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C'est en boitant et le dos courbé que j'atteins enfin l'entrée du lycée. Ma capuche est relevée sur ma tête et j'aime penser qu'elle me rend invisible aux yeux des autres.

Je n'ai que peu dormi et je n'ai pas mangé.

Silencieux, je me dirige vers ma classe, remerciant intérieurement le temps d'être si froid et de me permettre de me couvrir sans trop me faire remarquer.

Le professeur réclame le silence. Il l'obtient rapidement.

Je reste calme, ne voulant pas me faire repérer. Cela ne fonctionna pas.

- Taehyung, venez au tableau, je vous prie, me demande le professeur.

A l'entente de cette phrase, je me bloque. Je ne veux pas me lever. Je ne veux pas aller au tableau. Pourtant, je me lève. Je n'arrive pas à marcher droit. Mon dos est trop douloureux.

Malgré cela, j'atteins le tableau où j'essaye de concentrer mes efforts pour tenir debout.

Alors que j'approchais la craie du tableau, le professeur me frappa doucement avec le plat de sa règle dans le dos afin de me redresser.

Il n'aurait jamais dû faire ça. Je le sais. Je le sens.

Il continu de me donner des informations alors que mon corps me brûle. Je sais exactement ce qu'il va se passer. Cela m'est arrivé tellement de fois que je sais en reconnaitre les symptômes.

Mes yeux me piquent, mon dos me brûle.

Puis les larmes arrivent, se battant entre elles pour dévaler mes joues la première.

- Taehyung ? Jeune homme ? Vous allez bien ?

J'entends la voix du professeur près de moi mais je ne la comprends pas.

Paniqué, je retourne à ma place, prends mon sac et sors de la classe. Je sais que quelqu'un m'a suivi mais je n'y fait pas attention. Je reste fixé sur mon but. Atteindre les toilettes.

Je finis par y parvenir et une fois enfermé dans une cabine, je vide mon sac. Une petite boite rose et une autre noire en sortent. Je prends trois comprimés de chaque.

Je n'ai plus besoins d'eau pour avaler. J'ai l'habitude. A cause de Lui.

Quand je ressors, l'infirmière est là. Elle ne me fait pas peur. J'ai déjà eu à l'affronter. Je prétends donc un mal de ventre et après plusieurs recommandations, elle me laisse partir.

La cloche sonne.

Je me dirige vers la cour, dans le but de prendre un banc avant qu'il n'y en ait plus. En chemin, j'aperçois l'ombre d'un objet. Je le reconnais directement pour l'avoir eu en main des centaines de fois.

Un brin de joie me parcourt alors que je le ramasse. Pourtant, il disparait bien vite quand je pense à la douleur enfermée dans les pages de ce carnet.

Mon carnet. Il est rempli de douleur, de malheur. Il sait plus de choses que quiconque sur moi et sur Lui, sur Elle.

Ce carnet raconte une histoire. Une histoire que personne ne connait.

Il raconte mon histoire.

Assis derrière un groupe de casiers, les genoux repliés vers ma poitrine, le carnet protégé entre mon torse et mes cuisses, j'ai peur.

Là, devant mes yeux, sur une page que j'avais laissée vierge, s'étalait un dessin et une phrase.

Le choc de ma découverte avait vite été remplacé par mon émotion quotidienne : la peur.

Le dessin représentait un endroit que je connaissais bien. C'était une fontaine, situé dans un petit parc où j'allais quand Il n'était pas encore là.

La phrase me disait : Ne vit pas dans le passé au risque de ne pas voir le présent. Cesse de rêver du futur qui n'arrivera jamais. Chacun des jours à venir ne sont pas seulement futurs, ils sont chacun le passé, le présent et le futur de l'autre.

Parce que je t'ai perdu...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant