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J'avais passé le reste de ma journée à éviter Jungkook, ne comprenant pas comment j'avais pu lui parler aussi franchement. Cela ne me ressemblait pas.

J'ai toujours tout gardé pour moi de peur de subir des remontrances. D'habitude, je dis ce que les gens ont envie d'entendre et non ce que je pense réellement, cela me tient à l'écart des conflits, les gens se désintéressent de moi.

Mais avec Jungkook, c'est différent. Je ne saurais dire pourquoi mais j'ai l'impression de le connaitre depuis toujours, comme si on avait vécu ensemble une autre vie.

Seulement je ne crois pas à ces miracles de résurrection, pourquoi nous faire revivre alors que tout ce que l'on réussit à faire d'une vie à l'autre, c'est de s'autodétruire.

Après, je ne juge pas les croyants, chacun guide sa vie comme il l'entend.

Soudain une idée me traversa et me fit peur. Je n'y avais jamais vraiment réfléchit mais plus j'y pensais, plus cela me paraissait claire.

Je savais que le vrai nom de Nany était Nan-Hi Jeon. Seulement, comme j'étais jeune à l'époque, je ne parvenais pas à le prononcer correctement. C'est de là qu'est apparu le surnom Nany.

Mais ce n'est pas ça qui me travaillais. C'était le fait que Jungkook vivait chez Nany et que son nom de famille était aussi Jeon. Et si c'était lui, le petit garçon qui était là quand j'étais petit ?

Je me demandais comment je n'avais pas pu faire le rapprochement avant. Cela expliquait tout. Le fait que je me sente si proche de lui, que nous nous entendions si bien.

Et puis soudain cette pensée me révolta. Jungkook avait eu le droit à un bonheur que l'on m'avait arraché. Je devrais être heureux pour lui mais je n'y parvenais pas.

Bien malgré moi, j'étais jaloux de lui. De son bonheur.

A présent, j'avais déjà quitté le lycée et approchais de chez moi. J'ouvris la porte mais seul le silence m'accueillit. Cela me fit peur.

Cette peur fut bien vite évanouie quand j'aperçus le petit papier sur la table de la cuisine. Il m'informait que mes parents seraient absent toute la soirée ainsi que toute la nuit et seraient de retour le lendemain midi.

Un bref sourire prit place sur mes lèvres et même si j'étais seul toute ma soirée, je montais directement dans ma chambre m'isoler.

La nuit avait été courte, j'avais mal dormi. Je me préparais tranquillement, avalais difficilement un morceau de brioche, mon estomac protestant contre l'affut soudain de nourriture, et entreprit de me rendre au lycée.

J'entrais dans le bâtiment principal et me dirigeais vers les escaliers, comme à mon habitude. J'ouvris alors mon sac et plaça mon carnet dans un coin à l'abri des regards. D'ailleurs, heureusement pour moi, il n'y avait personne autour.

Dans le carnet, je ne savais pas vraiment quoi mettre, alors après avoir raconté ma journée normalement, j'avais dessiné un jouet, un os, avec lequel s'amusait Atchoum dans mes souvenirs. En dessous, j'avais noté une phrase, plus longue que d'habitude : tu ne peux pas comprendre, je n'ai pas de vie, je suis juste un jouet dans celle de mon père. On n'est pas pareil, on est différent. Je suis différent.

Je pensais chaque mots que j'avais écrit et c'est cela qui me faisait mal. La différence que je voyais entre moi et les autres n'est pas une force, comme certain pourrait le dire, c'est juste un fardeau que je n'ai pas choisi mais que je porte malgré moi.

Pour me libérer, je dois en parler. Je le sais mais je ne le fait pas. Parfois, j'ai mal de penser que c'est parce que j'aime la vie que je mène et cela me dégoute. Je sais que ce n'est pas vrai, mais alors, pourquoi je ne parle pas ? Pourquoi est-ce si dure ?

Parce que je t'ai perdu...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant