Chapitre Vingt-Deux : nouvelles relations.

244 31 373
                                    

-Aïe ! râlé-je. C'est chaud !

-C'est une bouillotte, Ora, soupire encore une fois Azolt.

Il roule ses yeux en soupirant, avant de me déposer la petite boule de poil toute douce et blanche une nouvelle fois sur le ventre. Il ne plaisante pas. La petite fourrure est brûlante, et je grogne encore une fois en sentant la peluche m'effleurer la peau, mais je ne dis rien. Azolt a l'air agacé. Il se retourne et part en direction d'une table, avec des pots de crème et des seringues dans un coin de la pièce. J'ai retiré le tissu de mon haut de mon ventre, afin de savoir si j'ai encore des séquelles de ce maudit parasite, mais il n'y a rien du tout. Selon Lazuli, c'est purement traumatique, mettre sa crème nacrée ne servirait à rien. Alors, elle et Azolt m'ont donné cette petite bouillotte, qu'ils ont mis à chauffer dans un feu quelques minutes. La chaleur ne tarde pas à contaminer tout mon corps, et à réchauffer tous mes membres. Un soupir de soulagement me traverse lorsque je sens mes muscles peu à peu se détendre.

Voilà quelques minutes à peine que je suis rentré, et tout le quartier général est déjà au courant. Mirza n'a pas daigné se montrer de nouveau en face de moi, mais je suppose que je ne peux pas trop lui en demander, il s'est déjà tellement ouvert à moi. Et inversement aussi. De toute façon, je ne vois pas ce que j'aurais à lui dire de plus... j'ai besoin d'un petit moment pour digérer ce que je viens d'apprendre sur lui et réfléchir à ce que je lui ai confié sur moi. Jusque-là, je n'avais pas trouvé utile de faire part aux autres chevaliers de mes états d'âme autrement qu'en hurlant dans tous les sens et leur criant dans les oreilles. C'est la première fois que je confie quelque chose d'aussi personnel et aussi calmement à quelqu'un de presque inconnu. Presque, parce qu'étrangement je sens que Mirza est un peu plus qu'une simple connaissance maintenant. Je suis dans un lit soyeux, encore à l'infirmerie, loin de toute cette table aux instruments de torture. Habituellement, c'est Noa qui s'occupe de cet endroit, mais le jeune homme est blessé...

A cause de moi.

Il est donc obligé de rester sur le lit. Et il soupire en râlant plusieurs fois quand Lazuli s'enquiert de son état. Elle n'en prend jamais rigueur, toujours un sourire amusé aux lèvres, chantonnant en portant çà et là des pots de terre rempli d'eau, allant dans un coin pour prendre une plante, revenir de sa démarche dansante dans l'autre coin, travailler la plante pour en faire je ne sais quel onguent. Sa démarche légère et son chant m'occupe assez les yeux pour oublier la présence de certains chevaliers autour de moi qui n'attendent que mon regard pour m'assaillir de questions ou de reproches. Enfin, j'essaye de ne pas croiser le regard de Merolt, qui depuis que je suis entré me fixe en attendant que je déballe quelque information que se soit. Lazuli est d'une compagnie rafraichissante, je dois dire. Sa peau très claire est illuminée par les lumières jaunes de la pièce, qui renforcent la couleur orange de ses lèvres et l'ombre de sa peau. Ses cheveux de jais se baladent dans son dos, gracieusement quand elle fait demi-tour, sans jamais rester totalement en place. Azolt, lui finit par revenir vers moi en me lançant un regard franchement agacé, sans que j'ai pourtant fait quoi que se soit pour le mériter.

N'y tenant plus, je soupire et lui lance un coup d'œil suppliant. Qu'il vienne me parler, qu'il fasse quelque chose, mais pas la gueule ! Je n'aime pas quand il est aussi exécrable avec moi comme ça. Je devrais peut-être m'excuser auprès de lui. Je réfléchis à la meilleure façon de l'aborder, mais tout ce que je réussis à faire, c'est à l'éloigner en le faisant rouler ses yeux. Honteuse, je regarde mes mains en triturant mes doigts. Habituellement, je prends plutôt soin de moi. Mes ongles, par mes activités extrascolaires, sont toujours manucurés et coupés court, là ils ont pris de la longueur et parfois l'ongle est écorché. La dernière fois que j'ai posé de la sorte mes yeux sur mes mains, c'était parce qu'elles devenaient bleues. Là, elles n'ont rien d'anormal si ce n'est une certaine rugosité que je n'avais pas lorsque j'étais encore chez moi. En face de moi, il y a toujours Merolt. Le Gémeau n'est pas sorti de l'infirmerie depuis l'attaque que nous avons fait sur le nid de parasites, mais manifestement il est au parfum de tout ce qu'il se trame : Lazuli piaille tellement qu'il est difficile de rater quoi que ce soit. Finalement, je peux peut-être discuter avec lui, ça serait l'occasion de savoir ce qu'il se trame au quartier général, ou plus exactement sur ce qu'il s'est produit en notre absence. Une de mes angoisses serait que Succombe se soit de nouveau enfuie, même si je ne vois pas pourquoi elle ferait ça.

Zodiaque - Tome 1 : Le Royaume Oublié.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant