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J'ouvre les yeux et fais taire le réveil. Je vais avoir besoin de cinq minutes supplémentaires pour réussir à me hisser sur mes jambes et sortir de mon lit. La journée commencera comme toutes les autres, du moins c'est ce que j'étais en train de me dire au moment où les souvenirs de la veille me reviennent en mémoire avec autant de brutalité qu'un coup de poignard.

Dès lors, je n'arrive pas à refermer les yeux sans m'imaginer de nouveau dans le sac mortuaire qui m'emprisonnait hier. Je me lève d'un bond de mon lit.

Je profite de m'être levée du premier coup pour une fois, pour refaire mon lit immédiatement.
Je choisis un jean slim bleu foncé et un chemisier noir assez ample ainsi que des sous-vêtements basiques et confortables avant de me diriger vers la salle de bain. Sans jeter un œil vers le miroir, je me jette sous la douche que j'inonde d'une eau chaude, presque brulante, comme pour nettoyer mon corps de la journée précédente. Je lave à nouveau mes cheveux pour ne pas risquer qu'un amas de sang dénote avec la blondeur de ma chevelure.

Je sors de la douche et enfile mes vêtements. Les couleurs foncées camouflent mes quelques rondeurs visibles principalement sur mes cuisses et mon ventre, mais qui induisent naturellement un bonnet de soutien-gorge légèrement au-dessus de la moyenne.

Je laisse quelques boutons ouverts sur mon chemisier afin de ne pas bloquer ma respiration et de dévoiler légèrement mon décolleté sans en montrer trop, juste de quoi rester à l'aise. J'entrouvre la porte de la salle de bain pendant que je me sèche les cheveux pour faire partir la buée sur le miroir et pouvoir ensuite me maquiller.

Je ne sais pas encore comment je vais camoufler mes bleues. J'ai encore quelques minutes, le temps que mes cheveux soient secs, pour y réfléchir.

Mes cheveux enfin secs, je me tourne vers le miroir et constate avec stupeur que les marques bleues se sont largement atténuées. A y repenser, je n'ai pas vu de grosses marques sur mes jambes et le reste de mon corps pendant la douche, mais je me suis forcée à ne pas y prêter trop d'attention, je me fais peut-être des idées.
Ma lèvre inférieure est toujours fendue mais peu boursouflée, ça ne se voit presque plus et les hématomes ne laissent plus que des ombres semblables à des cernes. Un peu de fond de teint et j'arriverai à dissimuler mon accident à tout le monde !

Je mets donc du fond de teint d'une teinte légèrement plus claire que la mienne, ce qui est plus proche du blanc que du beige, mais ça permet de cacher mes couleurs bleutées. Je mets un rouge à lèvre mat d'un rouge clair et un peu de mascara sur mes yeux.

A la dernière minute, je décide de mettre un tout petit peu de fard à paupière bleu sur mes yeux, si le fond de teint devait s'estomper dans la journée, il serait plus facile de croire que c'est le maquillage de mes yeux qui s'est rependu sur mes joues.

J'enfile mes bottines noires et mon manteau de la même couleur et après un dernier coup d'œil à la psyché, je sors de chez moi. Je pense à prendre ma voiture pour aller à la fac, avant de me rappeler qu'elle a subi une fin tragique... comme moi d'ailleurs.

Je repousse cette pensée et me félicite d'être partie en avance de chez moi, ainsi même à pied j'arriverai à l'heure en cours. Je n'habite qu'à quelques pâtés de maison du campus, mais j'ai pris l'habitude de prendre ma voiture quasiment tous les jours. Comme je travaille deux soirs par semaine, c'est plus simple pour m'y rendre ensuite. Enfin surtout pour rentrer à la maison à la fin de ma journée! 

J'arrive sur le campus en une quinzaine de minutes. A peine le portail franchis, je tombe sur Véia.

Véia est ma meilleure amie depuis toujours. Elle est plus petite que moi, 1m61, et a les cheveux mi-longs bruns avec une frange qui encadre son visage rond. Ses grands yeux noisette, qui ont tendance à virer au vert, et ses pommettes roses lui donnent un air de poupée, auquel contribue sa bouche charnue rose. Vé est le genre de fille qui n'a aucun mal à attirer les garçons, mais ça n'a pas toujours été le cas.

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