Chapitre 21

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Assise en tailleur sur le parquet de sa chambre, une boîte à chaussures remplies d'objets en tout genre ouverte à côté d'elle. Elle était tombée dessus par hasard en cherchant sur l'étagère la plus haute de sa penderie une paire de chaussures introuvables. C'était le genre de boîte qui réapparaissait sans crier gare et qui nous faisait sourire mélancoliquement. Ce type de rictus qui nous faisait mal car ils tentaient de retenir les larmes. Elle retomba sur le boîtier bleu que Léo lui avait offert pendant l'été de leurs retrouvailles.

- Qu'est-ce que c'est ? Mon anniversaire, c'était en janvier, avait-elle dit en voyant le petit cube recouvert d'un papier cadeau des plus hideux.

Ils étaient à Boston, dans la chambre de Jane. Celle-ci était assise, adossée contre la tête de lit et le châtain était allongé sur le ventre.

- Je sais et j'ai pas pu t'offrir ton cadeau. En plus, on est le 17 juillet 2010 et tu as exactement 18 ans et 7 mois aujourd'hui. C'est un jour à marquer le coup, tu ne crois pas ?

Léo avait ce sourire sur les lèvres qui le rendait si mignon. La jolie Jane dépouilla l'emballage avant de découvrir que ce cube était une boîte à bijoux. Elle fit les yeux ronds.

- Tu es cinglé ? Un bijou ? Mais le voyage a déjà dû te coûter un bras, t'es complètement idiot !

- Tais toi et ouvres.

La brune ouvrit doucement le boîtier et découvrit un joli bracelet en argent avec un médaillon en forme de cœur. C'était la plus belle chose qu'on lui eut offert. Jane serra son meilleur ami dans ses bras, touchée par ce présent.

Le bijou ne quitta jamais le poignet droit de la belle brune. Du moins, jusqu'à ce que, dans la cohue d'une foule de fans, le bracelet ne se casse et tombe. Ce ne fut qu'après être entrée dans l'hôtel qu'elle s'en était rendue compte. Elle avait alors envoyé des gardes du corps chercher le bijou mais il était introuvable, disparu. Un fan l'avait peut-être ramassé. Ce fut l'une des rares fois où elle avait farfouiller les réseaux sociaux, espérant que celui qui l'avait pris serait assez idiot pour s'en venter, en vain.

Le bruit de la porte d'entrée fit revenir Jane à la réalité. C'était Ken, il n'y avait pas le moindre doute. Elle remit le boîtier vide dans la boîte à chaussures dont elle remit le couvercle à la hâte avant de cacher le tout en haut de sa penderie. Elle entendit les pas du brun dans le salon. Elle laissa échapper un soupire quand elle referma les portes de son dressing. Elle n'entendait plus Ken. Étrange. D'ordinaire, il allait directement la saluer. Elle décida alors de sortir de sa chambre, sans bruit. Jane le découvrit en pleine lecture interdite. Elle s'empara de son carnet.

- C'est quoi cette manie que t'as à fouiner au juste ?

- C'est vraiment beau, ignora-t-il. Tu comptes enregistrer ?

Jane se laissa tomber sur le fauteuil adjacent au canapé où il était assis.

- Je ne pense pas revenir un jour sur le devant de la scène.

- Mais tu as tellement de talent pour ça. Tu es faite pour ça, même si tu ne l'as jamais voulu.

Jane soupira.

- De toute façon, j'ai plus de maison de disques.

Elle avait dit cela pour clore la discussion mais ce fut un échec.

- Signes chez nous, chez Seine Zoo.

Ken avait l'air très sérieux et Jane repensa à la conversation qu'elle avait eu à Boston, le mois dernier, avec ses amies.

- En plus, elles sont en français ces chansons-là. Une maison de disques ici est plus adaptée du coup, renchérit-il.

- Je ne chanterai plus jamais. Pas sans lui.

Ken comprit que le sujet était plus délicat qu'il n'en paraissait.

- Désolé. Mais si tu as besoin d'un stud' pour te défouler, Seine Zoo t'ouvre grand ses portes.

Jane lui sourit, elle appréciait la proposition mais il fallait qu'elle soit honnête avec lui.

- Quand nous étions à Boston et que tu souffrais du jetlag, les filles sont venues me voir. Elles m'ont proposé de monter notre propre maison et je pense accepter.

Ken fronça les sourcils.

- Mais il y a deux secondes, tu as dit qu'on entendrait plus jamais ta voix...

- Je ne compte pas sortir quoique ce soit. Juste, je commence à m'ennuyer ici. J'aime Paris mais je n'ai personne ici. Alors qu'à Boston, il y a les filles.

- Donc je te saoules déjà ?

Ce fut au tour de la brune de froncer les sourcils.

- L'autre jour, tu as dit que quand je te saoulerai, tu retournerai voir les filles.

- Non, c'est pas du tout ça. J'ai besoin de changer un peu d'air. Cet appart' est grand mais j'y étouffe. J'ai besoin de revoir mes copines, d'essayer de reprendre ma vie. Et gérer cette entreprise me donnerait un nouveau but.

Ken hocha la tête, l'air compréhensif, mais au fond, il était vexé qu'elle ne lui en ait pas parlé plus tôt de ce projet. Par ailleurs, elle n'avait pas décidé cela sur un coup de tête. Cela faisait des semaines que l'idée des filles la séduisait de plus en plus.

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