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L'après midi passa rapidement et je ne reparlais pas à Jungkook. On s'évitait. Pas que je regrettais ce qu'il s'était passé entre nous mais je me sentais mal à l'aise. De plus, ce n'est pas parce que c'est lui l'investigateur de ces baisers qu'il ne les regrette pas de son côté. A cette pensée mon cœur se serra.

Je pris le chemin menant à chez moi avec une boule au ventre, comme tous les soirs. J'avais de nouveau peur que mon père lève la main sur moi. J'arrivais devant ma maison, sorti mes clés, et récupérais le courrier dans la boite aux lettres.

Je parcouru des yeux les différentes entêtes et je ne pu m'empêcher de soupirer de soulagement en en voyant une avec le symbole du tribunal.

Je pénétrais donc chez moi avec un regain d'espoir et tendis les lettres à mon père, installé dans son fauteuil. Il me fit un signe de tête comme quoi je devais rester là et j'obtempérais sans broncher.

A son tour, il feuilleta le tas d'enveloppes et s'arrêta sur celle qui m'avait interpellé quelques minutes auparavant. Il me jeta un bref regard et je me tendis, en attente de ses ordres.

Mon comportement me dégoutait mais, à force, je n'y faisais plus vraiment attention. Pour moi, vivre en famille signifiait : Obéir, Subir, Se taire. Et ce depuis de nombreuses années.

Je revins à l'instant présent quand j'entendis mon père se racler la gorge.

- Taehyung, je suppose que tu sais ce que signifie cette lettre ?

- Oui, père.

- Alors tache de te faire soigner et de te tenir à carreau dans les jours à venir. Nous sommes convoqués dans deux semaines.

- Bien, père, vos désirs sont des ordres.

- Parfait, tu peux disposer.

Je ne me fis pas prier et sorti du salon avant de regagner ma chambre à l'étage.

Cette lettre, cela faisait à présent presque six mois que je l'attendais. A chaque fois que je la reçois, je me dis que c'est une chance de mettre fin à tout ça mais à chaque fois je me défile et n'ose pas.

Quand mes parents ont récupéré ma garde, ils ont été obligés, à cause du passé violent de mon père, de se présenter avec moi au tribunal tous les six mois afin que le juge vérifie si moi et ma mère sommes bien traités et si on maintient mon placement chez mes parents biologiques.

Ce passage, dont je ne comprenais pas vraiment l'utilité quand j'étais jeune, avait pris tout son sens au fils des années.

 Mon père, pour ne pas retourner en prison pour mauvais traitement arrêtait systématiquement de me frapper à chaque fois que la lettre arrivait et il mettait alors tout en ordre pour que le jour de la convocation, le médecin qui m'examine ne puisse rien deviner de ses pratiques. Il savait aussi que je ne dirais rien, ayant trop peur pour ma vie et celle de ma mère.

Pourtant, il ne fallait pas que je me m'éprenne, ce n'est pas parce qu'il ne lève pas la main sur moi pendant deux semaines que je peux faire toute les bêtises que je désire. En effet, tout ce que je fais pendant ce « répit » est accumuler et me retombe dessus après la visite chez le juge.

Il m'est arrivé de vouloir tout raconter au juge, de vouloir répondre honnêtement à ses questions et non craché un bonheur qui n'est pas le mien, mais je ne peux pas, je n'y arrive pas.

 Je profite donc de se répit comme je le peux, espérant que le juge verra la vérité derrière mes mensonges, et me couche, le ventre une nouvelle fois vide excepter les quelques médicaments que j'ai une nouvelle fois avalé, avec l'espoir qu'il arrange les choses.

Parce que je t'ai perdu...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant