Ma tête pulsait sourdement. La migraine avait élu domicile la veille et avait planté ses griffes acérées dans mon esprit toute la nuit.
J'étais donc d'une humeur de chien et j'avais annulé mon rendez-vous avec le doc. Sinon, j'allais commettre un meurtre.
Le moindre bruit faisait se dresser les poils de mes bras et résonnait. D'une main tremblante, je réussis à me servir un café et je bus une longue gorgée. J'avais les yeux fermés, la faible lueur de l'aube m'éblouissant. Je cumulais les merdes de ce genre en ce moment et en général, ce n'était jamais très bon signe. J'avais toujours été sujette aux migraines ; un truc qui se transmettait dans la famille. En même temps que le cholestérol et le cancer du sein. Rien que ça.
Je me hissai sur mon plan de travail après avoir mis la main sur une clope. Pas la meilleure idée, mais en ce moment, je ne réfléchissais pas comme d'habitude. La mort de Sean avait été un coup dur, même s'il n'avait pas été depuis bien longtemps avec moi. N'en restait pas moins qu'il n'avait été qu'un gamin et qu'il n'aurait pas dû mourir.
Les obsèques étaient aujourd'hui et je ne pouvais pas y aller. Je ne pouvais pas.
Faire ça à sa mère, qui restait seule maintenant que son fils unique s'en était allé. Pourquoi irais-je ? Ma culpabilité ne se lisait-elle pas assez ? J'étais flic, j'aurais dû avoir l'habitude de la mort, de perdre des collègues, des coéquipiers, des amis. Ce n'était pas la première fois que ça arrivait. C'était une logique presque intrinsèque dans notre métier. Une réalité que j'avais acceptée en commençant. En choisissant cette voie.
J'appuyai mon front contre le bord de ma tasse. Et soupirai.
Il fallait que j'y aille. Je ne pouvais pas fuir mes responsabilités. Pas de cette façon. J'étais quelqu'un de responsable. Sur qui on pouvait compter.
Et Maria était une femme qui avait besoin de soutien. Le mien. Même si ça ne ramenait pas son fils. Il était parti pour de bon. Un petit jeune, qui aurait peut-être dû y penser à deux fois avant de se lancer dans une carrière pareille. Je frottai ma nuque, où quelques mèches rebelles s'étaient échappées de mon chignon.
Je ne supportai plus mes cheveux. Ils étaient trop longs, trop dérangeants. J'avais toujours eu des coupes plus garçonne, ce qui facilitait grandement mon travail, surtout lors des courses poursuites. Je n'étais pas féminine pour un sou. Pas le temps pour ça et encore moins le temps pour une quelconque relation. J'avais essayé. Plusieurs hommes étaient entrés dans ma vie, avant de réclamer plus. Avant de vouloir plus. Pourquoi les gens ne pouvaient-ils pas se contenter de ce qu'ils avaient ? De ce que je leur donnais ? Je ne faisais pas passer le travail avant tout le reste ; je n'étais tout simplement jamais tombé sur la personne. Celle qui vous fait tout remettre en question, celle qui vous donne envie de la voir sans cesse, de la faire passer avant tout le reste dans votre vie.
Je finis mon café et ouvris tous mes tiroirs, à la recherche d'un maudit truc contre la migraine. Je n'étais pas une adepte du rangement. Je n'avais pas une armoire à pharmacie dans ma salle de bain. Trop encombrant. Alors, mes pilules et tout le reste se trimballaient un peu partout chez moi. Heureusement qu'aucun gosse ne venait. Sinon, ouais, j'aurais peut-être pensé à ranger. Mais ni mes neveux ni mes nièces ne mettraient jamais les pieds ici, donc j'étais tranquille. La bretelle de mon soutien-gorge glissa de mon épaule et je soufflai, agacée, juste avant de mettre la main sur un remède miracle : un truc infâme à l'alcool. Pas hyper conseillé, mais chez moi, ça marchait plutôt bien. Je m'en servis une rasade dans ma tasse vide et bu en grimaçant. De bon matin, c'était vraiment infâme. Quelqu'un choisit de sonner chez moi à ce moment-là et je fronçai les sourcils en avisant l'heure. Il était à peine plus de huit heures. Si c'était Mak, j'allais le trucider sur place, pour qu'il comprenne une fois pour toutes que ce n'était même pas une heure décente pour apporter les croissants, surtout quand je n'étais pas de service. Je m'octroyai rarement une matinée à ne rien faire, mais ça arrivait. Et aujourd'hui, c'était encore bien différent.
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OUR ANCHOR T1 Broken [Terminée]
WerewolfLa fille d'un des plus puissants Krig d'Australie disparaît. Dans son sillage, elle emporte bien plus que son seul souvenir. Une meute s'étiole, les liens s'effritent. Tout vole en éclats et ce qui fut se délite lentement, mais sûrement. Dans...