La fin de journée était déjà bien entamée lorsqu'on revint à la Réserve avec Abel. La visite du campus avait été longue, mais terriblement stimulante. Si mon accompagnateur n'avait pas dit grand-chose, il avait subi cette journée avec un calme olympien. J'avais été une véritable pile électrique tout du long et même maintenant, l'adrénaline n'était pas complètement redescendue. J'avais hâte de raconter tout ça à papa, même si j'avais eu dans l'idée de ne pas le faire. La fac, c'était quand même incroyable! Il y avait tellement de choses à y faire que j'avais la tête qui tournait, me faisant me dire que jusqu'à présent, j'étais quand même passée à côté de quelque chose de grandiose. Je ne sais pas ce qui m'avait plu le plus : l'effervescence de la vie estudiantine, les possibilités au sein même du campus ou le tout. C'était compliqué à dire et pour tout avouer, j'aurais aimé être moins emballée par tout ça. Mais ça ne servait à rien que je cache tout ça à papa. Il avait compris à quel point j'avais soif de découvrir le monde, pas forcément en allant très loin, mais juste en m'imprégnant au contact des humains. L'appréhension était aussi forte que mon désir d'aller à l'université. Je ne voulais m'émanciper d'aucune sorte, juste vivre un peu différemment, même si ça impliquait une pléiade de changements pour moi. Et pour papa aussi. Mais ça...
— Cache un peu ta joie, dit Abel, me taquinant.
Et ce n'était pas ironique. Il parlait littéralement de cacher ma joie.
— Tu crois qu'il va dire quoi ?
Abel connaissait papa depuis bien avant moi. Et il le connaissait d'une autre façon que moi, sa fille. Forcément. Même si papa restait intrinsèquement le même homme, il y avait forcément des différences de comportements envers ses amis ou envers sa fille.
— Que voudrais-tu qu'il dise, gamine ? Il sera content pour toi. Et fier avant l'heure de te voir faire de grandes études. C'est ton père. Il ne peut pas être triste que tu t'envoles de tes propres ailes. Enfin, il le sera, mais c'est parce qu'il t'aime et que ce sera plus fort que lui.
Ouais, ça, je le savais. Papa m'aimait même un chouïa trop fort. Mais ce n'était pas grave. Je n'avais pas envie de le blesser, mais je comprenais aussi que mon amour pour lui ne pouvait pas museler mes désirs, ni même mes rêves.
— Je sais qu'il aimerait que je suive une autre voie, que je reste au sein des domaines propres aux lycans.
— Comme nous tous, lâcha Abel en me jetant un coup d'œil.
Je fis la moue :
— Vous me couvez tous bien trop depuis ma naissance. Je n'ai pas un père, mais douze !
— N'abuse pas, dit Abel en éclatant de rire. Juste huit. Et on a parié depuis bien longtemps que tu te marierais avec Wolfgang ou Magnus.
Je hoquetai, indignée et amusée. Papa n'aimait pas du tout entendre parler de ça. Après il ronchonnait pendant des jours sans plus s'arrêter. Ce qui était d'un drôle !
— Vous vous basez seulement sur le fait qu'on passe tout notre temps ensemble depuis que nous sommes gamins. C'est stupide.
Je croisai mes bras et fusillai Abel du regard, comme s'il était à l'origine de tout.
— Je suis sûr qu'il y a déjà eu un bisou.
Je secouai la tête :
— Ce n'est pas avec toi que je dois avoir cette conversation, tu sais ?
— Parce que tu penses sérieusement l'avoir avec ton père ? Non parce que si c'est le cas, crois-moi, ni Wolf ni Magnus ne passeraient la nuit et...
— Arrête ! Ce n'est pas parce que c'est mon père qu'il doit tout savoir et que vous, la meute, vous devez tout savoir aussi !
— Que tu dis, petite Hachi, laissa-t-il planer.
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OUR ANCHOR T1 Broken [Terminée]
Hombres LoboLa fille d'un des plus puissants Krig d'Australie disparaît. Dans son sillage, elle emporte bien plus que son seul souvenir. Une meute s'étiole, les liens s'effritent. Tout vole en éclats et ce qui fut se délite lentement, mais sûrement. Dans...