Chapitre 2

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- Donc si je comprends bien, ses parents récupèrent sa fortune, toi t'as un jeu de clefs de mon appartement, quant à moi, j'me coltine ta face ? récapitula-t-elle après avoir lu la copie du testament de Ken.

Jane était assise, les jambes sous sa couverture et le dos contre la tête de lit. Elle portait un vieux et large t-shirt gris, un peu délavé par le temps, à l'effigie d'une de leur première tournée avec le nom de leur groupe écrit en noir : " THE EROTES ". Malgré les poches sous ses yeux et la mine triste qu'elle arborait, Jane était devenue une très belle femme au visage doux. Elle avait peu conscience de l'effet qu'elle pouvait bien avoir sur le sexe opposé et cela ne faisait que décupler sa beauté. Jane lui tendit le document, il le prit et elle garda le bras tendu avec la main ouverte. Le brun fronça les sourcils.

- Quoi ?

- Les clefs.

- Elles sont à moi, il me les a léguées.

- Techniquement oui mais juridiquement non, car elles ouvrent un bien qui m'appartient, fit-elle sûre d'elle. Donc rends les moi.

- Non.

Ken ne chercha pas à poursuivre la conversation et s'en alla dans le salon. Jane sortit de son lit et l'y suivit.

- Je suis sérieuse Ken.

- Et bien, moi aussi, se retourna-t-il pour lui faire face.

S'ensuivit une dispute du type "non, c'est moi qui ai raison" entre le rappeur et la jeune femme vêtue seulement d'un t-shirt et d'une petite culotte bleue. Ken finit par abandonner en soupirant. Il cessa juste d'essayer de lui parler, elle était bien trop bornée. Et ça, il l'avait bien remarqué au fil des années. Lorsque Jane revenait en France en compagnie de Léo, celui-ci l'entraînait aux soirées auxquelles il était invité. Et à chaque fois, il voyait de la rancœur dans les yeux de Jane. La plupart du temps, elle fuyait ailleurs quand elle voyait Ken arriver et le reste du temps, lorsqu'elle ne le voyait pas débarquer et qu'il était trop tard pour s'échapper, elle restait très froide avec lui.

– C'est quoi le problème avec Ken ? demandait toujours Léo.

– Aucun, je l'aime pas, c'est tout, répondait-elle alors dans ces moments là.

– Pourtant tu kiffes ses sons, la taquinait-il sans arrêt.

Cela amusait Léo de voir sa meilleure amie se confondre en mensonges parce qu'elle avait honte d'avoir embrassé ce garçon lorsqu'elle n'était qu'une adolescente. Léo, bien qu'au courant pour le baiser qu'elle avait volé à Ken, préférait attendre patiemment le jour où Jane lui raconterait elle-même.

Mais elle ne le fit jamais. 

Ken quitta l'appartement, sans un mot de plus. Dans l'ascenseur, il ressortit le bout de papier de sa poche et le relus : " Garde un œil sur elle ". Pourquoi lui ? Si Jane allait mal, Ken était l'une des dernières personnes qu'elle aurait envie de voir. Et ça, Ken le savait. Le brun rentra chez lui où un silence de mort régnait. Il retira sa veste et ses chaussures avant de se laisser tomber sur son canapé. Il faisait tourner les clefs de l'appartement de Jane entre ses mains, l'air pensif. Seul le tintement des clefs s'entrechoquant entre elles se faisait entendre. Sur celle qui ouvre le portail, il y avait un "L" inscrit au marqueur, probablement pour Léo. C'est la sonnerie de son téléphone qui le sortit de ses songes. Il attrapa son cellulaire enfoui dans la poche de son jean noir. C'était le père de Léo. Il décrocha.

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