Chapitre Trente-et-Un : dangereusement fourmillant.

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Le lendemain, en sortant de ma chambre, je jette un regard autour de moi pour être certaine que personne ne traîne dans les parages. Comme à chaque fois le matin, il n'y a que Noa qui est dans sa chambre, enfermé à double-tour pour faire je ne sais quelles expériences étranges. Merolt aime bien se prêter au travail de l'apprenti chimiste aussi, mais il le fait dans des endroits plus fréquentés comme la bibliothèque ou la salle de jeu. Noa, lui, aime vraiment être tranquille, dans le calme et seul. Comme je ne me vois pas le déranger, je passe devant sa chambre sans me stopper, le regard droit, la tête vide, direction la salle d'entraînement. J'ai laissé ma nouvelle ceinture avec mes quatre nouvelles dagues à l'intérieur, et je sens que je vais en avoir besoin, alors je me dépêche d'aller les chercher. Elles sont toujours à leur place. Deux grandes, deux petites, sur une ceinture en cuir noir. Je laisse mes doigts courir sur les lames tranchantes. S'il y a deux mois et demi ont m'avaient dit que j'irais dans une autre dimension pour aller combattre des Vile, auprès d'une bande de douze chevaliers plus atypiques les uns que les autres, je ne l'aurais pas cru et aurait ri si fort que j'en aurais eu mal aux côtes, avant d'appeler un asile psychiatrique.

Maintenant, cette réalité me semble parfaitement tangible et même un peu trop dangereuse. Je ne réalise pas encore vraiment le danger des Vile, sauf celui que représente les ennemis. Mon ventre se souvient assez de l'effet du parasite, bestiole grouillante entre mes intestins pour que je sois certaine que ces choses existent vraiment. L'expérience de cognards me rongeant la chaire du dos est aussi encore assez fraîche dans mon esprit pour que je ne doute pas non plus de la réalité de ces bestioles démoniaques... puis, l'haleine putride des skraus a été la première chose qui me soit arrivé dans la tête lors de mon arrivé dans cette dimension, et ce n'était pas quelque chose d'agréable non plus. Les ennemis sont au moins véridiques, ô joie. Ma main se porte par réflexe à mon ventre, comme il s'agit de la zone où j'ai vécu le plus gros traumatisme, me faisant avaler ma salive. Ces moments ne sont pas de bons souvenirs. Je préfère clairement me rappeler de mes jeux idiots avec Lux plutôt que de revoir cette chose grogner dans mes entrailles et m'électrocuter légèrement lorsque ses pattes me touchent les os, cette créature humanoïde qui m'a fait un sourire d'insecte pour ensuite faire brûler la chaire de mon visage avec la force de son souffle, tout comme les dents métalliques et grinçantes de ses chauve-souris aveugles. J'ai de quoi avoir une dent contre Succombe, maintenant que j'y pense... cette dernière va payer en répondant à quelques questions.

J'enfile la ceinture, rapidement, avant de me tourner vers la sortie. Je n'ai pas le temps de faire un pas que je me stoppe tout de suite, sentant ma respiration se couper, mes muscles se tendre, prêts à bondir hors de portée. Un long frisson me remonte le long de la nuque, lorsque je croise le regard ambre brillant de la personne juste devant la porte.

-Ora, me salue Mirza d'une voix calme, très calme.

-Mirza, déglutis-je.

Je croise mes bras et relève la tête presque aussitôt, bien décidée à ne pas me laisser impressionner, avant de le regarder de la même façon que lui me regarde. Il est calme. Trop calme. Adossé sur la porte de la salle d'entraînement, empêchant quiconque de venir et quiconque de sortir, comme par exemple moi, il m'observe avec attention, les bras croisés et les cheveux cuivré lui retombant lâchement sur le front. Sa peau bronzée et ses muscles saillants occupent tout l'espace du chambranle, m'obligeant ainsi à les observer, même si j'admets que je ne les regarde pas seulement par obligation.

-Je voulais justement te parler, j'engage d'une voix qui se veut assurée. Je sais que vous partez en mission, tout à l'heure. Je veux en être.

Le Lion hausse un sourcil, sans me répondre. Je crois que le fait que je n'ai pas été sympa avec lui ces derniers temps ne l'aide pas à me considérer comme étant partante. Mais je dois venir. Je dois absolument venir, quitte à le regretter amèrement après. Je dois savoir ce que Lux ne veut pas que je sache, ou ne veut pas que je voie, quitte à ce que ça me mette en danger jusqu'à la fin de mes jours. Mirza ne me répond pas. Il ne semble pas vouloir me donner une réponse. Alors, je continue.

Zodiaque - Tome 1 : Le Royaume Oublié.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant