où je suis apparue, celle où j'ai commencé à comprendre ce qui se tramait dans ce monde de dingue, celle qui m'a permis de comprendre que j'allais vivre une toute autre vie que celle que j'avais prévue pour mon avenir. La Grande Ours est toujours là, elle aussi. Son cristal illuminé et blanc est comme éteint, comme pour nous laisser parler. Cette entité est décidément surprenante. Ophiuchus ne me presse pas, attendant que je me familiarise avec les lieux, avant de me faire un nouveau sourire.
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Zodiaque - Tome 1 : Le Royaume Oublié.
ParanormalUn soir où les étoiles brillent dans le ciel, une jeune fille se fait mystérieusement transplanter dans une autre dimension. Perdue dans les étoiles, contemplant ce nouvel Univers qui est tout sauf rationnel, sa raison s'effiloche et les nouvelles r...