Chapitre 8

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Jane occupait la chambre de la jeune sœur de Ken. Le petit réveil posé sur la table de chevet indiquait deux heures de la nuit et Jane essayait vainement de trouver le sommeil. Elle décida de repousser la couette et de sortir du lit, puis de la chambre. Elle traversa le couloir jusqu'à entrer dans la cuisine. La pièce était quelque peu éclairée par les lumières de la rue. Elle préféra alors ne pas allumer celle de la cuisine, histoire d'éviter qu'elle ne réveille Ken ou bien l'un de ses parents. Elle se mit à chercher un verre et lorsqu'elle trouva, elle se remplit un verre d'eau. Jane ne pu en boire qu'une gorgée avant d'être surprise par la lumière qui illumina la pièce.

- Oh c'est toi, Jane.

Celle-ci hocha la tête.

- Désolée, je vous ai réveillée, s'excusa-t-elle.

- J'ai le sommeil léger, c'est mon fardeau, sourit Isobel avant d'émettre maladroitement un bâillement.

La mère de Ken se rapprocha et s'adossa contre le frigidaire.

- Tu as passé une bonne soirée ? s'enquit-elle.

Jane hocha la tête avant de baisser les yeux. Ceux-là commençaient à se remplir de larmes, prête à glisser le long de son visage. Isobel n'était pas dupe et lui demanda alors :

- Tu es sûre que ça va ?

Ce furent les mots qui déclenchèrent la chute d'une première larme tandis que sa respiration se fit suffocante, Jane essayait tant bien que mal de ne pas éclater en sanglots. L'instinct maternelle d'Isobel l'intima de prendre la jeune femme dans ses bras. Et Jane ne put plus se contenir et fondit complétement en larmes. À ce même moment, tapis dans l'ombre, Ken écoutait la conversation depuis le couloir.

– Pourquoi pleures-tu ?

La quincagénaire se doutait de la réponse mais il fallait que Jane laisse tout ça sortir.

– Je me sens coupable.

– Pourquoi donc ?

– D'être là.

Jane pleurait tant qu'il lui était difficile de parler.

– D'être vivante, rajouta-t-elle.

Isobel se recula légèrement et posa la paume de sa main contre le bas du visage de Jane avant de balayer les larmes de son pouce.

– Ne dis pas ça ma puce. La vie est très dure mais tu es forte, tu vas surmonter cette épreuve, j'en suis certaine.

– Non, pas ça, j'en suis incapable. C'est trop difficile, je peux pas...

Elle fondit de nouveau en larmes et Isobel la serra de nouveau dans ses bras. La mère de Ken se mit à faire des ronds avec sa main dans le dos de la brune afin d'essayer de calmer ses pleurs. Elles restèrent un moment ainsi. Lorsque les eaux salées de Jane furent asséchées, chacune retourna à sa chambre. Ken eut tout juste le temps de se cacher dans le salon avant qu'elles ne passent dans le couloir.

Après ce qu'il venait d'entendre, il ne pouvait pas juste aller se recoucher comme si de rien était. Il se dirigea donc vers la chambre qu'occupait la brune et ouvrit tout doucement la porte avant de la refermer derrière lui.

- Ken ? murmura-t-elle en apercevant sa silhouette.

Pour toute réponse, il prit place dans le petit lit à côté d'elle avant de passer un bras derrière sa tête et la serrer tout contre lui.

Un couple et un enfant entrèrent dans l'appartement au petit matin, il n'était même pas encore neuf heures. La mère fit à son fils :

– Et si tu allais réveiller Papi et Mamie ?

Le petit garçon s'engagea alors dans un sprint jusqu'à la chambre de ses grands parents avant de ne sauter sur leur lit. La mère, quant à elle, se mit en tête d'aller poser ses affaires dans sa chambre. Lorsqu'elle y entra, elle fut surprise de voir que son lit d'adolescente était occupé par son frère tenant une brune dans ses bras. Elle se racla la gorge pour signaler sa présence mais leur sommeil était lourd. Comme une adorable petite sœur, elle glissa sa main sous la couette et se mit à chatouiller le pied de son grand frère. Seulement, elle s'était trompé de pied et se fut la brune qui se réveilla. Lorsque Jane se tourna, réveillant Ken par la même occasion, la jeune sœur de ce dernier entrouvrit la bouche.

– D'habitude c'est sous le sapin les surprises, pas dans mon lit, rit-elle après avoir repris ses esprits.

Ce fut la même réaction pour son compagnon lorsque tous les trois le rejoignirent dans la salle à manger.

– Ferme la bouche, tu vas avaler une mouche.

Ken rit, amusé, avant de faire les présentations.

– Je te présente ma petite sœur, Irène et son mec, Rémi.

Il se tourna ensuite vers les deux autres et leurs  dit :

– Vu vos gueules vous devez la connaître. Dis Irène, M'man est levée ?

– Hugo s'en charge, t'inquiètes.

Irène remarqua que Rémi était toujours bloqué sur Jane et lui donna un coup de coude.

– T'arrêtes, tu vas lui faire peur.

– Désolée mais j'ignorais que c'était ta nouvelle belle-sœur.

Irène se tourna alors vers Ken alors qu'on entendit du mouvement en cuisine.

– C'est vrai ça, pourquoi tu m'as pas dit que j'avais une nouvelle belle-sœur ?

– Jane est une amie.

Irène fut profondément déçue et Jane, surprise. Avait-il dit ça pour faire simple ou était-ce vraiment le cas ?

Alors que la famille Samaras était attablée autour d'un copieux petit-déjeuner de Noël concocté par Isobel et son petit fils, Irène accaparait Jane.

– J'arrive pas à croire que je t'avais vu quand j'avais 14 ans et que je m'en souviens même plus, fit-elle entre deux bouchées. En tout cas, je ne laverai plus jamais mes draps.

Toute la table se mit à éclater de rire. Plus que les cadeaux, c'était les sourires les plus précieux à Noël.

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