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Le retour à la réalité après le départ de mon père est très brutal. Cela doit faire maintenant une heure que je suis assise sur mon fauteuil sans bouger, sans ciller. Il faut que je me ressaisisse. Il est 18 h, Vé passe me chercher à l'appart à 20 h pour aller à une fête.

Je ne sais pas si je suis vraiment d'humeur, mais je suis résolue à vivre ma vie comme je le devrais. Je finis par me lever avant d'être totalement engourdie et, avant de me préparer, je décide de réessayer de sortir mes ailes. Je n'ai pas beaucoup de temps pour maitriser les deux faces de mon existence ; si je ne suis pas en mesure de contrôler mon côté démon, j'ai besoin de réussir à maitriser, au moins, ma partie angélique.

Je fais le vide comme me l'a expliqué mon père plus tôt. Je me concentre en visualisant des ailes dans ma tête et en les projetant dans mon dos.

J'arrive à déployer mes ailes au bout de la troisième tentative, puis en reproduisant l'expérience, j'arrive quasi systématiquement à mes fins. Mon père m'avait prévenu qu'en visualisant MES ailes et non les siennes, ce serait plus aisé. C'est pourquoi, il a fallu que j'observe mes ailes sous toutes les coutures pour les mémoriser.

La prochaine étape sera de voir les auras. Je profiterai d'avoir Vé pour le diner. Je projetterai mon énergie vers elle et nous verrons bien ce que ça donnera.

Je vais vers la salle de bain pour me préparer. Je décide de lâcher mes cheveux et de maquiller mes yeux verts d'un trait d'eye-liner noir et de mascara de la même couleur afin de soutenir mon regard. Mes bleus ont entièrement disparu de mon visage, je n'ai pas besoin de me recouvrir entièrement de fond de teint. Je décide donc d'en mettre juste un peu pour unifier la couleur de ma peau. J'ajoute une touche de rouge à lèvre carmin pour donner un peu de couleur à mon visage.

Je ne me suis jamais trouvée très jolie. Je sais que je ne suis pas laide, cependant, je ne suis pas belle non plus. Les gens diront que je suis banale, mais maintenant, je sais que ce n'est plus le cas. A bien y repenser, je n'ai jamais pu intégrer de catégorie bien rangée. Je ne suis pas grosse, mais je suis trop pulpeuse pour être mince. Je fais 1m68, je ne suis donc pas suffisamment haute pour être grande, mais je ne suis pas non plus petite.

En sachant désormais que je suis un être à part et totalement dénué de semblable, le fait de n'être entrée dans aucune case des standards de beauté me perturbe nettement moins. Bien que je trouve ça révélateur d'avoir passé ma vie, le cul entre deux chaises.

J'enfile une robe noire dont le décolleté est plongeant, sans être vulgaire. Elle moule le haut de mon corps, tout en étant évasée au niveau des hanches. Cette robe s'arrête juste au-dessus de mes genoux. Je rajoute une paire de collants noirs et j'enfile des ballerines argentées, surélevées par un talon compensé d'environ 5 cm. Je décide de rajouter un collier en argent dont le pendentif, représentant un long et fin rectangle, tombe parfaitement entre mes seins.

Une fois prête, je jette un œil à la psyché et je suis contente du résultat. Il ne m'arrive pas souvent de m'apprêter de cette manière, par manque de temps ou bien d'envie.
Cependant, je trouve mes efforts parfaitement convaincants.

Je compte vraiment profiter de ma soirée. Après tout, j'ai passé ma vie d'adulte à m'habiller avec des vêtements amples, à ne jamais trop en montrer, à être discrète. Mais si je dois assumer être la moitié d'un ange, je compte bien assumer aussi ma partie démoniaque. Il est temps que je sache ce que je suis, et si m'habiller en femme fatale d'une nuit peut m'y aider, alors faisons d'une pierre deux coups.

Il me reste encore trente minutes avant l'arrivée de Vé, je décide donc d'aller vers la fenêtre et de regarder à l'extérieur en attendant. Sur un banc, j'aperçois un homme regarder sa montre. Visiblement, il attend quelqu'un, ça me laissera peut-être le temps d'essayer de voir son aura.

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