57. Hae Won

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J'ai le cœur qui cogne dur contre ma cage thoracique. Mes mains sont tremblantes, un peu moites. J'essaie de donner le change, mais c'est toujours compliqué de ne pas se sentir comme une petite merde quand on est convoquée dans le bureau de l'un des hommes les plus puissants dans le monde de la musique coréenne.

C'est absurde parce que dans l'immédiat, j'ai rien à craindre. Je ne bosse plus pour lui, si on met de côté mon boulot de back-danseuse occasionnelle et j'ai aucun compte à lui rendre. Néanmoins, un mot de travers de la part de monsieur Kim à mon sujet et ma carrière à peine entamée dans le management est terminée. Ça, je peux pas me le permettre.

Je prends une longue et profonde inspiration par le nez avant de toquer à la porte du big boss de la SM qui a demandé à me voir. Je n'attends pas longtemps avant d'entendre sa voix m'inviter à entrer et je m'exécute. Plus le temps d'avoir peur. A présent il s'agit d'assurer. Et de sauver les meubles dans l'hypothèse où j'aurai foutu le feu aux poudres avec mon intervention à la réunion.

Monsieur Kim referme un dossier qu'il lisait en me voyant débarquer et m'adresse un salut de tête poli en me faisant signe de m'installer sur le fauteuil face à lui. Je me souviens de la première fois où j'ai mis les pieds ici. J'ai l'impression que ça fait 10 ans, mais je me rappelle que là non plus, j'en menais pas large. E j'avais les pieds en compote aussi. Mais ça aujourd'hui, ça va : depuis que je porte des pompes qui me coûtent la peau du cul et plus des bouses achetées pour deux patates sur wish, je revis à chaque pas, même du haut d'un bon 15cm.

« Mademoiselle Nam, quelle montée en popularité en l'espace de sept mois, commence monsieur Kim en croisant les mains devant lui. J'ai suivi de près vos agissements et je dois avouer que je n'ai pas été déçu.

- D'une bonne façon j'ose espérer ?

- D'une très bonne façon, confirme t-il en esquissant un début de sourire. »

Il se lève de sa chaise, s'approche de la fenêtre donnant sur un panorama de Séoul derrière son bureau et me tourne le dos. J'ai l'impression d'assister à une scène de fin d'un film un peu nul, avec le méchant s'apprêtant à dévoiler son plan diabolique en faisant l'erreur de sous-estimer le héros.

« L'équipe n'a pas tarie d'éloges à votre propos. Ils estiment déjà que vous serez une recrue de choix une fois votre diplôme en poche. Je ne me prononcerai pas encore à ce sujet mais je reconnais que votre façon de mener vos troupes me fait penser à celle de votre père. »

Je profite du fait qu'il puisse pas voir ma tête pour tirer une sale gueule. Euuh... Mon père a jamais été une référence super glorieuse dans mon imaginaire professionnel. J'aurai préféré être comparée à ma mère qui a eu le genre de carrière dont je rêve là où mon père c'est...

Je fronce les sourcils. Tout bien réfléchis, mon père aussi s'en est pas trop mal sortit niveau carrière. Il est l'un des chorégraphes les plus demandés de la SM, touche un salaire presque aussi élevé que celui de ma mère et même si j'ai jamais trop compris pourquoi, toutes les autres danseuses semblent le respecter et le porter en haute estime. Huumm... C'est peut être moins insultant que ce que je croyais d'être comparée à mon daron.

« Et j'admire particulièrement l'entêtement dont vous avez fait preuve dans votre guerre d'usure contre la décision du premier conseil. »

Cette fois, je sens tout mon corps se figer. De quoi il parle là ? Enfin non, c'est pas ça la bonne question. Ce serait plutôt : est ce qu'il parle vraiment de ce que je pense ?

Monsieur Kim se tourne enfin vers moi en haussant un sourcil presque espiègle, ce qui rend bizarre chez un homme à l'expression aussi grave la plupart du temps.

Indomptable [EXO - Lay]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant