Chapitre 27

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La lumière du petit matin pénétrait à peine les stores de la chambre quand l'alarme de son téléphone sonna. Jane réussit à quelque peu se défaire de l'emprise de Ken pour toucher l'écran du bout des doigts. Le brun resserra ses bras autour d'elle et la rapprocha encore plus près de lui.

- Pourquoi t'as mis un réveil ? grogna-t-il toujours les yeux fermés.

Jane sourit. Son visage n'était qu'à quelques centimètres du sien. Elle le trouvait définitivement irrésistible au réveil, avec ses cheveux en bataille.

- Pour dire au revoir aux mariés. Leur avion est en milieu de matinée.

Jane voulut se lever mais impossible de bouger. Elle était condamnée à rester dans ses bras.

- Ken, soupira-t-elle.

Celui-ci ne put s'empêcher d'esquisser un sourire, les paupières toujours closes. Jane leva les yeux au ciel. Ses mouvements étaient limités mais elle eut une petite idée. Elle vint lier leurs lèvres, le prenant de cour. Il desserra son emprise en répondant à son baiser. Il n'avait pas encore ouvert les yeux et cela semblait être un rêve. Jane se retrouva bientôt à califourchon sur lui. Elle avait pris le dessus et cela plaisait beaucoup au brun. Du moins jusqu'à ce qu'elle ne le laisse en plan en se levant. Les prunelles de Ken virent le jour et notamment Jane s'habiller. Il se redressa sur ses coudes.

- C'est cruel, tu le sais ?

Jane enfila son débardeur satiné de la veille, camouflant, au grand dam de Ken, sa poitrine. Elle ne portait que cela et une culotte couleur chair. Elle tourna la tête vers le lit et lui offrit un sourire malicieux comme réponse. La brune attrapa un short de pyjama dans son armoire et le mit. Elle revint vers les lèvres qu'elle aimait pour les embrasser une dernière fois avant de quitter la chambre. La porte refermée, Ken se laissa retomber sur le matelas.

La brune descendit à toute vitesse les escaliers. Myriam était dans l'embrasure de la porte, une valise au bout de sa main baguée. Entendant le vacarme, elle se tourna.

- Oh Jane, tu n'étais pas obligée de te lever si tôt pour nous.

- Bien sûr que si.

Jane alla se blottir dans les bras de sa mère. Celle-ci lâcha sa valise pour serrer sa fille.

- Je te souhaite d'être heureuse, fit Jane.

- Je le suis déjà.

Les deux femmes se séparèrent. Myriam vint caresser la joue de sa fille avec une ultime tendresse.

- Je te le souhaite aussi, dit-elle, un rictus sur le bas du visage.

La jeune femme avait beau eut essayé de faire monter Ken le plus discrètement possible, Myriam n'était pas dupe. Jane sourit et sa mère vint embrasser son front. La brune se tourna alors vers Josh.

- Take care of my mother.

- Be sure of that.

Jane vit la voiture s'éloigner depuis le perron. Elle était heureuse que sa mère ait enfin la vie qu'elle méritait avec un homme bon. Elle avait le droit au bonheur, après toutes les épreuves qu'elle avait traversées.

La brune referma la porte derrière elle. Elle se souvint alors de la première fois qu'elle avait posé les pieds ici. Elle se souvenait encore de la première nuit qu'elle avait passé entre ces murs. L'adolescente ne s'y sentait pas chez elle à l'époque. Sa place était à Paris, pas ici. Elle s'était retourné dans son lit, encore et encore. Elle avait gardé les yeux ouvert toute la nuit à cause du décalage horaire. Mais ce n'était pas le sommeil qui lui manquait le plus, c'était son Léo. Aujourd'hui, elle pourrait traverser tous les océans de ce bas monde pour espérer le retrouver mais plus aucune terre, aucune île, ne l'abritait.

À cette pensée, Jane eut envie de pleurer mais elle se retint en entendant des pas à l'étage. La maison était loin d'être vide. Deux petites têtes brunes déboulèrent dans les escaliers en direction de la cuisine. Leur joie de vivre fit frémir Albert qui dormait paisiblement sur l'une des chaises autour de la table. Bobby n'était pas venu seul au mariage. Sa femme et ses deux enfants ont eux aussi fait le voyage depuis Hong Kong. Les fameux parents semblaient encore dormir là haut alors elle décida de leur faire le petit déjeuner. Alors que Jane faisait crépiter le bacon dans la poêle, Ken apparut. Il prit place à la table avec les deux enfants. Il essaya de parler avec eux mais la communication était compliqué. Respectivement âgés de 6 et 8 ans, Ru et Chang avaient déjà un meilleur niveau d'anglais que le rappeur. Jane riait doucement à chaque phrase qu'il tentait. Elle finit par servir les petits garçons.

- Et moi alors ? fit-il la moue.

- Toi, t'es grand.

Le brun se leva et se dirigea alors vers fourneaux. Il posa deux assiettes sur la table, une à sa place et une devant Jane.

- J'ai pas très faim.

- Alors tu ne mangeras qu'un peu.

Ken avait cet éclat bienveillant dans les yeux. Bien évidemment lorsque les pancakes furent prêts, il en remplit l'assiette de Jane. Celle-ci n'en avait pas encore manger la moitié que Bobby débarqua dans la pièce. Du haut de ses trente trois ans, Bobby était un très bel homme. Mais cela ne l'empêchait pas de toujours être taquin avec sa petite sœur. Alors, tout naturellement après avoir serré la main à Ken, il piqua un pancake dans l'assiette de Jane avant de vite l'enfourner dans sa bouche.

- Hé, c'est à moi ça !

- Plus maintenant, dit-il la bouche pleine.

La bonne humeur était de mise dans la maison familiale des Hudsons.

- Au fait, tu as réussi à ouvrir son ordi ?

- J'ai abandonné, c'est impossible à moins d'être un petit génie de l'infor-

Jane se coupa, une idée en tête, les yeux rivés sur son frère.

- Bobby, tu sais entrer dans un ordinateur sans effacer le moindre fichier ?

- Ouais pourquoi ?

Jane ne lui donna aucune réponse et lâcha sa fourchette pour courir à l'étage. Elle revint avec l'ordinateur en main. Elle le posa devant Bobby. Celui-ci ne fit pas plus de six manipulations avant de déclarer :

- C'est quoi ce mot de passe tout pété ?

La brune y jeta un œil.

RiquiquiJane

FissureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant