41. Hae Won

832 91 112
                                    

J-69

J'aime bien Shanghai. C'est une ville dynamique où il y a toujours des choses à faire, et même si le nuage de pollution dégueulasse au dessus de nos têtes assombrit la vue, il y a quand même plein de trucs sympas à voir. Enfin ça, c'est que ce j'ai lu dans le petit fascicule que nous a filé l'hôtel dans lequel on crèche avec les mecs lors de notre arrivée. Parce que pour le moment, le seul truc que j'ai vraiment vu de Shanghai, c'est le studio dans lequel les gars se sont fait photographier hier, le stade dans lequel ils feront leur concert après demain et la piaule où je reste enfermée le reste du temps. Programme au fond du fun en somme. Mais j'ai pas le choix : plus les jours passent, plus l'échéance se rapproche et plus la montagne de taffe que j'ai à brasser s'agrandit.

A un seul moment, un seul j'ai vraiment été tentée de tout envoyer en l'air, de foutre le camps de Chine et de rentrer chez moi. Cet instant de faiblesse, il a eu lieu forcément quand j'avais Minho sur le dos. Ce bâtard m'avait tellement poussée à bout que je m'étais demandée ce que je foutais là, pourquoi je m'infligeais un truc pareil. J'essaie de donner le change, mais le fait est que je suis pas une machine, ça m'arrive aussi de ressentir des trucs, de déprimer et d'être sensible aux critiques, notamment quand elles sont constantes et injustes avec ça. Je me suis rappelée que techniquement, c'était pas ma bataille. Que je dégustais sévère pour des mecs qu'à la base je connaissais même pas – à une exception près évidemment mais Kris compte à peine. A ce moment là, j'étais vraiment mal, le stress, l'angoisse, la pression étaient tellement forts et m'étouffaient à tel point que ça occultait tout le reste : l'affection que j'ai développé pour les membres du groupe, ce que je ressens pour YiXing, ma rage de vaincre et de prouver ce que je vaux... J'en pouvais plus. Je voulais seulement rentrer chez moi.

Et puis Kris a foutu un pain dans la gueule de Minho et tout est retourné dans l'ordre. Alors ouais, je lui ai fait la tête, mais je pense pas – enfin j'espère pas – qu'il sache réellement pourquoi. Évidemment c'était un peu parce que son acte était débile et que je pouvais décemment pas cautionner qu'il ait recours à la violence comme ça alors même qu'on est déjà dans une merde bien noire et en très mauvaise posture aux yeux de l'agence. Mais je pense surtout que j'étais furieuse contre moi-même de m'être laissée aller à penser de tels trucs, à ne serait-ce que songer à abandonner. Une part de moi sait que je l'aurai jamais fait, mais si Kris avait pas fait un coup d'éclat pareil, est ce que je me serai ressaisie aussi vite ? Est ce que j'aurai trouvé la force toute seule de me sortir de cette spirale infernale à moindre frais ? J'en suis pas certaine. Et c'est pour ça que j'étais en colère contre lui : parce qu'en faisant acte de force, il m'a aussi prouvé à quel point moi j'avais pu être faible. Et clairement, c'était le dernier constat sur moi-même que j'avais envie de faire à cet instant.

Maintenant, ça va mieux. Je passe toujours ma vie à travailler, mais je suis un peu plus sereine. Je pense que c'est en grande partie grâce aux garçons pour être 100% honnête – même si JAMAIS ils ne le sauront. Ces cons culpabilisent tellement de ne pas m'avoir défendue face à Minho que maintenant ils sont aux petits soins avec moi. Au début ça m'a bien gonflée parce que j'avais l'impression de les avoir encore plus dans mes pattes qu'avant et après le passage de Minho, j'avais besoin d'espace. Mais finalement, j'ai réussi à les éduquer et à en faire de bons petits esclaves, ce qui est pas trop mal.

Installée en tailleur sur mon lit, l'ordi sur les cuisses, je décortique le planning de la semaine prochaine que j'ai rédigé hier soir en prenant des notes pour organiser les déplacements. J'ai toujours aimé la gestion. C'est le genre de moment où je suis tellement concentrée que je pense à rien. Mais aujourd'hui, je peux pas empêcher mes yeux de faire la navette entre mon document word et l'heure en bas de l'écran. JinAh est censée nous rejoindre à l'hôtel pour faire une surprise à Luhan et même si j'ai mis une alarme pour me prévenir du moment où je suis censée me préparer pour aller la chercher en taxi à l'aéroport, j'ai tellement hâte de la voir que j'ai du mal à rester concentrée. Une nouveauté chez moi. Avant, rien ne pouvait me faire perdre de vu mon objectif une fois que je me l'étais fixé. Quelques mois en Chine loin de ma famille et de ma meilleure amie m'ont appris que parfois, il faut savoir lâcher du leste et savourer des petites émotions toutes connes comme l'excitation, l'enthousiasme ou la gratitude. J'ai trop souvent bridé toutes ces choses. Maintenant, j'en ai plus envie. Je dis pas que je vais me transformer du jour au lendemain en bisounours niais toujours là à réclamer des câlins comme le dernier des fragiles – autrement dit en Tao – mais je vais faire en sorte de... m'ouvrir un peu. C'est déjà un bon début.

Indomptable [EXO - Lay]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant