All I Need - CAMREN

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Camila passa sa nuit à écouter de la musique et à gribouiller des pages de son carnet en noir en pleurant. Elle avait failli casser son ukulélé, mais tenait trop à l'instrument pour ça. Elle ne s'était jamais sentie aussi vide que pendant cette nuit-là. Vidée de ses forces et sans celle qui lui en donnait, elle se rendait maintenant compte de la place qu'occupait Lauren dans sa tête et dans son cœur. Elle repensa à la musique qu'elle avait chanté le soir-même. Elle avait été stupide de tomber pour Lauren. Elle repensa à la phrase qui lui avait dit Shawn quand il avait appris que son chien était mort quand il avait dix ans : « On ne se rend compte de la valeur des choses que quand on les perd. » Cette phrase était tellement vraie. Elle avait naïvement pensé qu'en perdant Lauren, elle se rendrait compte qu'elle s'était enlevée une épine du pied parce que la brune ne valait pour elle qu'un tas de problème en plus. Mais devant les pages noircit de son cahier, elle se rappelait de tout ce qu'elle lui avait apporté. Lauren n'était pas une épine, c'était un arbre immense qui l'élevait du sol. Et en repassant dans sa tête tous ses souvenirs, elle se rendit compte de quelque chose qui la fit frissonner : elle aimait Lauren. Elle était éperdument et désespérément amoureuse de Lauren.

Le dimanche passa sans qu'aucune ne sorte de sa chambre, sans qu'aucune n'arrive à sortir une seconde l'autre de sa tête. Lauren prit la seule décision qui pourrait lui donner le sentiment de faire quelque chose de bien. Camila fixa son ukulélé toute la journée, à se demander comment elle pouvait autant aimer quelqu'un. Elle se rendormit quasiment dans la même position qu'à son réveil, avec son ventre qui avait brusquement cessé de crier famine.

Camila se réveilla grâce à l'alarme de son téléphone, et non pas grâce à la douce main de Lauren sur sa joue. Ça lui serra le cœur. Elle hésita quelques secondes à ne pas se lever avant de se rappeler qu'elle avait promis à Lauren de rester la même. Si elle ne voulait pas rendre sa rupture trop dure, elle devait respecter ses engagements. Elle se leva donc et enfila ses affaires rapidement. Elle ne prit ni la peine de se coiffer ni de se maquiller, elle n'avait plus personne à qui plaire. En s'avança vers sa porte et remarqua un petit papier glissé dessous, qu'elle ramassa.

[Je suis désolée. J'espère que tu trouveras le bonheur. Je suis partie faire quelque chose que j'aurais dû faire depuis longtemps déjà. Je vais te laisser tranquille, promis. J'ai prévenu le directeur et les accompagnateurs de ne pas s'inquiéter, que c'était normal que tu sois toute seule. Ils ont compris. Je t'en supplie, jure-moi que tu vas continuer à manger. Je ne veux pas te faire de mal, je suis juste complètement stupide. Tellement stupide et égoïste que j'ai tout fait en fonction de moi. Je ne suis qu'une merde, mais j'apprendrai à devenir meilleure. Je me suis perdue dans mon métier à vouloir aider les autres sans m'aider moi-même. T'avais raison, t'as toujours eu raison. C'est pas humain de ne penser qu'aux autres. Quand j'arriverais enfin à faire ce qui est vraiment bien, je viendrais te demander pardon. Je sais que je ne le mérite pas, mais j'ai l'infime espoir que tu puisses me l'accorder. Je reviens dans quelques jours normalement, mais ne t'en fais pas, tu ne me verras pas. Jusqu'à que tu me fasses un signe que tu veuilles bien me revoir, je te laisserai. S'il ne vient jamais, alors je ne viendrai jamais, je te le jure. Si je pouvais te dire une dernière chose, c'est de croire en toi. Tu es talentueuse, gentille, drôle, attentionnée, intelligente, respectueuse, passionnée, passionnante, créative, forte, magnifique, et j'en passe bien d'autres. Alors crois en toi. Tu peux avoir confiance en toi. Un jour, j'espère que tu pourras aussi avoir confiance en moi. Merci pour tout ce que tu m'as offert, je ne l'oublierais jamais.

A bientôt. Ou peut-être pas en fait. Comme tu veux.

Tu vas me manquer. Tu me manques.

Crois en toi.