OUR ANCHOR T1 Broken [Terminée]

19 | Maze

J'étais en nage, le souffle court, le cœur battant à tout rompre. Ma peau me tiraillait, mon esprit était en ébullition. J'arborais les coups portés par l'homme en face de moi, qui prenais un malin plaisir à m'acculer. La séance d'aujourd'hui consistait à faire mal. Pour changer. Mais j'adorais ça. J'adorais sentir le danger faire frissonner ma peau, me donner cette impression prégnante de vie. Ouais, j'avais un sacré pet au casque, mais ce n'était pas nouveau. Et puis on était au Fief pour avoir mal et s'endurcir. Quand on faisait partie de la Brigade Noire, il fallait être prêt à tout, quitte à y laisser un bras ou la vie. Ce n'était pas encore au programme me concernant, mais tout arrivait très – trop ? – vite. C'était une réalité qui faisait partie du métier. Pas le genre à me tenir éveiller la nuit, non, ça, je le faisais très bien toute seule.

Nous étions mélangés aux lycans suivant l'entraînement du Fief. Pas mal nous méprisait puisque nous étions simples humains. Ce qui était risible, surtout quand on savait que tous mes hommes pouvaient leur mettre la pâté. Pouvaient et allaient le faire.

J'avais en face de moi un homme plus qu'un garçon ; lui, il ne pétait pas plus haut que son cul. Heureusement pour lui, parce que sinon, j'y aurais mis toute la niaque possible. Et j'en avais à revendre. Surtout dans l'état dans lequel j'étais. Et je ne parlais pas de mon manque de sommeil. Mais plutôt de la frustration que je ressentais à cause d'un foutu mec qui adorait faire son beau devant moi.

Enfoiré de Krig. J'avais bien envie de me le faire, mais autant rester concentrer jusqu'au bout. Il y avait bien des façons d'extérioriser.

Le lycan, Andrès, se jeta sur moi et les mots de nos instructeurs du Fief me revinrent. Je n'avais pas une mémoire photographique très développée, mais pour le reste, j'étais excellente. Voilà une des raisons de pourquoi j'étais sortie major de promo. Entre autres.

Nous luttâmes un instant et Andrès finit la tronche par terre. Lorsque je relevais la tête, je vis que les autres avaient géré aussi. Et cela me rendit outrageusement fière et orgueilleuse. C'était mes hommes. Je pouvais en être fière.

Je me relevais et tendis ma main au lycan qui la prit sans hésitation.

— Ceux qui vous méprisent sont stupides, dit-il en secouant la tête.

Je fis rouler mon épaule douloureuse :

— Tout le monde n'est pas capable de se servir de son cerveau, répondis-je, mauvaise.

Et je mâchais mes mots. On prônait l'acceptation des différentes races, mais quand on voyait certains lycans, on était en droit de se demander qu'est-ce qu'il foutait dans ce pays. Ce n'était que mon avis. Quand on était dans la Brigade Noire, apprécier les lycans était quand même un minimum requis.

— Pause ! cria Abel.

Tout le monde se sépara pour aller boire un coup ou pisser en paix. Je m'avançai vers le Ritter qui ici, était l'un de nos instructeurs, tout comme Warren et Calder.

Il me tendit une bouteille que je vidai d'une traite. Il faisait chaud et moite, très mauvais combo. Mon haut de sport me collait désagréablement à la peau.

— Alors ? demandai-je à Abel.

Il sourit, croisant ses bras sur son torse.

— Vous êtes pas recrutés pour rien, on va dire.

Je ricanai.

— C'est tout ? Je suis déçue quand même.

Il secoua la tête, amusé, le regard sérieux, presque froid.

— La Brigade Noire n'est pas réputée dans le pays entier pour rien, Maze. Vous êtes encore à petite échelle, mais vous envoyez déjà du lourd. Faire face à des lycans, c'est pas une mince affaire. Pour ma part, je pense que vous êtes à niveau pour cette fois.