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J'émerge d'un sommeil profond sans ouvrir les yeux. Les rayons de soleil brulent mon visage. Que c'est étrange... Pourtant, d'habitude, l'orientation de mon appartement ne me permet pas d'avoir autant de luminosité le matin. Je suis enveloppée dans des tonnes de couvertures, mais je n'ai pas encore la force d'ouvrir les yeux. Je suis épuisée, je n'ai aucune énergie, la journée s'annonce compliquée.

Un mouvement près de moi achève de me convaincre qu'il faut absolument que j'ouvre les yeux. Dans un effort inconsidérée, je relève mes paupières et tombe nez à nez avec une truffe de chat. Je recule, clairement surprise. J'ouvre de grands yeux sans comprendre, avant de reconnaitre le pelage blanc et soyeux de Bounty. Bon sang, qu'est-ce que je fous dans le lit de Jason ?

Je lance un coup d'œil nerveux sous la couette. Je suis habillée, ce qui est un bon point. Par contre, le fait de porter uniquement un T-shirt qui ne m'appartient pas et un boxer, ça, ça ne me rassure pas.

Je referme les yeux en espérant me réveiller d'un nouveau rêve mais... une odeur de nourriture s'élève. Jason doit être en train de préparer le petit-déjeuner. Je sais alors que ce n'est pas un rêve... Parce que ça semble trop réel.

En rabattant la couverture sur ma tête, je suis enveloppée par l'odeur si reconnaissable de Jason.

"Au bout de combien de temps oublie-t-on l'odeur de celui qui vous a aimée ? Et quand cesse-t-on d'aimer à son tour ? Qu'on me tende un sablier." Anna Gavalda

Cette auteure française que j'ai vaguement lue avait raison, ça prend du temps... Surtout quand on se réveille miraculeusement dans le lit de l'être interdit, juste après l'avoir fui pendant des jours!

Je dois me concentrer sur les événements d'hier, il faut que je me rappelle comment je suis arrivée là. Et ensuite... ensuite je sortirai de ce lit à moitié nue.

Toujours les yeux fermées, j'inspire à fond et tente de refaire le cours de ma soirée.



Toujours les yeux fermées, j'inspire à fond et tente de refaire le cours de ma soirée

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L'alarme dans ma tête. Sam. Véia. Jason à qui j'échappe. Je me réfugie dans la clairière que j'anéantis en partie...

Je suis étendue à même le sol. Les larmes coulent de mes yeux et je ne ressens plus rien une nouvelle fois. Ni la colère, ni la peine, ni le froid. Je sais juste que je ne pourrai plus jamais bouger. Les secondes, les minutes, les heures semblent passer, mais je m'en fiche. Je ne veux pas me relever, je ne veux pas rentrer chez moi...

Rentrer pour revoir les souvenirs avec Vé dans mon appartement ? Pour revoir la soirée où Sam était présent ? Pour revoir les baisers avec Jason ?

On m'a dit que j'étais immortelle désormais, mais peut-être que si je reste là, suffisamment longtemps... Le froid m'emportera comme Sam a emporté l'humanité de mon amie.

Je n'ai jamais pensé être une fille qui aurait envie de mourir. Pour moi, ça ressemble à un abandon, et je n'abandonne jamais. Mais je suis tellement fatiguée... Et puis, si je meurs avant la fin de l'année, je n'aurai pas à faire de choix... Je n'aurai pas à choisir entre Vé et mon père. Je n'aurai pas à me demander quel choix tuera Jason. Si c'est moi qui meurs, les autres vivront.

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