Chapitre 17

1.5K 117 6
                                    

Ken se fit amplement pardonner auprès de Marjorie. Il passa la nuit chez elle et toutes les autres de la semaine qui suivit. Il n'en oubliait pas pour autant de veiller sur Jane en se rendant chez elle une fois par jour. Ken trouvait que la chanteuse allait mieux et qu'elle n'avait plus besoin qu'il la surveille incessamment comme au début du mois dernier.

Un soir, avant qu'il n'aille rejoindre Marjorie, Jane lui demanda quelque chose.

- Dis, je peux te demander un service ?

- Hm hm.

- J'aimerais aller quelque part demain mais j'ai pas envie de prendre les transports, pour plus de discrétion. Du coup, tu voudrais bien m'y conduire ?

Ken accepta.

- Mais tu veux aller où ?

- À Courbevoie.

Le brun voulut lui demander ce qu'elle voulait y faire, il savait qu'elle y avait vécu petite, mais il reçut un message de Marjorie qui lui demandait pourquoi il était si long. La blonde n'était pas jalouse qu'il aille voir Jane si régulièrement mais elle ne la connaissait pas et restait sur ses gardes. Ken lui avait dit qu'ils étaient amis depuis le lycée alors qu'en réalité, ils ne se connaissaient que depuis cette époque. Il n'avait pas raconté à Marjorie l'histoire du baiser, pour ne pas l'inquiéter. De toute façon, c'était si vieux qu'aujourd'hui Jane en avait oublié sa rancune.

Ken embrassa le front de Jane avant de s'en aller retrouver sa petite amie.

Le lendemain, ce fut en début d'après-midi que Jane rejoignit Ken dans sa voiture. Après une bonne demi heure de route, ils arrivèrent dans la ville d'enfance de Jane. De là, la brune indiqua le chemin à Ken et lui demanda de se garer devant un petit immeuble. Le brun le reconnut, il y était déjà venu. Léo et ses parents vivaient ici quand le beatmaker était encore inconnu du monde entier. Le bruit de la portière de Jane fit revenir Ken à la réalité. Il hésita un peu mais sortit pour la suivre. Jane composa le code du bâtiment avant d'en pousser la porte. Ken la suivit dans les escaliers, l'ascenseur était en panne. Arrivée au cinquième étage, Jane s'arrêta devant l'avant dernière porte du palier et pointa du doigt celle du bout.

- Léo a grandi juste là.

Jane se tourna vers la porte devant laquelle elle s'était arrêtée et y inséra une clef avant de la tourner dans la serrure. Elle pressa la poignée et ils entrèrent à l'intérieur.

- Et moi, ici.

Ken savait que Jane avait grandi près de Léo mais il ignorait qu'ils étaient voisins. Il suivit Jane d'un pas lent, il prenait le temps de regarder les vieilles photos de famille sur les murs. C'était ici que son père devait donc habiter. Jane s'assit sur le vieux petit canapé en cuir et Ken l'y rejoignit.

- J'ai pas pu me résoudre à faire les cartons et vendre l'appartement.

Ken fronça les sourcils.

- J'aurais jamais cru que la mort de mon père puisse me toucher, rajouta-t-elle.

Le brun ne dit rien. Il voulait simplement la laisser se confier.

- Je déteste cet endroit pourtant. Quand je me mets à cette fenêtre, je repense au jour où j'avais vu mon frère, qui n'avait que 14 ans à l'époque, monter dans la voiture en pleine nuit pour conduire ma mère à l'hôpital parce que sa lèvre inférieure s'était gravement ouverte sous les coups, dit-elle en regardant la fenêtre du petit salon. J'ai jamais eu à raconter à Léo ce que faisait subir mon père à ma mère. Les murs étaient assez fins pour qu'il le sache. D'ailleurs, je crois que tout l'immeuble était au courant de ce qu'il se passait ici mais jamais personne n'a bougé le petit doigt.

FissureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant