Si Jane ne voulait pas aller à Boston pour les fêtes, c'était Noël qui allait venir à elle. C'était ce que Ken avait en tête. Il était incapable de se résoudre à la laisser seule dans son immense appartement à une telle période. Il n'allait bien évidemment pas la pousser dans un avion pour les Etats-Unis mais il pouvait au moins lui offrir un bon moment.
Le 24 décembre, vers dix-huit heures, alors que la nuit était déjà là, Ken débarqua chez Jane. Elle était dans sa chambre et s'affairait à son activité la plus palpitante : embêter le pauvre Albert. Quand Ken ouvrit la porte, Jane leva les yeux vers lui. La chambre était dans la pénombre et elle ne le voyait pas bien mais la lumière du salon lui permettait de voir comment il était vêtit. Il portait un pantalon noir et un de ces pull de Noël. Il était mignon ainsi. Jane secoua la tête avant de dire :
- Tu ne devrais pas être-
- Si donc habilles-toi, on va être en retard, lança-t-il en allumant la lumière ce qui fit rugir Albert qui décida de descendre du lit et aller dans le salon.
Ken se dirigea vers la penderie de Jane. Il y avait l'embarras du choix. Le brun attrapa une petite robe rouge et se tourna vers Jane qui n'avait pas bougé d'un pouce, hormis ses sourcils qu'elle s'était mise à froncer.
- C'est jolie ça non ?
- Évidemment que c'est jolie, ça ne serait pas dans ma penderie autrement.
- Cool, alors enfile là, on s'en va dans un quart d'heure, dit-il en lançant la robe sur le lit.
Il commença à s'éloigner pour sortir de la pièce mais il s'arrêta lorsque Jane fit :
- Je tiens pas venir, Ken.
Il se retourna. Il se doutais que cela ne pouvait pas être aussi facile que ça.
- Parce que tu as une meilleure soirée en vue ?
- Oui.
- Seule ici ?
- Y'a Albert.
- Ça compte pas.
- Bien sûr que si.
- Enfile cette robe, je te dis.
Il tenta le tout pour le tout en ne la laissant pas le contredire, fermant la porte derrière lui. Ken s'assit sur le canapé, à côté d'Albert qui avait étrangement les yeux encore ouverts.
- Tu crois qu'elle va venir toi ? se mit-il à lui poser la question.
Pour toutes réponses, le gros matou posa sa tête sur sa patte avant de s'endormir. Autant dire que le chat n'y croyait pas. Et pourtant, il aurait dû. Jane sortit de sa chambre, pieds nus, vêtue de la petite robe qu'il venait de sélectionner, accourant vers la salle de bain. Elle n'était apparue dans son champs de vision qu'une fraction de seconde et c'était tout juste s'il arrivait à y croire. Il l'avait convaincue. La belle brune revint vers lui à peine cinq minutes après, légèrement maquillée et apprêtée de la tête aux pieds. Elle était vraiment belle, Ken le réalisa lorsqu'il la vit en face de lui. Et pourtant, elle n'avait rien fait de grandiose mais un rien pouvait rendre Jane éblouissante, en un rien de temps. Le brun finit par retrouver sa langue :
- Prépares un sac avec des vêtements pour demain et un pyjama, réussit-il à dire après plusieurs secondes.
- On dort là-bas ?
Ken hocha la tête.
- Le petit-déjeuner, le matin de Noël, chez les Samaras, il n'y a pas mieux, sourit-il.
Ken et Jane arrivèrent un peu avant dix-neuf heures devant l'immeuble où vivaient Panayotis et Isobel Samaras. Devant la porte d'entrée, le brun tapa deux petits coups pour signaler de leur arrivée avant de presser la poignet. Jane le suivait timidement. Ses yeux se posèrent sur les photos et les bibelots qui n'avaient pas vraiment changés de place depuis le temps. La dernière fois qu'elle était venue ici, elle était repartie en courant. Ken l'entraîna dans la cuisine où sa mère regardait la cuisson de la dinde.
- Salut, M'man.
La femme referma le four et se retourna pour prendre son fils dans ses bras. Isobel n'avait pas non plus beaucoup changé. Même si Jane en gardait un souvenir assez vague, elle se souvenait qu'à chaque fois qu'elle venait faire un exposé avec Ken - du moins avant que l'incident ne se produisit -, Isobel s'était toujours montrée très accueillante avec elle. Les yeux bruns de la mère de Ken finirent par tomber sur la jeune femme restée à l'écart, dans l'embrasure de la porte. Un sourire s'étendit sur ses lèvres.
- Oh Jane, je suis ravie de te revoir !
Isobel se dirigea spontanément vers la jeune femme pour la serrer contre elle. Dans un murmure que Ken ne put pas entendre, elle lui fit : « J'espère que ton cœur guérira ma puce ». Jane n'eut pas le temps de répondre qu'elles se séparèrent.
- Ken, tu veux bien ajouter un couvert sur la table, demanda-t-elle avant de retourner voir sa dinde. J'ai beaucoup à faire ici.
Le brun fit signe à Jane de le suivre. Dans le couloir qui reliait toutes les pièces entre elles, elle le questionna :
- Tu n'as pas prévenu que je serais là ?
- Ça ne la dérange pas, je t'assure. Et puis, ma mère pense toujours qu'on est quinze pour Noël et mon père est obligé de finir les restes jusqu'au Nouvel An où c'est reparti pour un tour.
Suivi de la jolie Jane, Ken pénétra dans la grande pièce qui alliait le salon et la salle à manger. Près de la fenêtre dont les rideaux étaient clos, un sapin lumineux et vifs par ses boules et guirlandes colorées en tout genre trônait fièrement. Il s'avança vers son vieux père assis sur son fauteuil. L'homme assez robuste avait bien une bedaine plus épaisse qu'auparavant à cause de tous les repas des réveillons passés. Il avait une vraie barbe, à ce demander si Ken était vraiment son fils. Il se leva pour serrer la main de son fils, il était moins tactile qu'Isobel.
- Tu te souviens de Jane, P'pa ?
L'homme resta muet plusieurs seconde, essayant de se rappeler de la jeune femme qu'il avait sous les yeux, avant que sa femme n'apparaisse et ne l'aide à se remémorer.
– Mais si enfin Pana, ça remonte à l'époque où Ken avait repris les cours, elle venait tout le temps pour des exposés, tu ne te souviens pas ?
– Oh excuse moi Jane, c'est qu'en dix ans, tu as bien changé, fit-il avec un sourire chaleureux.
Jane lui répondit que ce n'était rien, elle les remercia de lui offrir l'hospitalité en ce soir de réveillon tandis que Ken s'affairait à rajouter un quatrième couvert sur la table joliment décorée pour l'occasion. En début de soirée, Jane recouvrit son caractère timide d'y a dix ans mais Isobel avait le pouvoir de mettre à l'aise quiconque et la brune finit par rire de bon cœur avec eux, elle en avait tant eu besoin.
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Fissure
FanfictionUn monde s'écroule si vite sans son pilier. Ce qui soutenait celui de Jane Quiffird, c'était son Léo. Sans lui elle ne serait rien, répétait-elle souvent lors de ses discours de remerciements, et aujourd'hui, elle n'est plus rien. L'histoire contien...