Chapitre 4

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Les semaines passèrent et Ken venait tous les jours voir comment elle allait. Depuis qu'Albert était là, il trouvait toujours la porte de la chambre de Jane légèrement entrouverte. Le gros matou dormait à côté de la brune. Ainsi, Ken en profitait pour regarder discrètement si elle dormait avant de faire un peu de ménage. Il attendait accompagné d'un bon livre qu'elle se réveille. Il essayait de lui parler par moment mais Jane restait très fermée à la discussion. Elle était effondrée, il en avait conscience, mais il fallait qu'elle réussisse à tenir le coup. Si Ken ne venait pas, il était persuadé qu'elle se laisserait mourir de faim en restant dans son lit à fixer le point invisible sur son mur. Elle ne mangeait que trop peu, ce qui la rendait si faible mais elle n'en avait que faire. Le brun remplissait alors le frigo et la gamelle d'Albert pour elle mais pour ce qui était du frigidaire, ce n'était pas comme s'il désemplissait énormément vu qu'elle n'avait pas l'appétit vorace ces derniers temps. Les jours s'accumulaient jusqu'à en devenir des semaines et Jane arborait toujours son teint pâle et sa tristesse transcendait toujours ses émeraudes.

Ce jour là, Ken nettoyait le bar en attendant que Jane daigne à pointer le bout de son nez. Le brun délaissa l'éponge lorsqu'il entendit vibrer le cellulaire de Jane sur la table basse du salon. Il le prit et regarda de qui venait l'appel. Le nom de "Maître Johnson" s'affichait sur l'écran. Il devina à la sonorité du nom de famille que cet avocat devait sans doute être américain. La curiosité le titillait mais ce n'était pas à lui de répondre et surtout, après les salutations en anglais, il n'aurait pas su quoi dire à l'américain. Il reposa alors le téléphone sur la petite table et le laissa vibrer jusqu'à ce que l'appel bascule sur la messagerie.

Plus tard dans la matinée, Jane vint prendre son habituel petit déjeuner : une tartine de beurre qu'elle trempe dans un bol de café bouillant dont elle ne boira pas la moindre goutte. Ken lisait son livre et lorsqu'elle vint s'échouer sur le fauteuil en face de lui, Albert bondit sur ses genoux et un tendre rictus vint se poser sur le bas du visage de Jane, faisant revivre la jeune femme. Le brun coinça un bout de papier entre deux pages avant de le poser sur la table basse, près du téléphone de Jane.

- Il a sonné ce matin, dit-il en le pointant.

- Hum hum, fut le seul son qu'elle émit.

Jane continuait de caresser le matou aux poils roux comme si cela ne l'intéressait pas le moins du monde. C'était le cas.

- C'était ton avocat Jane, c'est peut-être important.

- Tu fouines ? leva-t-elle un sourcil.

Ken soupira. Elle n'avait pas tord, il n'avait pas à s'en mêler mais c'était plus fort que lui.

- Tu devrais peut-être le rappeler, lui conseilla-t-il.

- Peut-être.

Cela voulait dire non, Ken en avait conscience et ne chercha pas à être plus intrusif. Mais trois jours passèrent et ce fut trois matins où Ken entendit vibrer le cellulaire qui n'avait pas bougé depuis un moment. Les deux premières fois, il laissa le boitier tranquille et en parla à Jane lorsqu'elle se leva, seulement celle-ci se fichait de ce que l'on pouvait bien avoir de si important à lui dire. En revanche, la troisième fois, Ken, rongé par la curiosité, répondit. L'échange fut comique. En plus d'un pitoyable niveau en anglais, il peinait à se faire comprendre avec son affreux accent français. Il comprit tout de même une chose : Jane avait de sérieux problèmes avec sa maison de disque.

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