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Une main qui secouait violemment son épaule la sortie de son rêve. Elle poussa un grognement et se retourna pour enfoncer son visage dans l'oreiller.

« Il est 7h03. Ça fait déjà trois minutes que tu devrais être debout, habillée et prête à partir. Alors tu te lèves tout de suite avant que je le fasse moi-même. » Camila ne répondit pas. Elle devina au son de la voix que c'était une femme, sûrement son accompagnatrice. La bataille commençait. Elle ne bougea pas d'un pouce. Elle n'entendit plus la femme parler pendant de longues secondes, elle se dit que c'était bon signe. Elle réalisa qu'elle se trompait quand elle sentit le côté droit du lit se soulever, l'entraînant au sol avec sa couette. Imperturbable, Camila fit comme si sa hanche qui venait de frapper le plancher ne la tordait pas de douleur et ramena la couette sur elle pour continuer à dormir.

« Tu veux te foutre de ma gueule toi ? Ne commence pas à jouer à ça, je gagne toujours. Lève-toi.

-Va crever. » Premiers mots à son accompagnatrice. Elle était trop fatiguée pour penser à quoique ce soit d'autre. Elle sentit deux mains l'empoigner et la soulever avec une facilité humiliante. La femme la plaqua au mur, l'obligeant à lui faire face. Bien que ses yeux verts donnaient l'impression de trouer son âme, Camila fit tout pour ne pas être intimidée.

« Je crois que t'as pas bien compris où t'étais toi. Ici, quand ton accompagnatrice te dit de te lever, tu te lèves et tu fais ton lit, c'est tout. »

Camila ne pouvait se détacher de l'emprise de la femme. Elle décida de rentrer dans son jeu.

« Oui, bien sûr, je te demande pardon. J'ai pas l'habitude. Tu peux me laisser m'habiller s'il-te-plaît ?

-Dépêche-toi. Je m'occuperai de ta punition plus tard. »

La femme la lâcha et sortit de la chambre. Camila ne perdit pas de temps, elle ramassa son téléphone, ses écouteurs, son oreiller et sa couette et se précipita dans la salle de bain qu'elle ferma à clé. Elle se recoucha sur le sol et brancha ses écouteurs au volume maximum. Au bout de quelques minutes, elle entendit de violents coups sur la porte, ce qui la fit sourire.

« Tu sais vraiment pas contre qui tu te bats toi. » La femme arrêta de taper contre la porte. Camila entendit du bruit de l'autre côté, mais n'y prêta pas attention. 30 minutes plus tard et après avoir tendu l'oreille pour vérifier que son accompagnatrice était bien partie, elle sortit de la salle de bain. Elle découvrit dans un cri de surprise sa chambre encore plus vide qu'avant. A la place de son lit, elle ne trouva qu'un petit mot posé au sol.

[Puisque tu ne veux pas faire ton lit, je te l'enlève. Espérons que tu te réveilles plus vite quand tu dors sur le plancher. Oh, et j'ai aussi pris tes vêtements, tu n'en auras pas besoin. Ici, on est en uniforme. Va voir dans le placard. Je reviens dans une heure.]

Camila resta bouche bée. Elle n'avait plus de lit. Plus d'habits. Elle se tourna vers le placard et l'ouvrit pour découvrir un simple jean noir, un t-shirt bleu marine et une veste marron avec les initiales de l'école brodées sur les manches. A côté de cette tenue se trouvait un jogging large gris et un t-shirt blanc. Sûrement sa tenue de sport. Elle observa les deux tenues avec un air de dégoût. Elle enfila le jogging et le t-shirt, qui lui semblaient plus confortables. Elle empoigna son sac à dos et sortit son petit carnet rouge et un crayon de papier. Dans ce carnet, elle notait tout ce qui lui passait par la tête, des pensées, des souvenirs, des dessins, des chansons... Tout ce qu'elle avait besoin d'extérioriser. Aujourd'hui, la note était simple :

[Please, kill me. Or I will do it myself.]

Une larme vint se déposer en bas de la page. Suivit d'une deuxième. Et d'une troisième. Elle referma le carnet et le rangea dans son sac. Elle croisa les bras devant elle et y enfouit sa tête. Son corps tremblait à chaque sanglot. Elle avait faim. Elle était fatiguée. Elle ne voulait pas être ici. Elle en voulait à ses parents de l'avoir envoyée ici. Elle leur en voulait de ne pas l'aimer. Elle s'en voulait de ne pas être aimée. Et plus que tout, elle était terrorisée. Elle avait peur de cette école, peur des jours qui allaient suivre, peur d'être encore plus seule qu'avant. Elle continua de pleurer silencieusement, la musique berçant ses oreilles. Soudain, elle entendit la porte claquer derrière elle. Elle se redressa et essuya d'un geste rapide ses joues. Elle se retourna et fit face à son accompagnatrice.

All I Need - CAMRENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant