OUR ANCHOR T1 Broken [Terminée]

45 || Maze

— Arrête. ARRÊTE !

Je hurlai. J'avais déjà la main sur la crosse de mon arme, j'étais à deux doigts de la sortir et de...

Les coups pleuvaient.

Les os craquaient.

Le bruit était horrible. Il me donnait la nausée. Il me donnait...

— ARRÊTE !

C'était vain. Qu'est-ce que j'avais cru au juste ? Qu'en le laissant faire, sa douleur partirait ? Qu'il se sentirait mieux ? Qu'il accepterait tout ce qui était arrivé ?

— WARREN !

Je le visai.

Le cran de sûreté avait déjà sauté.

Je le visai. J'étais prête à tirer.

J'étais prête à le...

Je me réveillai en sursaut, le corps en nage et le souffle rauque.

Mon cœur battait à tout rompre et dans l'obscurité de ma chambre, c'est tout ce que je percevais. Ce cataclop incessant, qui me rappelait cruellement que j'étais en vie.

Qui me rappelait que tout était de ma faute.

D'une main tremblante, je repoussai mon drap et me levai, cherchant fébrilement ma boite de cachet. Elle finit par terre, heurtée par ma paume, étalant son contenu sur le parquet.

Bordel.

Le cauchemar me collait à la peau, s'attachant à moi, s'insinuant par tous mes pores. Je frissonnai.

J'avais froid. À l'intérieur. Depuis plusieurs semaines, ça ne me quittait pas. Et ça ne me quitterait plus.

Je me frottai le visage. Mon réveil indiquait cinq heures zéro trois. J'avais réussi à dormir quarante-cinq minutes cette fois. Mieux que rien.

Surtout si on comparait toutes les autres fois. Je n'avais pas besoin de plus.

J'allais dans la salle de bain et allumai la douche. Je passai devant le miroir brisé et refermai la paroi derrière moi.

J'essayai de me détendre. Mon corps. Mon esprit.

Tout était crispé.

Tout était figé.

— Combien ? soufflai-je.

Je n'avais pas bougé depuis ce qui me semblait être des heures. Ou des jours.

— Au vue des vêtements, au moins une dizaine.

Une dizaine de filles qu'on n'avait jamais retrouvées. Est-ce qu'on les avait seulement cherchées ?

Je m'appuyai contre le carrelage froid, contrastant avec la chaleur de l'eau. J'avais la chair de poule.

J'avais l'âme en miettes.

Ce froid en moi, il allait de pair avec cette solitude qui menaçait de tout submerger. Qui menaçait de tout engloutir dans des eaux profondes et obscures.

J'avisai mes jointures. L'état de mes mains. C'était après avoir défoncé un mur à coup de poings. Encore. Encore. Et encore.

Ça avait été douloureux. J'avais même cru que ça anesthésierait le reste. Que ça ferait taire l'autre douleur.

Mais non. Ça n'avait strictement rien changé.

Tout était là. Pas seulement dans un coin de ma tête. Oh, comme ça aurait été simple de tout faire taire sinon. J'aurais appuyé sur le bouton OFF. Et j'aurais appris à vivre dans le déni.