Zodiaque - Tome 1 : Le Royaume Oublié.

Chapitre Vingt-Quatre : sentiments bouleversés.

-Oui, Ora, c'est moi.

Je le regarde. Effarée. Effrayée, aussi. Lux. Mais qu'est-ce qu'il fou là ? Pourquoi il est là ? C'est bien la dernière personne à devoir être ici ! La dernière personne que je m'attendais à voir, aussi. C'est donc lui le saucisson ninja ?! Je suis tellement secouée par cette nouvelle que je ne parviens plus à raisonner. Mon corps est délivré de son pouvoir, et je manque de m'écrouler, basculant en avant par le choc de la nouvelle. Il me retient in extremis par les avants bras, avant de croiser mon regard. Que je croise son regard. Ses yeux chocolat d'une douceur incomparable. Ses yeux d'un brun si parfait, si particulier, et qui à l'intérieur mêle maintenant des filaments d'or à sa couleur naturelle. Sa peau est toujours aussi parfaite, et est toujours de cette couleur beige comparable à la mienne. Ce qui me prouve que c'est bel et bien lui, et pas l'un de ses jumeaux qui pourraient être dans cette dimension, car il n'a pas la peau brillante. Pas aussi brillante que celle d'Azolt, par exemple. Ses cheveux blonds, coupés courts, brillent légèrement dans cet espace si irréel. Son corps est toujours aussi fin et pourtant musclé. Puis, sans que je sache pourquoi, après cette brève observation, il m'attire contre lui et m'emprisonne entre ses bras. Il me sert contre son corps avec une force démesurée. Une force qui n'est pas humaine. Qui me rappelle qu'il n'est pas vraiment humain. Et pourtant, en cet instant, la force qu'il décuple pour me serrer contre lui, pour me garder contre son cœur, qui frappe avec autant de force que le mien dans son corps, me le fait voir plus humain qu'il ne l'a jamais été.

-Lux...

Les larmes me montent aux yeux. Il inspire profondément le parfum de mes cheveux, son torse se soulevant pour accueillir mon odeur qui a dû changer depuis la dernière fois, depuis ma transformation. La sienne aussi à changer. Elle est plus mystérieuse. Elle est plus sombre. Son aura est tout aussi douce qu'elle est noire. Un noir enveloppant, caressant, pas offensif. Il me sert si fort contre lui qu'auparavant, je n'aurais pas été capable de résister. Je serais morte les os broyés. Mais maintenant, je suis plus forte, je suis plus résistante, je suis comme lui. Et je me mets, d'une façon tout aussi désespérée que lui, à le serrer contre moi avec toute la force dont je suis capable. Il ne bronche même pas. Je le laisse me prendre dans ses bras, je laisse sa chaleur contaminer mon corps et je laisse des larmes dévaler mes joues. Il finit par le sentir, et nous finissons assit sur le sol dans les bras l'un de l'autre. Mon cerveau n'arrive plus à fonctionner correctement. Je ne suis plus capable d'aligner une pensée cohérente, claire, logique ou qui ne soit pas folle, parce que la situation est folle. J'ai tellement de questions qui tourbillonnent dans ma tête que je ne suis pas capable de réfléchir ou de les comprendre. Mais je ne dois pas poser de question. Mon cœur ne veut aucune question, aucune discussion, juste ce moment de paix. Je me sens bien. C'est aussi irrationnel qu'impossible, c'est même la chose la plus irrationnelle qui soit depuis que je suis là. Et étrangement, contrairement à mon sens de la réalité de d'habitude, j'accueille cette irrationnalité avec grande joie. Je ne cherche pas à réfléchir. C'est tout aussi bien. Ça m'empêche surtout de devenir complètement dingue.

-C'est moi, chuchote-t-il dans mon oreille. Je suis là, Ora. Tout va bien.

Non, justement, rien ne va. Il ne devrait pas être là, il ne devrait pas pouvoir me serrer dans ses bras, il ne devrait même pas être au courant d'une possible autre dimension. Mais pourtant, il est là, dans cette dimension, à me serrer dans ses bras. Cet intrus imbécile qui m'énerve à un point incroyable. Cet imbécile qu'est Lux de ne pas être venu à notre dernière soirée sous les étoiles. Et au lieu d'une soirée sous les étoiles, que m'offre-t-il ? Le câlin le plus fort, le plus humain et le plus incroyable qui n'est jamais existé. Et au cœur de l'Univers. C'est tout bonnement la chose la plus improbable que j'ai jamais vécu. Pourtant en cet instant, je me sens étrangement bien. Inlassablement bien. Je voudrais qu'il ne me lâche jamais. Que jamais il ne reparte. Je sens pourtant que c'est ce qu'il va devoir faire. Parce que quelque chose, dans le fond de ma logique impitoyable, me dit que cet instant, qui me fait tant de bien, me déchire aussi en deux. Elle me dit aussi que ce n'est pas normal. Elle me dit aussi que c'est tout bonnement impossible, sauf si. Sauf si quoi ? Je n'ai aucunement envie d'y réfléchir, et je bloque toutes mes capacités de raisonnement. Non. Je ne veux surtout pas être au courant de ce que j'ai compris. Je veux rester idiote et ne pas gâcher cet instant. Parce que je me sens bien.