Zodiaque - Tome 1 : Le Royaume Oublié.

Chapitre Trente-Sept : de surprenants pouvoirs.

Ce n'est qu'une fois que j'entre dans le salon dans le quartier général que je me rends compte de ce que je viens de faire. Je me stoppe net. J'ai embrassé Mirza. J'ai vraiment, véritablement, honteusement embrassé le Lion. Il n'a rien demandé, il ne voulait, si ça se trouve, même pas savoir, mais dans la précipitation et la joie soudaine de savoir qu'il n'était pas lié de cette façon à Mirah, j'ai sauté sur l'occasion. Je suis stupide. Stupide, stupide, stupide. Je suis prête à jeter ma spontanéité aux lions, sans mauvais jeu de mot. Dans un gémissement d'apitoiement, je passe ma main sur mon visage et grimace, sentant le rouge de la honte grignoter petit à petit mes joues. Je ne suis pas fière de moi, pour le coup. Habituellement, je sais ce que je fais et ce que je risque, là, j'ai totalement laissé tomber le rationnel pour que mon instinct parle à ma place. Quelle erreur. A force de voir des choses dépourvues de la rationalité que j'ai l'habitude de voir, je deviens moi-même impulsive. Espérons simplement que Mirza soit ou au courant depuis un moment, et qu'il soit trop sonné pour en reparler, ou qu'il décide de passer outre l'incident.

-Ora.

Je relève la tête, constatant que je ne suis pas seule. Merolt me regarde du salon, proche de la table de billard, un verre à la main. Il n'est pas seul. Krell et Tila sont présent, aussi. Comme je vois souvent ces trois-là ensemble, je décide de ne pas les interrompre et je me reprends avant de me diriger vers les escaliers. Le Gémeau me suit des yeux, puis échange un regard avec ses amis, avant de me rejoindre et me rattraper juste avant que je ne quitte la pièce.

-Hé.

Je me tourne vers lui, soudain lasse. Je ne sais pas ce qu'il a dans le crâne, mais cette fois-ci, ça n'a pas intérêt d'être une personnalité que je ne connais pas, parce que ça me déstabiliserait. Le jeune homme à la peau satinée et aux cheveux gris clair jette un coup d'œil dans son dos, avant de poser ses yeux aigue-marine sur moi.

-Est-ce que ça va ?

Je fronce mes sourcils.

-Pourquoi tu me demandes ça ?

-Parce qu'Azolt nous a dit pourquoi tu n'étais pas venu au petit-déjeuner de ce matin.

Je me sens blêmir. Avant de serrer les poings. Azolt ! Pourquoi leur a-t-il dit à eux ? A tous ? Je n'avais pas forcément envie que ça s'ébruite ! Surtout pas qu'on sache que je fais des crises de nerfs dans ma chambre parce que je ne suis pas assez forte mentalement. Merolt lève ses mains devant lui, dans un signe de défense et d'apaisement, avant de reprendre la parole

-Pas comme tu sembles le penser. Il n'a pas donné de détail. Il a juste stipulé que... tu n'étais pas bien. Et à son ton, j'ai remarqué que c'était peut-être aussi notre faute.

Il n'est pas à l'aise, ça se voit. Il hésite sur certains termes, grimace sur d'autres, sans jamais me regarder dans les yeux. Le Gémeau n'est pas dans sa zone de confort, c'est flagrant. Je me demande ce que je peux en déduire. Qu'il fait des efforts ? Qu'il essaye ? Quoi qu'il en soit, je n'ai aucune bonne excuse pour le remballer, alors j'hausse simplement mes épaules.

-Rien de bien grave.

-Tu n'as pas besoin de nous épargner, tu sais, me stipule-t-il en me jetant un coup d'œil suspicieux. Si j'ai été désagréable avec toi, je préfère le savoir.

Je fronce à nouveau mes sourcils, avant de me remémorer le peu de temps que j'ai pu passer avec lui. Il ne m'a jamais sembler désagréable, sauf ces derniers temps, mais il avait des raisons. La seule fois où j'ai trouvé son comportement bizarre, c'est lorsque nous sommes allés dans cette planète remplie de skraus, et qu'il ne savait pas encore que Lux est mon meilleur ami. A part ça, il n'y a pas eu de comportement particulièrement déplacé. J'ai l'impression qu'il le demande surtout pour les autres, au vus du regard qu'il lance en direction de Tila. Elle ne fait pas mine de venir me parler, mais je remarque qu'elle écoute avec attention notre conversation.