OUR ANCHOR T1 Broken [Terminée]

53 || Maze

Je me laissai tomber sur ma chaise, avec un soupir las. Cette réunion m'avait complètement vidée de toute mon énergie. C'était un euphémisme à ce stade. J'avais cette impression tenace que tout était en train de déraper et le truc, c'est que ça tenait plus de la réalité que du mauvais fantasme. Nous étions en effectif plus que réduit, même avec les lycans qui avaient choisi de rester plutôt que de rentrer au Fief. Ça n'allait pas durer. Ça allait même nous éclater à la gueule.

C'était ça quand la base d'un château de cartes commençait à vaciller. Ça devenait vite dangereux.

Je posai les pochettes sur le siège à côté et me penchai en avant pour frotter mon visage de mes mains.

Sans Warren, rien ne semblait avoir de sens.

Sans lui, il était vain d'essayer de garder le navire hors de l'eau. J'aurais beau nager comme une dératée, je n'arriverai plus à remonter sur la proue. Au moins, j'en avais conscience. Mais j'avais envie de me battre. Pour tout ce qu'on avait fait jusqu'à présent.

La Brigade noire ne pouvait pas prospérer sans le Fief.

La Brigade noire ne pouvait pas exister sans le soutien du Krig.

— Capitaine ?

C'était rare qu'on m'appelle ainsi. Ici, je restais Lieutenant pour la plupart. Je relevai la tête vers Joas. Il était avec nous depuis le début ; plus flic que lycan. C'est Warren qui avait dit ça une fois. Et j'avais été d'accord avec lui. C'était un homme de confiance, mais après Owen, je marchais sur des œufs.

Son visage était contrit. Il semblait embêté. Et je compris. Forcément.

Il devait retourner au Fief.

Là était sa place après tout.

— Je suis désolé.

Je souris. Pas autant que moi. Tout avait fonctionné sur la confiance et l'entraide. Qu'est-ce qui restait de tout ça ?

Je m'échinai pour rien. Et ça avait le goût de la défaite. Je me levai et posai une main sur son épaule.

— Ça finira par s'arranger. Ce n'est qu'une mauvaise passe pour chacun d'entre nous.

Il hocha la tête, y croyant sûrement aussi peu que moi.

Mais nous avions besoin de nous rassurer comme nous le pouvions. Quitte à se mentir ouvertement.

Des changements irrémédiables étaient en train d'être fait. Mauvais ou bons, j'étais incapable de le dire. Mais tout ne pouvait pas rester tel quel. Ce n'était pas aussi simple.

Bordel. Qui aurait pu dire que la mort d'une gamine apporterait tout ça ?

— Rentre chez toi, Joas.

La semaine qui suivit fut ponctuée par le départ des derniers lycans du Fief. Ne restaient plus que ceux qui étaient en dehors de la juridiction du Krig.

Nos effectifs avaient baissé de moitié et à ce train-là, je n'étais pas sûre qu'on puisse tenir la cadence.

Dès le départ, notre mission vis-à-vis du Kaizer avait été claire. Aujourd'hui, j'avais peur que la Brigade ne ferme.

Tout le monde attendait quelque chose de moi. Une solution.

Un miracle à ce stade.

J'étais leur chef. C'était à moi de sauver tout le monde, c'est ça ? Il fallait juste que je garde la tête hors de l'eau suffisamment longtemps.