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Noir. Tout ce que je vois n'est qu'obscurité. J'ouvre les yeux, bats des cils, mais pourtant rien ne change.

Noir. Je ne sais pas où je suis. Allongée dans la noirceur, je suis comme tétanisée. J'ai besoin de quelques secondes pour réagir et utiliser d'autres sens que ma vue, d'autres organes que mes yeux.

Une fois l'angoisse apprivoisée, un frisson me parcourt ; je crois qu'il fait froid. Mais où suis-je bon sang ?

Je tente de faire fonctionner mes muscles, mais je semble endolorie et la froideur continue de se répandre sur ma peau nue paralysée. Nue ?! Toujours immobile, angoissée, effrayée, je suffoque.

Que se passe-t-il ? C'est étrange comme sensation. J'ai déjà éprouvé un sentiment d'oppression lors de grandes chaleurs, cependant, je n'ai jamais assimilé cette entrave au froid, pourtant les hivers peuvent être rudes par chez moi. Arrivant enfin à dégourdir doucement mes doigts, puis mes poignets, je confirme ma nudité et un sentiment d'horreur s'empare de moi. Je dois être en train de rêver ! Enfin, à ce niveau-là, on peut sciemment parler de cauchemar.

Mes liaisons nerveuses s'embrasent une à une, j'ai l'impression d'être là depuis une éternité. Mais c'est où, « là » ?

Je prends conscience que quelque chose touche ma peau, au-dessus de mon visage, sur ma poitrine, sur mes genoux, et peut-être sur mes pieds que je ne sens pas encore. Je lève doucement ma main droite et effleure la « chose » qui me surplombe. Une sensation de plastique au bout des doigts, assez solide, mais néanmoins pas totalement rigide me fait réagir.

Bon Dieu mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?! 

Mes sens se réveillent enfin, comme si cette scène avait duré deux heures. Peut-être était-ce le cas ? Je semble enveloppée d'un tissu des pieds à la tête, ce qui explique l'obscurité dans laquelle je baigne. Néanmoins, maintenant que j'arrive à bouger, je ne réussis plus à garder mon calme et cède finalement à la panique.

Je me débats en explorant chaque recoin de cette enveloppe qui m'entoure. Je sens quelque chose de froid, de métallique devant moi. Tout devient plus évident ; je suis dans une sorte de sac et j'ai trouvé la fermeture éclair de cette prison. Cet enfermement coïncide avec ce sentiment d'asphyxie. Il faut que je sorte, je dois sortir ! Pourquoi suis-je dans un sac ? Ce cauchemar est vraiment étrange, quitte à être enfermée autant rêver que je suis une tueuse en prison, ou une vampire dans son cercueil, pourquoi un sac ?

J'essaie tant que possible de suivre cette ligne métallique et trouve au sommet de ma tête une ouverture, minuscule, mais c'est déjà un début d'espoir. C'est difficile de l'atteindre avec mes cheveux emmêlés. J'ai l'habitude de devoir me battre avec ma chevelure, mes cheveux bouclés descendent jusqu'au bas de mon dos, alors les démêler est monnaie courante, cependant, ce n'est pas vraiment le moment, et Dieu seul sait pourquoi mes cheveux sont collés entre eux.

Après quelques secondes qui semblent durer une éternité, je réussi à me frayer un chemin vers la sortie. La fente n'est encore que de quelques centimètres, qu'une lumière aveuglante pénètre l'obscurité. Je continue de creuser l'ouverture qui me permettra de m'échapper, bien que la lumière meurtrisse ma vue. Un sentiment de soulagement s'empare de moi lorsque je comprends que les ténèbres reculent et que l'air s'insinue dans ma prison. Lorsque j'ai créé une issue de taille acceptable, je mobilise tous les muscles les plus profonds de mon corps pour réussir à me redresser et à m'asseoir afin d'ouvrir totalement ce sac infernal et de prendre mes jambes à mon cou !

Mes yeux s'adaptent doucement à l'aveuglante clarté qui m'entoure alors que je sors mes jambes du tissu. Tout semble si réel pour un rêve... De toute façon si je ne rêve pas, ça voudra dire que je ne suis pas rescapée d'un sac quelconque mais plutôt d'une camisole !

Je me situe sur une sorte de table, et je reprends ma respiration lentement, en cherchant à définir si je peux poser mes pieds au sol. Les murs blancs m'entourent et de nombreux spots lumineux ornent le plafond de la pièce dans laquelle je m'éveille. Contre ces parois, j'aperçois de gros meubles gris, métalliques sans distinguer de quoi il s'agit. Je suis en plein épisode psychotique, ce n'est pas possible autrement ! Je pose un pied sur le sol, tout en me tenant attentivement à la table sur laquelle j'étais étendue jusqu'à présent. On dirait que je peux marcher, ou du moins tenir debout, ce qui est, pour l'instant, une ambition suffisante.

La froideur du sol me saisit et un nouveau frisson se répand en moi. Tout en rabattant mes bras le long du corps, je me rappelle que je suis nue. Je me demande si c'est très sain de rêver d'être seule dans une pièce blanche, nue et apeurée. Je ne suis pas une spécialiste de la psychanalyse, mais ce qui est sûr, c'est que ça ne tourne pas rond là-haut ! Je veux dire, des rêves délirants, on en fait tous, quand j'avais 9 ans j'ai rêvé que mes dents tombaient et qu'un clown me les volait pour les manger. Je n'ai plus jamais voulu aller au cirque avec Grand-mère après ça. Mais là, ça semble différent, ça n'a aucun sens, c'est forcément un rêve, pourtant je suis emparée par ce sentiment de réalité. Que Dieu me vienne en aide !

Un terrifiant bruit strident me tire de mes songes, c'est un cri qui me glace le sang suivi d'un bruit signifiant la chute d'un paquet de feuilles. Lorsque je me retourne vers ce hurlement, je me retrouve face à une femme visiblement horrifiée.

IndéciseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant