Chapitre 15

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Ken finit par prendre le pli aux heures et coutumes de Boston. Cela faisait une quinzaine de jours qu'ils étaient là et Jane jugea qu'il était temps de faire visiter la ville au rappeur. Il était dix-neuf heures passées quand ils quittèrent la maison familiale des Hudson et le jour commençait à fatiguer. Ken portait son éternelle casquette Seine Zoo sur le crane et Jane avait obté pour un hoodie avec une bonne capuche, espérant qu'on ne la reconnaisse pas cette fois-ci.

– Tu dis tout le temps que t'adore marcher, j'espère que c'est pas un mensonge, lança Jane.

– Pure vérité.

Ils se lancèrent alors dans les rues de Boston. Cette ville avait le mérite d'avoir beaucoup de beaux monuments et d'abriter la plus prestigieuse université du globe, Harvard. Mais Jane n'allait pas lui montrer tous ces endroits que l'on conseillait dans les guides touristiques. Ils marchèrent tout en discutant.

– C'est tranquille ici.

– Oui, c'est l'avantage des petits quartiers résidentiels.

Il n'y avait pas ça à Paris. Si on voulait un peu de tranquillité, il fallait traverser le périph'. Jane et Ken s'aventurèrent plus en profondeur dans la ville jusqu'à en rejoindre le centre. Les prunelles du brun regardaient dans tous les sens. Les néons des enseignes, les bruits de la ville... Sa curiosité était toute ouïe. Ken, voyant un cinéma au bout de la rue, proposa à Jane de se faire une séance.

– Y'aura pas de sous-titres français, tu sais, répliqua-t-elle.

– Ouais, mauvaise idée, dit-il résigné.

Jane l'entraîna plutôt dans un tout petit restaurant, elle se faufila jusqu'aux cuisines. Elle tapota l'épaule du chef cuisinier. Il se retourna et son visage sérieux se transforma par la surprise. Il finit par la prendre dans ses bras.

– Oh Jane, I knew you were around, but I didn't think I'd see you in my restaurant. I'm sorry about what happened, Leo was a good guy.

– Thank you Matt.

Le dénommé Matt mit fin à l'étreinte. Les yeux bleus du jeune homme se tournèrent vers Ken, planté derrière Jane. Celle-ci le remarqua et le présenta alors :

– Oh, this is Ken, a friend. It's a piece of shit in English, so he doesn't understand a word we're saying.

Jane parlait suffisamment vite pour que les mots ne parviennent pas au cerveau du français. Matt rit, Ken ne comprenait pas pourquoi. Jane demanda au blond s'il faisait toujours son fameux chili con carne. Il lui répondu par l'affirmatif en disant qu'il allait mettre ça sur le feu. La brune précisa qu'il fallait une sauce végétarienne pour Ken. Matt les installa ensuite dans une salle au fond du restaurant, comme il le faisait toujours quand elle venait.

– Tu connais tous les chef cuisto de Boston ou... ? questionna Ken.

– Non, Matt est un vieil ami du lycée. Il était nouveau comme moi en dernière année – il venait du Texas – alors on s'est un peu entraidé.

Ken hocha la tête. Il découvrait la vraie Jane ce soir là et ne voulait pas en rater une miette. La brune avait beau avoir été décrite dans mille interviews, elle restait très secrète. Matt vint en personne les servir. Ils continuèrent de discuter tout en savourant la spécialité texane cuisinée par le vieil ami de Jane. Ken poursuivit la conversation sur le terrain de l'arrivée de la jeune femme ici.

– Ça a dû te faire vraiment bizarre de changer du jour au lendemain de vie.

– Oui et je sais pas ce qui m'a fait le plus drôle, ne plus avoir mon meilleur ami ou ne plus pouvoir parler français.

FissureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant