17.

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Mon regard se perd sur son corps si attirant. Je regarde ses tatouages comme on regarde une œuvre d'art. Comme aimantée, je me lève et me rapproche doucement de lui. Mes yeux se perdent une nouvelle fois dans le bleu des siens.

Je pose ma main sur son bras et le choc électrique qui se répand en moi me fait rater un battement.

— Qu'est-ce que tu fais, Eden ?

Je sens la tension dans sa voix rauque. Pourtant, elle est plus douce que d'ordinaire.

—J'ai besoin de te toucher, je ne l'explique pas, mais je ne me contrôle pas autant que je le voudrais. Alors t'as une théorie sur ce qui nous arrive ?

Il s'éloigne encore. Les rôles ont été inversés puisque je me sens comme un prédateur essayant d'attraper sa proie.

— J'arrive pas à me concentrer quand tu es si proche. Renvoie-moi mon T-shirt.

D'humeur joueuse, je me rassieds sur le canapé, agrippe son t-shirt, et le pose sur mes genoux. Il a voulu jouer avec moi, la partie n'est pas terminée.

—Je suis éloignée, alors vas-y.

Je le vois essayer de se concentrer sur autre chose. Pourtant il se décide à tourner les yeux vers moi, et j'y vois de nouveau toute l'arrogance du monde. Et maintenant, je ne sais plus qui gagne à ce petit jeu.

— Pour quelqu'un qui est prête à ne pas "sombrer dans la débauche", tu es surprenante, princesse.

Son sourcil arqué me désarçonne, mais je ne réponds pas. Il continue à regarder autour de lui, et saisit un livre dans la bibliothèque. En me le montrant, il récite :

— "De quoi que soient faites nos âmes, la sienne et la mienne sont pareilles".*

Je lève les yeux au ciel, malgré moi.

— Oh pitié, j'étais prête à te voir passer du connard arrogant au connard un peu moins arrogant, mais ne me la joue pas comédie romantique en me citant du Brontë. La soirée est déjà suffisamment imprévisible sans que t'en rajoutes.

Il étouffe un rire, avant de réapparaitre totalement sérieux, avec un coin de bouche toujours relevés.

— Ça y est, la princesse ressort les crocs.

J'essaie de cacher mon sourire en lui jetant son t-shirt à la figure. Il le saisi et le remet avant de me questionner :

— Connais-tu le mythe des âmes sœurs?

Je devrais lui dire d'arrêter de se moquer de moi, de rentrer chez lui. Il est de nouveau habillé, il peut partir maintenant... Comme si ce qui l'empêchait de partir était juste un t-shirt... Pourtant, mes sens s'emballent, mon cœur devient lourd et ma peau s'embrase à l'idée de le toucher à nouveau. Je le contourne pour aller chercher un verre d'eau et lui en propose un également. Voyant que je ne réponds pas à sa question, il rajoute :

— Il y a une légende au sujet d'êtres androgynes, à la fois mâle et femelle, qui comportaient les caractéristiques des mâles et des femelles, du bien et du mal. Mais un jour, trop menacé par leur force, un Dieu de la Mythologie Grecque décida de les séparer, de créer un corps exclusivement féminin et un corps masculin, mais qui sont tous deux destinés à se chercher toute une vie, jusqu'à se retrouver.

— Intéressant mais...?

— Et si ce qui nous attire l'un à l'autre c'est le fait que nos âmes soient connectées et veulent se reformer. Et si tu t'avères être le morceau d'âme qui manque à la mienne ? Et si j'étais la noirceur qui manque à ta pureté ? Et si tu étais plus qu'une jolie femme peu sûre d'elle et moi plus qu'un homme parfait, talentueux et humble? Et si nos opposés ne font pas que s'attirer parce que c'est drôle, mais parce qu'on ne peut plus faire autrement ?

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