Ken n'avait pas parlé d'Ali depuis une éternité. La peur de rouvrir les plaies nichées sur son cœur, sans doute. Cela faisait des années qu'il désespérait en amour. Après la mort d'Alicia, il était impossible pour une femme de le séduire mais après deux ans, le rappeur s'est laissé aller aux nuits sans amours. Puis, il s'est repris en rencontrant Olivia avant que tout ne foire. Ce fut ensuite le tour d'Anna et maintenant venait celui de Marjorie. Avec cette dernière, il voulait vraiment que cela fonctionne.
Le dîner avec Marjorie et Jane n'avait pas été annulé, simplement repoussé à la semaine suivante. La brune lui avait dit qu'elle était impatiente de faire sa connaissance. C'était vrai et elle afficha un joli rictus lorsqu'on lui ouvrit la porte.
– Jane ! Je suis ravie de te rencontrer.
Marjorie affichait un magnifique sourire sur le bas de son visage. Elle était de celle qui n'avait pas le moindre défaut. Même sa voix était éblouissante. Jane se sentit tout à coup petite et laide en l'espace d'un court instant. Elle suivit la blonde à l'intérieur. La brune cherchait Ken du regard, elle se sentait mal à l'aise seule avec cette inconnue. Il y avait bien trois couverts posés sur la table mais pas le moindre signe de vie du brun.
– Ken m'a beaucoup parlé de toi, essaya Marjorie pour éviter qu'un silence ne s'installe.
Jane se tourna vers elle, les sourcils froncés. Qu'avait-il bien pu dire ? S'était-il moqué d'elle à propos du baiser ? Lui avait-il raconté ce qu'elle avait fait à nouvel an alors qu'il la draguait ?
– Il m'a dit qu'il t'a connu au lycée.
Jane fut instantanément soulagée.
– Oui, on avait langues mortes ensemble. C'était mon voisin en cours.
– Oui, il m'a dit. Il m'a aussi raconté que tu trichais toujours sur lui quand c'était des devoirs de grec.
Jane rit un peu.
– Et lui trichait sur moi quand c'était du latin.
Marjorie se mit à rire à son tour. Bon Dieu, même son rire était splendide.
Une porte s'ouvrit et Ken apparut dans le dos de Jane. Il était heureux de voir que le courant passer déjà bien entre les deux femmes. Il laissa son regard détailler la tenue de Jane. Elle n'était pas tournée vers lui mais il était certain que, dans cette petite robe vert forêt, elle était magnifique. Elle l'était toujours, inconsciemment. Un sourire niché sur les lèvres, il fit remarquer sa présence.
– Qu'est-ce qui vous fait tant rire ?
Le deux belles paires de yeux se tournèrent vers lui. Marjorie ouvrit la bouche pour simplement dire le sujet de leur discussion mais Jane la devança.
– Ton bouc.
Ken leva les yeux au ciel avant de venir lui déposer un baiser sur le front. Le dîner se passa à merveille. Les conversations s'enchaînaient sans que le silence ne puisse s'immiscer entre eux. Marjorie parlait de sa dernière collaboration avec une grande marque quand Ken décida de reprendre les assiettes pour débarrasser. Jane en profita pour complimenter la cuisinière pour le plat.
– Oh non, je suis une catastrophe en cuisine. C'est Ken qui nous a concocté tout ça.
Jane tourna la tête vers la porte de la cuisine où l'homme avait disparu. Marjorie reprit son histoire, qui était un peu ennuyeuse, il fallait l'avouer, sur un acteur exécrable pendant une séance photo. Ken revint avec les desserts.
– Je détestes les artistes par moment, lâcha-t-elle.
Le rappeur et la chanteuse la fixèrent alors et Marjorie mit plusieurs secondes à remarquer leurs regards insistants. Elle se reprit immédiatement :
– Enfin, j'vous aime bien vous deux. Vous n'êtes pas de ceux qui sont capricieux.
Le rire de Jane vint balayer la gêne de la blonde. Ken sourit, il aimait le fait que les deux femmes s'entendent bien.
Après avoir terminé le dessert, ils continuèrent à bavarder pendant un moment. Jane finit par signaler qu'il était temps pour elle de renter chez elle.
– Tu veux que je te ramène ? demanda Ken.
– Non, c'est bon, je vais reprendre le métro.
– Il est tard, c'est pas prudent.
Le ton de Ken était sérieux. En temps normal, Jane aurait dit qu'elle était une grande fille et qu'elle savait se débrouiller mais elle n'avait pas envie de s'engueuler après une si bonne soirée. Elle accepta alors. Après avoir salué Marjorie, elle quitta l'appartement talonnée par le brun. Lorsqu'elle poussa la porte de l'immeuble, le froid vint fouetter ses petites jambes couvertes d'un fin collant noir. Jane resserra les bords de son manteau beige en suivant Ken jusqu'à la voiture. Le début du trajet fut silencieux - Ken n'avait pas allumé la radio -, jusqu'à ce qu'il demanda :
– Alors ?
La brune regardait les lumières de la ville défiler derrière la vitre.
– Elle est parfaite.
– Non, qu'est-ce que tu penses d'elle ?
– Je viens de te le dire, elle est parfaite. Elle est belle, pas conne... Son seul défaut, c'est qu'elle ne sait apparemment pas cuisiner mais je suis certaine que le truc le plus basique qu'elle sait faire, c'est un tiramisu à tomber par terre.
– Donc, tu ne l'aimes pas.
– J'ai jamais dit ça. Elle est super gentille. Je dis juste que t'es tombé sur la meuf parfaite et que t'es vraiment débile d'essayer d'avoir l'approbation de quiconque. Je suis sûre que tes parents sont dingues d'elle.
– Je ne leur ai pas encore présenté. C'est bien trop tôt.
– Et tes potes ?
– T'es la première à qui je la présente.
Jane fut étonnée.
– Pourquoi ?
– J'en sais trop rien. Il aurait essayait de me la chourer, fit-il sur un ton enjoué avant de reprendre plus sérieusement. Et je me suis dit que vous pourriez devenir de bonnes amies.
Jane éclata de rire, de ceux qui sont impossibles à arrêter.
– Quoi ? Y'a quoi de si drôle au juste ? demanda-t-il confus.
– Tu es fou de croire que, cette fille et moi, on a quelque chose en commun.
– Mais je croyais que le courant passait bien.
– Oui mais ça s'arrête là. Elle est du genre à kiffer faire les boutiques et parler mode pendant des heures. De quoi me tuer.
La voiture pénétra dans le parking souterrain et se gara.
– Écoutes Ken, c'est gentil de ta part mais des amies, j'en ai déjà.
– Mais en ce moment, il n'y a que moi.
– Pour le moment, ça me va. Quand ta gueule me saoulera vraiment, j'appellerai les filles.
Jane claqua un baiser sur sa joue avant de quitter le véhicule. Ken attendit de voir la belle brune disparaître derrière les portes de l'ascenseur.
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Fissure
FanfictionUn monde s'écroule si vite sans son pilier. Ce qui soutenait celui de Jane Quiffird, c'était son Léo. Sans lui elle ne serait rien, répétait-elle souvent lors de ses discours de remerciements, et aujourd'hui, elle n'est plus rien. L'histoire contien...